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L’intégration de Bà Ria-Vung Tàu et de Bình Duong confère à la "nouvelle Hô Chi Minh-Ville" des atouts supplémentaires en termes de ressources, de position stratégique et de capacité logistique, ouvrant des perspectives inédites pour la croissance du secteur privé.
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La cérémonie d'inauguration de Centre de start-up et de l'innovatin de Hô Chi Minh-Ville. |
Dans cette configuration, l’ancienne Hô Chi Minh-Ville joue le rôle de «cerveau stratégique», centre décisionnel, moteur de l’innovation et fournisseur de services à haute valeur ajoutée : finances, banque, logistique, commerce, technologies de pointe et recherche-développement.
Bình Dương, de son côté, reste le «centre de production» pour l’exportation, tandis que Bà Ria-Vung Tàu devient la «porte logistique internationale», reliant les flux commerciaux et énergétiques de toute la région.
Obstacles à franchir
Un tel écosystème crée des conditions favorables pour que le secteur privé gagne en compétitivité, s’intègre dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et accélère son ouverture internationale. Mais comme le souligne Lê Văn Phong, maître de conférences à la Faculté d’économie et de gestion publique de l’Université ouverte de Hô Chi Minh-Ville, ce potentiel se heurte encore à plusieurs obstacles : ressources inexploitées, contraintes structurelles et capacités limitées qui freinent le rôle moteur du secteur privé aux côtés de l’économie publique et collective dans la construction d’un modèle économique autonome, résilient et solidement arrimé à la mondialisation.
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Place Tam Thang, dans le quartier de Vung Tàu, nouveau site touristique pour développer l'économie de la mégapole du Sud. |
Parmi les freins identifiés : une majorité de PME créées de manière spontanée, souvent gérées de façon familiale, avec peu de savoir-faire en management moderne. L’investissement dans la technologie reste timide, faute de capitaux, tandis que certaines entreprises hésitent à innover, ce qui maintient une productivité faible, des coûts de production élevés et une compétitivité fragile.
Bien que de nombreuses politiques de soutien au secteur privé aient été rapidement promulguées, leur mise en œuvre reste entravée par la lourdeur administrative, la complexité des procédures et le coût élevé en temps et en ressources pour les entreprises. L’accès au foncier et au crédit demeure difficile, les interprétations juridiques varient d’un organisme à l’autre, et le cadre expérimental pour les start-up (sandbox) manque encore de directives claires.
Pour créer une véritable dynamique, Lê Van Phong appelle à concrétiser rapidement les grandes résolutions déjà adoptées : la Résolution N°198/2025/QH15 de l’Assemblée nationale sur les politiques spécifiques pour le secteur privé, et la Résolution N°138/NQ-CP du gouvernement, plan d’action pour mettre en œuvre la Résolution n° 68-NQ/TW du Politburo sur le développement du secteur privé.
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La zone industrielle de Binh Duong est devenue désormais une ressource importante de Hô Chi Minh-Ville. |
Les priorités ? Accélérer les investissements publics, moderniser les infrastructures de transport, soutenir la transformation numérique des entreprises afin de réduire les coûts, d’améliorer la productivité et la compétitivité. Il faut aussi lever rapidement les verrous liés au crédit, au foncier, à la fiscalité, tout en construisant des écosystèmes propices à l’innovation et à la création de start-up grâce à des mesures concrètes.
Concernant les entreprises privées de grande envergure, les experts considèrent la Résolution N°68-NQ/TW du Bureau politique du Parti communiste du Vietnam sur le développement du secteur privé comme une étape majeure : elle ouvre la voie à des politiques à long terme, avec des incitations fortes pour l’investissement dans la technologie et la recherche, afin de garantir des bénéfices économiques durables.
Le Dr. Lê Quôc Thành, de l’Université des finances et du marketing, propose d’établir une liste de projets publics prioritaires pouvant accueillir des capitaux privés sur les 10 à 20 prochaines années, de simplifier les appels d’offres et même de confier directement des projets d’envergure aux entreprises privées compétentes. Il suggère également des mesures fiscales avantageuses pour les investissements technologiques, la formation de spécialistes et le financement de la recherche et développement (R&D).
Enfin, M. Thành insiste sur un point souvent négligé : le rôle stratégique des bureaux d’études techniques. Bien que de petite taille, avec seulement quelques centaines d’ingénieurs, ces entreprises influencent directement la qualité, les coûts initiaux et les dépenses d’exploitation des projets. Il devient donc essentiel de créer une loi spécifique pour encadrer et soutenir à long terme ces sociétés, afin qu’elles puissent assumer la conception complète des projets industriels et technologiques majeurs, qu’il s’agisse d’infrastructures énergétiques, de centrales électriques ou de lignes ferroviaires à grande vitesse.
Texte et photos : Quang Châu/CVN