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La presse française couvre l'action menée par Trân Tô Nga. |
Photo : VNA/CVN |
L'Agence France-Presse (AFP), la Radio France internationale (RFI), la chaîne internationale de télévision francophone TV5Monde, la chaîne de télévision française d'information internationale en continu France 24 et Le Monde - le quotidien national payant le plus lu en France, entre autres, ont rendu compte du combat ardu et difficile pour la justice de Trân Tô Nga.
Le 23 août, le Comité de soutien à l'action menée par Trân Tô Nga a tenu une conférence de presse en ligne, à laquelle Trân Tô Nga a participé depuis le Vietnam. Les avocats William Bourdon et Bertrand Repolt, ainsi que des représentants de diverses associations et particuliers, ont exprimé leurs regrets face à cette décision de la Cour d'appel de Paris. Les avocats de la plaignante comptent se pourvoir en cassation.
Dans un entretien accordé à l'Agence Vietnamienne d'Information (VNA) en France, l'avocat William Bourdon a exprimé son opposition en déclarant : "Les juges ont endossé une attitude conservatrice à rebours de la modernité du droit et contraire au droit international et au droit européen. C’est la Cour de cassation qui tranchera".
L'avocat William Bourdon, qui est aux côtés de Trân Tô Nga dès les premiers jours de son action menée devant la justice française. |
Photo : VNA/CVN |
Nguyên Van Bôn, un haut responsable de l'Union générale des Vietnamiens de France (UGVF), a insisté sur la longue tradition de l'UGVF de défense des victimes de l'agent orange depuis les années 1960.
C'est pourquoi l'UGVF, avec 13 autres associations, a créé dès le début le Comité de soutien à l'action menée par Trân Tô Nga, a-t-il déclaré.
Bùi Kim Tuyêt, membre de l'UGVF, s'est engagée à continuer de soutenir Trân Tô Nga aux côtés de Nguyên Van Bôn et de la communauté vietnamienne dans la lutte à long terme pour la justice.
Le groupe de jeunes du Collectif Vietnam-Dioxine exprime son soutien à la poursuite du combat pour la justice de Trân Tô Nga. |
Photo : VNA/CVN |
Kim Vo Dinh, représentant du Collectif Vietnam-Dioxine, s'est engagé à se tenir aux côtés de Trân Tô Nga, à mettre en commun toutes les ressources possibles pour la soutenir ainsi que les victimes vietnamiennes de l'agent orange, et à sensibiliser le public à leur sort et à leur combat.
Un combat crucial
Dans une lettre partagée avec la VNA, la sénatrice honoraire Hélène Luc a affirmé que la "décision conservatrice" de la Cour d'appel de Paris ne découragerait pas Trân Tô Nga et ses partisans. Au contraire, elle ne ferait que renforcer leur détermination à faire en sorte que la vérité prévale.
En tant que membre du Comité de soutien à l'action menée par Trân Tô Nga, elle a assuré que le comité consacrerait tous ses efforts à sensibiliser l'opinion publique française aux atrocités commises au Vietnam.
Les représentants du Comité de soutien à l'action menée par Trân Tô Nga et de l'Union générale des Vietnamiens de France (UGVF) au micro de l'Agence Vietnamienne d'Information (VNA). |
Photo : VNA/CVN |
Ce combat pour la justice est crucial pour tous ceux qui sont morts, pour ceux qui souffrent de handicaps qui les empêchent de profiter de la vie, pour les enfants nés avec des malformations, et finalement pour empêcher que de telles horreurs ne se reproduisent pour l'humanité, a-t-elle écrit.
Née en 1942 dans la province de Soc Trang, au Sud du Vietnam, Trân Tô Nga était journaliste pour l'Agence d'Information de Libération - Thông tân xa giai phóng, un des deux organes prédécesseurs de l'Agence Vietnamienne d’Information (VNA en abréviation anglaise pour Vietnam News Agency), et a été exposée à la dioxine pendant la guerre. Selon les résultats de l'examen médical, la concentration de dioxine dans son sang était supérieure à la norme prescrite, entraînant de graves effets sur sa santé. Elle souffrait de cinq des 17 maladies reconnues par les États-Unis et répertoriées dans la liste des maladies causées par l'agent orange. Non seulement elle-même, mais aussi ses enfants souffrent tous de complications cardiaques et osseuses. En 1969, elle a perdu sa première fille, morte à 17 mois des suites d’une malformation cardiaque.
En mai 2009, Mme Nga a témoigné au Tribunal international d'opinion en soutien aux victimes vietnamiennes de l'agent orange à Paris. Puis, avec la compagnie de nombreux avocats et militants sociaux français soutenant les victimes vietnamiennes de l’agent orange, elle a décidé de poursuivre en justice des firmes agrochimiques ayant livré l’agent orange à l’armée américaine.
Trân Tô Nga fait partie des rares cas qui peuvent engager des poursuites liées à l'agent orange car elle remplit trois conditions : elle est citoyenne française d'origine vietnamienne ; elle vit en France, ce qui permet aux avocats d'ouvrir des poursuites internationales pour protéger les citoyens français contre un autre pays qui leur nuit ; elle est victime de l'agent orange/dioxine.
Trân Tô Nga (debout) à côté de représentants de collectifs de soutien aux victimes de l’agent orange. |
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En mai 2013, le Tribunal judiciaire d'Evry de la ville où vivait Mme Nga a approuvé sa requête visant à poursuivre en justice les firmes agrochimiques d'avoir été les fournisseuses de l'agent orange - ce défoliant ultra-toxique utilisé par l’armée américaine durant la guerre du Vietnam.
Cependant, après 19 audiences, dans son arrêt du 10 mai 2021, le Tribunal judiciaire d'Evry s’était déclaré incompétent pour juger la plainte de Trân Tô Nga, considérant que les groupes industriels avaient "agi sur ordre et pour le compte de l'État américain". Ils bénéficient ainsi d'une "immunité" car aucun État souverain ne soumet un autre État souverain à sa juridiction.
La bataille judiciaire continue
N'étant pas découragée par cet échec, la militante, accompagnée d'avocats et entourée des infatigables collectifs de soutien aux victimes de l’agent orange, a déposé un recours devant la Cour d'appel de Paris. L'audience s'est tenue le 7 mai et a duré trois heures.
Les avocats de Mme Nga ont présenté suffisamment de preuves pour démontrer que ces sociétés avaient participé volontairement à l'appel d'offres et avaient le droit de décider de la production, ainsi que de la teneur en dioxine dans les herbicides fournis à l'armée américaine entre 1961 et 1971, dans le cadre de l’opération baptisée "Ranch Hand" au Vietnam. Ces actions ont eu des conséquences catastrophiques pour la population et l’environnement du Vietnam, qui perdurent jusqu’à aujourd’hui.
Les avocats de Trân Tô Nga répondent à la presse. |
Photo : VNA/CVN |
Jeudi 22 août 2024, la Cour d'appel de Paris a jugé irrecevables les velléités d'un procès en France pour obtenir réparation. "Les demandes de Madame To Nga Tran se heurtent à l’immunité de juridiction dont les sociétés intimées bénéficient devant les juridictions françaises", peut-on lire dans l’arrêt.
Dans une rencontre avec le reporter de l’Agence Vietnamienne d’Information en France, Mme Nga a déclaré que "plus de trois millions de personnes" subissent encore aujourd’hui les répercussions de l'agent orange au Vietnam. Ce chiffre fait mal à cette femme et la motive pour poursuivre le combat judiciaire. "Ce n’est pas que mon combat, c’est aussi celui des millions de victimes", a-t-elle rappelé ce jeudi 22 août, déterminée pour dénoncer encore l’injustice de l’agent orange.
Pendant la guerre du Vietnam (1954-1975), l'armée américaine a déversé entre 1961 et 1971 plus de 80 millions de litres d'herbicides, principalement de l'agent orange/dioxine, un défoliant ultra-toxique, sur un quart de la superficie naturelle au Centre et au Sud du Vietnam.
Cette plus grande guerre chimique de l'histoire a provoqué un désastre humanitaire, sanitaire et environnemental avec des conséquences extrêmement graves et à long terme : plus de trois millions de Vietnamiens en subissent encore aujourd’hui. Environ 150.000 enfants, répartis sur quatre générations depuis 1975, sont nés avec des malformations ou de graves handicaps. Un million d'hectares de forêts tropicales ont été détruits avec la disparition de nombreux animaux sauvages...
VNA/CVN