Les défis liés à l’entrepreneuriat vert dans certains pays francophones d'Afrique

De nombreux pays africains sont déjà confrontés à de sérieux défis, amplifiés par les effets du changement climatique et la dégradation des ressources naturelles. Pour ces pays, notamment ceux de l'Afrique francophone, l'économie verte représente une opportunité de réaliser une croissance économique et un développement durable, tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique. Il est essentiel que l'économie verte soit intégrée dans les stratégies visant à garantir une croissance respectueuse et valorisante du capital naturel et humain.

La vie des Africains est confronté à d'innomrables difficultés
Photo : Martin Harvey

Les jeunes entrepreneurs africains portent des initiatives originales et prometteuses. Cependant, ces projets restent souvent dans l'ombre et manquent de l'accompagnement nécessaire pour les propulser vers une croissance rapide et durable.

Alors que les pays anglophones attirent 94% des investissements en capital-risque en Afrique, les pays francophones n'en captent que 6% (Source : We are Tech, Sesamers). Pour mieux comprendre cette situation, examinons les difficultés rencontrées sur le terrain.

Défis financiers : manque d'investissements, taux d'intérêt élevés, exigences de garanties.

Les startups vertes en Afrique francophone, malgré leur immense potentiel, sont confrontées à un écosystème financier peu favorable à leur développement. Solaris Offgrid, par exemple, une entreprise sénégalaise spécialisée dans l'énergie solaire hors réseau, a eu du mal à lever des fonds auprès d'investisseurs étrangers, réticents face aux risques perçus comme élevés sur ce marché. Les taux d'intérêt élevés pratiqués par les banques locales, ainsi que les exigences de garanties souvent inaccessibles, représentent un autre frein majeur. Ecodudu, une startup béninoise produisant des engrais organiques, en a fait les frais. De plus, le cadre réglementaire, souvent complexe et instable, ralentit considérablement les démarches administratives. GreenTec Capital, un fonds d'investissement spécialisé dans les startups africaines, souligne que les procédures d'obtention de permis et les exigences documentaires sont souvent fastidieuses et dissuasives pour les entrepreneurs. Ces obstacles financiers et réglementaires freinent considérablement la croissance des startups vertes en Afrique francophone, limitant ainsi leur contribution à la transition énergétique et au développement durable du continent.

Défis sociaux culturels : conservatisme sociétal, attachement aux pratiques traditionnelles.

Les enfants travaillent ensemble pour préserver le monde vert. 
Photo : Alistair Bevy

L'Afrique, malgré son immense potentiel en matière d'énergies renouvelables et d'agriculture durable, tarde à embrasser pleinement l'entrepreneuriat vert. En dépit de ce potentiel, les startups vertes en Afrique francophone peinent à décoller. Amina Jalloh, une jeune Sénégalaise, a réussi à transformer les déchets plastiques en une opportunité d'affaires, mais elle s'est rapidement heurtée aux difficultés de financement et aux habitudes de consommation bien ancrées. De son côté, Moussa Sow, un agriculteur malien pionnier de l'agriculture biologique, a dû faire face au scepticisme de sa communauté, attachée à ses méthodes traditionnelles. Ces exemples illustrent les nombreux obstacles que doivent surmonter les entrepreneurs verts sur le continent. Pourtant, des initiatives comme Solar Sister montrent qu'il existe de l'espoir. Cependant, pour se développer, ces entreprises ont besoin d'infrastructures solides et d'un accès élargi aux marchés.

Défis institutionnels et politiques : des outils d'appui insuffisants.

Selon le rapport GEDI de 2017, l'Afrique subsaharienne affiche le score le plus bas en matière de conditions institutionnelles favorables à l'entrepreneuriat, avec un indice de 0,31. Pour libérer leur potentiel entrepreneurial, les pays de cette région doivent impérativement améliorer leurs structures institutionnelles, notamment en faveur de l'entrepreneuriat vert. Certaines nations développent des stratégies pour encourager l'entrepreneuriat et réduire le chômage des jeunes, tandis que d'autres se concentrent sur l'économie verte en adoptant des politiques spécifiques pour soutenir l'entrepreneuriat écologique. En Afrique du Nord, les secteurs en expansion incluent la gestion des déchets, les énergies renouvelables et l'agriculture biologique. Cependant, les politiques de soutien à l'entrepreneuriat vert sont récentes, et la mise en place de normes réglementaires progresse lentement. Les initiatives nationales ne se traduisent pas toujours par des actions concrètes, en raison de lacunes dans le cadre juridique, le suivi et l'application des sanctions. 

Outre ces grands défis, les startups vertes de ces pays rencontrent également des problèmes de coordination. De nombreuses parties prenantes sont présentes pour construire un écosystème d'entrepreneuriat vert, mais les rôles de chacune, y compris ceux du gouvernement, ne sont pas encore bien définis. En conséquence, il existe une déconnexion et une faible synergie au sein de l'écosystème, accentuées par un manque de communication entre les principaux acteurs, notamment le gouvernement et le secteur privé. Cette situation entraîne un soutien insuffisant aux activités entrepreneuriales en général, et à l'entrepreneuriat vert en particulier.

Pour que l'économie verte en Afrique francophone atteigne son plein potentiel, il est crucial de surmonter les défis financiers, institutionnels et de coordination. Les jeunes entrepreneurs, malgré leur créativité, ont besoin d'un soutien accru pour franchir ces obstacles. Une meilleure coordination entre les acteurs publics et privés, ainsi qu'un soutien financier et réglementaire renforcé, sont essentiels pour favoriser une croissance durable et efficace dans la région. 

Vu Thi Hà Giang - Pham Thi Khanh Linh


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