Le Vietnam se hisse dans le Top 15 des puissances commerciales mondiales

Le total des échanges commerciaux du Vietnam a dépassé, à mi-novembre 801 milliards de dollars, un niveau inédit qui dépasse largement la prévision de 800 milliards de dollars annoncée par le ministère de l’Industrie et du Commerce en septembre.

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Le Vietnam est entré officiellement dans le groupe des 15 pays ayant le volume d’échanges commerciaux le plus important au monde.
Photo : VNA/CVN

Le résultat permet au Vietnam d’entrer officiellement dans le groupe des 15 pays ayant le volume d’échanges commerciaux le plus important au monde, un jalon que les experts considèrent comme stratégique pour l’économie nationale.

Nguyên Tuân Viêt, directeur général de la société de promotion des exportations VIETGO, analyse en profondeur cette étape et son impact à long terme sur la position commerciale du Vietnam.

Selon lui, l’élément remarquable ne réside pas seulement dans le chiffre de 801 milliards de dollars, mais dans la croissance supérieure aux prévisions et dans la tendance à l’expansion du commerce, qui ne montre aucun signe de ralentissement.

"Le fait de dépasser le seuil des 800 milliards de dollars dès la mi-novembre montre que le rythme des échanges commerciaux du Vietnam est bien plus dynamique que celui observé dans les cycles habituels. Cela reflète une capacité de production, une faculté d’adaptation et un degré d’ouverture de l’économie qui atteignent un nouveau palier", explique-t-il.

Par rapport aux autres pays du groupe de tête, le Vietnam entre dans le Top 15 dans un contexte où cette liste est restée presque inchangée pendant de nombreuses années, dominée par les puissances traditionnelles comme les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne, la République de Corée ou Singapour.

Garder un excédent commercial stable

"Lorsqu’un pays accède au Top 15, cela ne reflète pas seulement l’ampleur de son commerce, mais aussi la maturité de ses modes d’échanges, de ses standards de production, de son niveau technologique et de ses capacités de gestion des chaînes d’approvisionnement", analyse M. Viêt.

Il estime que le facteur décisif pour la position commerciale d’un pays réside dans sa capacité à générer des devises étrangères et à maintenir un excédent commercial stable. Le Vietnam enregistre un excédent continu depuis de nombreuses années, atteignant actuellement environ 30 milliards de dollars, ce qui permet d’accroître les réserves de change, de stabiliser le taux de change et d’élargir la marge de manœuvre macroéconomique.

Pêche du thon à Dak Lak (Centre). 
Photo : VNA/CVN

"Un pays souhaitant devenir une puissance économique doit s’appuyer sur ses exportations. Sans devises étrangères, il n’y a ni accumulation, ni amélioration du statut économique", dit-il.

L’élément notable est que la progression du Vietnam repose à la fois sur les entreprises d’investissements directs étrangers (IDE) et sur les entreprises nationales. Ces dernières années, la valeur des exportations de ces deux groupes s’est rapprochée, ce qui montre que les entreprises vietnamiennes ont nettement amélioré leur niveau technologique, la qualité de leurs produits, leurs normes d’exportation et leur capacité d’accès aux marchés.

Les entreprises vietnamiennes ne se contentent plus de faire de l’OEM (Original Equipment Manufacturer) ou du sous-traitance. De nombreux produits agricoles, denrées alimentaires transformées, meubles, biens de consommation et même matériaux de construction ont désormais une qualité d’exportation élevée et leurs propres marques. C’est un changement très important, qui permet au Vietnam d’augmenter non seulement en volume, mais aussi en valeur dans ses exportations, analyse M. Viêt.

Cette évolution constitue une base solide pour une croissance en profondeur, réduisant la dépendance du pays aux secteurs à faibles coûts.

Dans ce contexte, la comparaison avec l’Inde - pays situé juste devant le Vietnam - devient particulièrement intéressante. L’Inde a une population quatorze fois supérieure à celle du Vietnam et est une puissance dans les domaines du logiciel et de l’agriculture, mais son volume total d’échanges commerciaux n’est que légèrement supérieur à celui du Vietnam.

L’écart entre le Vietnam et l’Inde se réduit rapidement. Si ce rythme se maintient, le Vietnam pourrait dépasser l’Inde d’ici un à deux ans. Cela transformerait profondément la place du Vietnam dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, analyse M. Viêt.

Une vue du port de Lach Huyên à Hai Phong (Nord). 
Photo : VNA/CVN

Un point essentiel, souligne-t-il, est que la capacité d’exportation propre du Vietnam a atteint ou dépassé son Produit intérieur brut (PIB) en 2024. En 2024, le total des exportations a atteint 400 milliards de dollars ; en 2025, il devrait atteindre 450 à 500 milliards de dollars. "Très peu de pays atteignent un tel ratio. Cela reflète l’expansion rapide de la production, la capacité d’intégration dans les chaînes d’approvisionnement et la compétitivité croissante des produits vietnamiens", explique-t-il.

Selon M. Viêt, 2025 n’est pas seulement une année record, mais une année charnière pour le Vietnam dans sa trajectoire vers le groupe des grandes économies commerciales du monde.

"Le Vietnam dispose d’avantages que peu de pays possèdent : le réseau d’accords de libre-échange le plus vaste, une stabilité politique, une position géographique stratégique, des coûts logistiques compétitifs et une main-d’œuvre jeune. Ce sont précisément les éléments recherchés par les multinationales dans cette phase de restructuration des chaînes d’approvisionnement mondiales", affirme-t-il.

Vers la croissance durable

Dans cette dynamique, M. Việt estime que de nombreux secteurs vietnamiens disposent encore d’un large potentiel de croissance : l’agriculture (avec le café qui pourrait pour la première fois atteindre 10 milliards de dollars), le mobilier en bois, les fruits de mer transformés, les biens de consommation ou encore les matériaux de construction. À cela s’ajoute le secteur industriel-électronique, en pleine transition vers le Vietnam.

Lorsque les deux grands groupes de secteurs - l’industrie et l’agriculture transformée - progressent simultanément, la puissance de rebond du commerce national est nettement plus forte, analyse-t-il.

Il souligne que le jalon des 801 milliards de dollars enregistré en novembre 2025 n’est pas le résultat d’une seule année, mais l’aboutissement de nombreuses années d’accumulation et de transformation du modèle de croissance. Il faut y voir une mutation qualitative, pas seulement quantitative. Le Vietnam se rapproche très fortement du seuil des 1.000 milliards de dollars d’échanges commerciaux - un objectif autrefois jugé lointain. La position économique du pays sur la carte du commerce mondial évolue désormais de manière très visible.

Le café, l'un des produits d’exportation phares du Vietnam. 
Photo : VNA/CVN

Il conclut : "Le Vietnam est entré dans le Top 15. L’enjeu maintenant n’est plus seulement de garder cette place, mais d’accélérer. Si le rythme actuel se maintient, le Vietnam pourrait devenir l’un des principaux centres de production et de commerce d’Asie dans les 5 à 7 prochaines années. Cela a un impact direct sur l’objectif de croissance du PIB fixé par le gouvernement pour 2025".

Selon les tendances observées depuis plusieurs années, chaque point de croissance des exportations contribue fortement au PIB, grâce à l’accumulation de devises, à l’expansion de la production et à la création d’un excédent commercial suffisamment important pour stabiliser le taux de change et contrôler l’inflation. Le Vietnam affiche actuellement un excédent d’environ 30 milliards de dollars, servant de "tampon" permettant au gouvernement de conduire une politique macroéconomique flexible dans un contexte mondial instable.

Le fait d’intégrer le groupe des 15 plus grandes nations commerçantes au monde envoie également un signal fort aux investisseurs : il encourage l’arrivée continue de flux d’IDE de haute qualité, essentiels pour accroître la productivité, développer l’industrie manufacturière et augmenter la valeur ajoutée - ce qui contribue directement au PIB.

Duc Thuân - Hoàng Phuong/CVN

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