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Le pont Long Biên, un des plus emblématiques monuments historiques de Hanoï. |
Photo : Jeff Perigois/CVN |
J’arrive à Hanoï déjà sensible aux charmes de la ville qui m’attendent, je sais qu’il y a de nombreux endroits à visiter, le vieux quartier, le lac Hoàn Kiêm (l’Épée restituée), la cathédrale Saint-Joseph, le Temple de la Littérature ou encore le mausolée du Président Hô Chi Minh, sans oublier le magnifique Opéra de Hanoï, et je sais aussi que la ville est le point de départ de belles aventures vers les montagnes de Sa Pa à Lào Cai (Nord) ou la sublime baie de Ha Long.
J’ai aussi entendu parler du fameux pont Long Biên...
Un lieu chargé d’histoire
L’un des plus illustres vestiges historiques de Hanoï, réalisé par la maison Daydé et Pillé de Paris, des collaborateurs de Gustave Eiffel, constructeur de la mythique tour du même nom. Conçu par les Français donc, le pont a néanmoins été construit par des Vietnamiens à l’aide de matériaux de construction locaux.
Ce pont majestueux qui trône toujours à la sortie de la ville, et qui enjambe le fleuve Rouge de son imposante et insubmersible structure ébahit tout visiteur. Il reste une œuvre fascinante.
Un pont qui fut construit entre 1899 et 1902, et qui s’appelait à l’origine “le pont Paul Doumer”, du temps du gouvernement colonial français. L’un des plus longs ponts du monde à l’époque, avec plus de 1,6 km.
D’une importance cruciale pour les transports de troupes, de matériaux ou de vivres, bombardé pendant la guerre menée par les Américains, une bonne partie du pont a résisté, reste intacte. Il a aussi été en partie restauré pour rester fonctionnel et continue d’être emprunté chaque jour par de nombreux Hanoïens.
Le pont Long Biên, trait d’union entre le passé et le présent. |
Photo : Jeff Perigois/CVN |
Le pont Long Biên fut et demeure un pont stratégique, puisqu’il permet de rejoindre Hai Phong, ville portuaire du Nord.
Je suis allé plusieurs fois observer le pont de bon matin, quand ça frétille de partout avant une bonne journée de travail pour les gens de Hanoï, puis en fin d’après-midi pour y voir le soleil se coucher sur l’île aux bananes et plus tard encore pour apprécier le marché de nuit, qui se trouve juste en-dessous.
J’attendais une occasion ou une opportunité d’aller un peu plus loin sur le pont, sans envisager d’aller encore au bout vu la distance. Et puis elle est venue.
Un ouvrage d’art
Mon ami Thomas, instructeur de golf, propose de nous joindre à une crémaillère de l’autre côté du pont, ou un de ses amis vietnamiens, un original collectionneur de bonzaïs, venait de louer une ancienne maison traditionnelle.
Pas spécialement intéressé par le projet de soirée, mais plutôt par la traversée du pont jusqu’au bout pour la première fois, rendez-vous fut pris pour le passer ensemble à moto. Un régal. Ce pont accueille uniquement des motos, des vélos et des trains rustiques.
Impressions agréables et paysages magnifiques à travers ce lieu chargé d’histoire qui défile tranquillement. Des gens rentrent du travail. D’autres rentrent chez eux. On se croise.
Arrivé sur place, en bord de rizières, l’atmosphère était bon enfant, des gens plutôt intéressants dans un cadre étonnant. J’admirais les nombreux bonzaïs ainsi que la structure étonnante de la maison en bois traditionnel.
J’étais ému de me trouver de l’autre côté de ce pont mythique, à mesure que la soirée s’allongeait. Je ne posais pas de question. J’en savais déjà beaucoup. Je me demandais juste comment allait se passer notre retour vers le centre-ville.
C’est à ce moment-là que le déluge a commencé, une pluie lourde et épaisse s’est abattue sur la région, inondant rapidement les alentours. Il était tard.
Notre hôte nous proposa d’attendre que ça se calme, voire de passer la nuit chez lui, mais ni Thomas ni moi n’en avions envie. Au contraire. La perspective de retraverser le pont Long Biên dans l’autre sens, sous des trombes d’eau et sur un pont déserté nous apparut vite comme une évidence. Ce qui fut fait et bien fait.
Nous avons rejoint le centre-ville trempés mais heureux de cette incroyable et unique expérience. Seuls sous le déluge et les derniers éclairages de ce pont chargé d’une si grande histoire.
Bruno Laurant/CVN