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Hoàng Thị Thoan (au milieu), une habitante du village de Nam (province de Son La, Vietnam) formée à l’ensilage. |
Photo : Le Monde/CVN |
À la veille de la conférence-débat "Comment nourrir 10 milliards d’humains sans détruire la planète ?" qu’il organise lundi 25 novembre à Paris en partenariat avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), Le Monde a décrit comment Son La est devenu un modèle de la transition agroécologique.
L’une des principales initiatives de Son La est l’application des principes de l’économie circulaire dans l’agriculture, notamment dans l’ensilage, c’est-à-dire conserver le fourrage, les plantes qui servent à l’alimentation des animaux d’élevage, dans un grand sac étanche pour favoriser une fermentation anaérobique. Le compostage du fumier et des déchets organiques permet d’en tirer des granulés noirs, légers et sans odeur : de l’engrais pour les plantations de café.
Le projet, qui fait partie du programme Agroecology and Safe Food System Transitions (ASSET), a été lancé en 2020 et s’étend sur cinq ans. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan d’action national pour la transformation du système alimentaire lancé en 2023, qui met l’accent sur la promotion de pratiques agricoles durables et la lutte contre la dégradation de l’environnement.
Ces innovations dans le domaine de l’économie circulaire telles que le cycle +fourrage, ensilage et compostage+ sont portées par le programme ASSET, dont le Cirad assure la coordination scientifique auprès d’une quinzaine de partenaires vietnamiens (centres de recherche et pouvoirs publics) et internationaux.
Financé par l’Union européenne et l’Agence française de développement, il a pour ambition d’accompagner et promouvoir une vision commune de l’agroécologie et des transitions de systèmes alimentaires sûrs en Asie du Sud-Est.
Les pressions économiques, la pénurie de main-d’œuvre et les impacts du changement climatique ont poussé les agriculteurs vers des pratiques de monoculture intensive. La culture du café, une source essentielle de revenus sur place, occupe des pentes abruptes et représente 70% des revenus des villageois. Pourtant, la densité des caféiers - jusqu’à 7.000 par hectare - aggrave l’érosion des sols et le ruissellement chimique dans les sources d’eau à proximité.
C’est ainsi que dans le hameau de Nam, une centaine de maisons en bois loties au creux d’un vallon verdoyant, s’est mis à l’agroécologie. La démarche consiste à réconcilier le développement agricole avec les impératifs de durabilité et de protection de l’environnement.
"Il s’agit à la fois de réinvestir dans le bétail, délaissé au profit des monocultures, et de montrer que l’économie circulaire permet aux paysans de gagner plus", explique Pascal Lienhard, l’un des ingénieurs agronomes du Cirad, établi au Vietnam, qui encadre le programme.
Récolte de bourgeons de thé dans la province de Son La. |
Photo : VNA/CVN |
Vingt-huit villageois se sont portés volontaires pour transformer leurs pratiques d’élevage et de culture par l’économie circulaire. Par ailleurs, six autres villageois apprennent comment améliorer la biodiversité et la santé des plantes et des sols de leurs plantations de café par l’agroforesterie, qui préconise une sorte de retour de la forêt.
Son La a également réformé son modèle agricole entre 2015 et 2020, abandonnant les monocultures dégradantes pour les sols comme le maïs et développant la culture d'arbres fruitiers. La culture du maïs est passée de 169.000 ha à 70.000 ha et la culture d’arbres fruitiers est passée de 29.000 ha à 84.000 ha. Ce changement privilégie à la fois la durabilité et la rentabilité.
Le Monde met également en lumière un autre modèle de réussite dans le district de Môc Châu, dans la province de Son La, avec une initiative lancée par ASSET pour promouvoir la région de Môc Châu, en mettant en relation les consommateurs et les producteurs en mettant en valeur les pratiques agricoles écologiques et en promouvant les chaînes d’approvisionnement courtes grâce au tourisme agricole.
VNA/CVN