Les quatre jours de Hô Chi Minh rédigeant la Déclaration d’indépendance

À la fin du mois d’août 1945, dans une petite pièce du 48 rue Hàng Ngang, à Hanoï, s’écrivait l’un des chapitres fondateurs de l’histoire moderne du Vietnam. Le Président Hô Chi Minh, installé dans la maison des patriotes Trinh Van Bô et Hoàng Thi Minh Hô, rédigea jour et nuit, entre le 28 et le 31 août, le texte qui allait proclamer au monde la naissance de la République démocratique du Vietnam.

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La Déclaration d’indépendance, rédigée et proclamée par le Président Hô Chi Minh sur la place Ba Dinh le 2 septembre 1945. 
Photo : Ngoc Thành/CVN

Après la victoire de l’Insurrection générale d’août 1945, le peuple vietnamien était libéré du joug de l’occupation japonaise. Le gouvernement provisoire, sous la direction du Président Hô Chi Minh, s’installait à Hanoï et devait, dans un délai très court, annoncer officiellement l’indépendance du pays. Le 48 Hàng Ngang, demeure d’une famille de commerçants patriotes, devint alors quartier général. À l’étage, le Bureau politique se réunissait pour décider de la formation du gouvernement provisoire et de la cérémonie d’indépendance.

Un lieu discret, une mission historique

La pièce où le Président Hô Chi Minh travaillait était une simple salle à manger transformée en bureau improvisé. Un simple meuble en bois, une machine à écrire posée dans un coin, et quelques chaises servant à la fois pour le travail et pour le repos des cadres. C’est dans ce cadre modeste que naquit un document fondateur. Peu savaient que le vieil homme mince, vêtu simplement, qui tapait des feuillets tard dans la nuit, était le futur chef de l’État.

Le 29 août, le Président Hô Chi Minh reçut le major américain Archimedes Patti, chef de la mission de l’OSS en Indochine. Au cours de leur entretien, il lui fit lire le projet de Déclaration. Patti fut stupéfait de reconnaître dans le texte vietnamien des phrases de la Déclaration d’Indépendance des États-Unis de 1776. Mais le Président en avait modifié l’ordre et le sens : “Il ne peut y avoir de liberté sans droit à la vie, pas de bonheur sans liberté”, expliqua-t-il en souriant. L’incorporation de ces références universelles donnait au texte vietnamien une portée internationale, affirmant que le combat du peuple vietnamien s’inscrivait dans le prolongement des grandes luttes de l’humanité pour la liberté.

À cette table modeste, au 48 rue Hàng Ngang à Hanoï, la Déclaration d’indépendance vietnamienne fut rédigée à la fin du mois d’août 1945.
Photo : Quy Doan/CVN

Le 30 août, il réunit Truong Chinh, Vo Nguyên Giap et quelques dirigeants pour discuter du projet. Tous furent saisis par la force morale et politique du texte. Le lendemain, 31 août, le Président procéda aux dernières corrections. Dans le même temps, il s’informa avec minutie des préparatifs matériels de la cérémonie prévue le 2 septembre : emplacement du podium, organisation de la foule, jusqu’aux sanitaires destinés au confort du peuple. Ce souci du détail révélait sa profonde attention pour les compatriotes qui allaient assister à l’événement.

Le jour de la proclamation

Le 2 septembre 1945, sur la place Ba Dinh, devant une foule de 500.000 personnes, le Président Hô Chi Minh proclama solennellement l’indépendance. Dans son costume kaki simple, sans aucune décoration ni médaille, il prononça ces paroles immortelles :

Tous les hommes naissent égaux. Le Créateur leur a donné des droits inaliénables : le droit à la vie, le droit à la liberté et le droit au bonheur”.

Le podium dressé sur la place Ba Đinh pour la cérémonie du 2 septembre 1945, jour fondateur de la République démocratique du Vietnam.
Photo : Archives/CVN

Ce jour-là, le vieil homme au visage amaigri mais au regard lumineux ouvrit une ère nouvelle. La République démocratique du Vietnam était née, fruit de 80 années de luttes et de sacrifices.

La Déclaration d’indépendance vietnamienne, rédigée dans la modestie d’une petite pièce à Hanoï, demeure un texte majeur de l’histoire mondiale du XXe siècle. Elle liait alors les aspirations séculaires d’un peuple colonisé, à l’héritage universel des droits de l’homme. Plus qu’un acte politique, ce fut une proclamation de dignité humaine.

Aujourd’hui encore, en relisant ces lignes écrites dans la ferveur de l’été 1945, on retrouve intacte la conviction du Président Hô Chi Minh : l’indépendance et la liberté ne sont pas seulement des droits nationaux, mais des valeurs universelles, que nul pouvoir ne peut abolir.

Mai Quynh/CVN

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