>> Tour de force de l'union nationale
>> Le précieux témoignage d'un vétéran de Diên Biên Phu
>> Le panorama Bataille de Diên Biên Phu, rétrospective du passé héroïque
Le Président Hô Chi Minh (gauche) chargea le Général Vo Nguyên Giap d'étudier le plan opérationnal et d'ouvrir la campagne de Diên Biên Phu. |
Photo : VNA/CVN |
À l’automne-hiver 1953, le général Henri Navarre, commandant en chef des forces de l’Union française en Indochine, élabora une stratégie globale visant à trouver une “sortie honorable” à la guerre : le plan Navarre. L’objectif était de faire de Diên Biên Phu le camp retranché le plus imprenable d’Indochine pour contrôler une vaste région du Nord-Ouest et du Haut Laos, avec l’intention de détruire la majeure partie de nos forces principales dans un délai de 18 mois, en vue du contrôle du territoire du Vietnam et de la pacification de tout le Sud de l’Indochine.
À Diên Biên Phu, les Français disposaient de 16.200 soldats avec 21 bataillons divisés en trois subdivisions : Nord, Centre et Sud, répartis dans 49 bases. Les deux aéroports de Muong Thanh et Hông Cúm voyaient passer près d’une centaine d’avions chaque jour, capables de transporter environ 200 à 300 tonnes de fret et de parachuter 100 à 150 soldats.
Le général René Cogny, à la tête des forces françaises au Tonkin (Nord du Vietnam), s’est même vanté que les colonialistes français disposaient d’une puissance de feu suffisamment forte pour anéantir l’adversaire quatre à six fois plus nombreux.
Avant la bataille, le vice-président Richard Nixon, qui deviendra plus tard président des États-Unis, vint inspecter la construction de cette base militaire pour s’assurer que l’investissement américain en Indochine était utilisé efficacement. Et il exprima sa satisfaction.
Changement tactique
L’armée du Général Giap mit son esprit, sa force et son indéfectible détermination: “Tout pour le champ de bataille, tout pour la victoire”. |
Photo : VNA/CVN |
Pleinement conscient des complots et ruses des colonialistes français, début décembre 1953, le Politburo du Parti décida de lancer la campagne de Diên Biên Phu en adoptant le plan de combat “Attaque éclair, victoire éclair”.
Cependant, après avoir examiné le rapport des forces entre les deux camps, le Général Vo Nguyên Giap prit la décision la plus difficile de sa carrière militaire : retirer ses troupes, y compris l’artillerie, et changer de tactique : passant d’“Attaque éclair, victoire éclair” à “Attaque sûre, progression sûre”.
Cette décision perturba profondément les rangs vietnamiens, car tant de sueur et de sang de milliers de personnes avaient été versés sur le chemin pour amener les pièces d’artillerie. Face à cette situation, le Comité du Parti des unités convoqua une conférence d’état-major, axée sur le travail idéologique, diffusant minutieusement la nouvelle décision et le nouveau plan de combat, et expliquant en détail les raisons pour que les soldats puissent comprendre les nouveaux enjeux.
L’armée du Général Giap mit son esprit, sa force et son indéfectible détermination: “Tout pour le champ de bataille, tout pour la victoire”. Pendant près de deux mois, l’armée utilisa des tactiques de diversion, ouvrant des routes plus larges et plus longues autour des montagnes et des forêts de Diên Biên Phu.
Ensuite, les soldats acheminèrent de nouveau l’artillerie, construisirent des fortifications plus solides, creusèrent des tranchées plus profondes et se rapprochèrent de la base de l’armée française. Il y avait aussi davantage de nourriture et d’armes venant de l’arrière vers le front. Tous se préparaient à une longue bataille, peut-être même pendant la saison des pluies.
Des dizaines de milliers de civils participèrent au transport de la nourriture, des armes et du matériel pour servir le champ de bataille. |
Photo : VNA/CVN |
Au cours de la campagne de Diên Biên Phu, des dizaines de milliers de civils participèrent au transport des blessés, de la nourriture, des armes et du matériel pour servir le champ de bataille. Ils taillèrent des montagnes et des cols pour que les soldats puissent tirer les pièces d’artillerie sur les collines dominant le camp retranché.
La population de tout le pays fournit à Diên Biên Phu 25.056 tonnes de riz. Au moins 260.000 personnes allèrent travailler au service de la campagne militaire. La seule ligne logistique de la campagne mobilisa environ 33.500 personnes.
Calcul raisonnable
“Diên Biên Phu. C’est un calcul raisonnable”, déclara le Général Giap au journaliste français Jean Ferran. Mais il ajouta : “Le calcul rationnel seul n’est pas valable. Ce sont les peuples qui trouvent les solutions au problème logistique”.
Le 11 mars 1954, le Président Hô Chi Minh envoya une lettre aux soldats : “Vous êtes sur le point d’entrer en guerre. Votre mission cette fois est très grande, difficile mais très glorieuse... Je crois fermement que vous tirerez parti des récentes victoires, et que vous êtes déterminés à surmonter toutes les difficultés et épreuves pour accomplir la glorieuse tâche à venir... Je vous souhaite beaucoup de succès !”.
Le 13 mars 1954, à 17h00 précises, les troupes vietnamiennes attaquèrent la base de Him Lam (Béatrice), ouvrant la campagne de Diên Biên Phu. Ils détrui-sirent progressivement cette forteresse et celle de Dôc Lâp (Gabrielle), forcèrent la reddition de la forteresse de Ban Keo (Anne-Marie) et franchirent la porte nord du groupe de forteresses de Diên Biên Phu, tuant ou capturant plus de 2.000 ennemis, détruisant 25 avions, anéantissant un régiment et menaçant l’aéroport de Muong Thanh. En avril 1954, l’armée vietnamienne attaqua simultanément les bases, lança le siège, et contrôla l’aéroport de Muong Thanh, les troupes ennemies en furent très démoralisées.
Du 1er au 7 mai 1954, l’armée du Vietnam s’empara des bases de l’Est et lança une attaque générale pour détruire l’ensemble des bases de Diên Biên Phu.
Le 7 mai 1954, à 17h30, le drapeau de la victoire de l’armée vietnamienne flottait sur le toit du quartier général du commandement ennemi. À minuit le même jour, toutes les troupes ennemies étaient faites prisonnières.
Après 56 jours et nuits de combats, l’armée et le peuple vietnamiens remportèrent la bataille décisive de Diên Biên Phu, contribuant à mettre fin à la guerre de résistance contre la colonisation française et marquant une étape de plus dans l’histoire de la lutte pour l’indépendance du peuple vietnamien.
La bataille de Diên Biên Phu ne marque pas seulement la fin de la guerre d’Indochine, avec les accords de Genève signés le 21 juillet 1954, elle sonne également le glas de la présence coloniale française en Asie. Cette victoire a également posé la base et les conditions permettant à notre peuple d’avancer vers la victoire dans la guerre contre les États-Unis, de libérer le Sud et de réunifier le pays en 1975.
HOÀNG LAN/CVN
Le Général Vo Nguyên Giap était un militant révolutionnaire déterminé et fidèle. Photo : CTV/CVN |
Vo Nguyên Giap, Général du peuple
Début janvier 1954, avant de partir en campagne à Diên Biên Phu, le Général Vo Nguyên Giap (1911-2013) vint saluer et demander plus d’instructions à l’Oncle Hô. Ce dernier lui dit : “Va au front Commandant en chef ! Laisse de côté ton titre de général. Je te confie les pleins pouvoirs militaires. S’il y a des problèmes difficiles, discutes-en au sein du Comité du Parti du Front et met-toi d’accord avec nos conseillers avant de m’en référer”. L’Oncle Hô lui recommanda : “Cette bataille est cruciale, tu dois frapper pour gagner. N’attaque que si tu es sûr de la victoire. Sinon, arrête-toi”.
Le Général Vo Nguyên Giap était un militant révolutionnaire déterminé et fidèle, et proche disciple du Président Hô Chi Minh, un dirigeant prestigieux du Parti, de l’État et du peuple vietnamien. Il fut le premier général de l’Armée populaire du Vietnam.
Assumant d’importantes responsabilités dès l’âge de 37 ans, le Général Vo Nguyên Giap démontra une volonté et une énergie extraordinaires, lui permettant d’accomplir brillamment sa mission. Le Parti, le Président Hô Chi Minh et le peuple vietnamien lui faisaient une totale confiance. Avec 30 ans de service en tant que Commandant en chef de l’armée et secrétaire de la Commission militaire centrale, le Général Vo Nguyên Giap était toujours aimé et respecté par ses frères d’armes, des officiers généraux aux simples soldats qui l’appelaient affectueusement “Anh Cả” (Frère aîné) ou “Anh Văn” (Frère Van). Les Vietnamiens le surnommaient “Général du peuple”.
Le Professeur d’histoire français, Georges Boudarel, a écrit à propos du génie stratégique du général Vo Nguyên Giap : “Giap est un génie militaire, un brillant commandant, une figure marquante de l’histoire moderne du Vietnam et du monde au XXe siècle... le plus grand génie militaire du XXe siècle et l’un des plus grands génies militaires de tous les temps”. Aux moments cruciaux et décisifs de la résistance, le général a toujours su évaluer correctement la situation et prendre des décisions éclairées. Il a proposé, dirigé et mis en œuvre la formule “escadron indépendant, bataillon concentré” pour briser les offensives de grande envergure de l’armée française dans le Nord du Vietnam (en 1947). Il a fait preuve de clairvoyance et de détermination en changeant l’objectif de l’attaque de Cao Bang à Dông Khê lors de la campagne des Frontières (en 1950). Il a préconisé la dispersion des forces mobiles françaises dans différentes directions sur le champ de bataille de l’Indochine pour les empêcher de se joindre à la bataille de Diên Biên Phu lors de la campagne d’Hiver - Printemps (1953-1954). En particulier, lors de la bataille de Diên Biên Phu (en 1954), le général a été extrêmement prudent, a analysé les forces en présence, a été audacieux mais pas imprudent, et a décidé qu’il fallait être certain de la victoire avant de lancer l’offensive. Ainsi, il a décidé de passer d’une stratégie d’“attaque éclair, victoire éclair” à celle d’“Attaque sûre, progression sûre”, ce qui a conduit à une victoire totale.
La campagne de Diên Biên Phu a été profondément marquée par l’empreinte idéologique et le talent militaire du Commandant en chef Vo Nguyên Giap.