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La fête "Xên dông" commence par un rituel du culte de la forêt organisé sous un banian centenaire. |
Photo : VNA/CVN |
La cité municipale de Nghia Lô, porte d’entrée occidentale de la province montagneuse de Yên Bai (Nord), est non seulement une terre riche en traditions révolutionnaires, mais aussi un lieu où convergent diverses caractéristiques culturelles de groupes ethniques. Parmi celles-ci, l’ethnie Thai constitue la majorité, avec un patrimoine culturel de longue date profondément imprégné de valeurs humaines.
Nghia Lô compte actuellement cinq sites historiques reconnus comme sites du patrimoine national et provincial. La cité municipale possède notamment trois patrimoines culturels immatériels, parmi lesquels l’art de la danse xoè des Thai, inscrit en 2021 par l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.
Tradition de longue date
Le 12e jour du 1er mois lunaire, les Thai de Nghia Lô célèbrent le Xên dông, connu sous le nom de “rituel du culte de la forêt”, pour honorer leurs ancêtres et demander des bénédictions pour le village afin d’y assurer la paix, la prospérité et le bonheur.
Il ne s’agit pas seulement d’une activité spirituelle, mais aussi d’une opportunité pour la communauté d’interagir, de renforcer les liens, de préserver et promouvoir la précieuse identité culturelle traditionnelle de leur groupe ethnique.
Pour les Thai, la préservation des forêts sacrées et des bassins versants est une tradition de longue date. Elle est considérée comme un devoir et une responsabilité de chacun, et au fil du temps, elle est devenue une règle villageoise fondamentale.
Les Thai d’ici, depuis leurs ancêtres jusqu’à nos jours, se rappellent constamment les uns aux autres : “Préservez les forêts pour une croissance éternelle, afin que les sources coulent à jamais”. Ils croient que seuls ceux qui se souviennent de ces mots peuvent vraiment être considérés comme membres de leur communauté.
Légende vivante
Selon les anciens du village, la région de Muong Lo était autrefois sauvage et couverte de forêts denses. La vie des habitants était dure, au labeur toute l’année et avec peu de nourriture. Ils ne pouvaient cultiver que du riz le long des berges des ruisseaux, mais les ravageurs détruisaient leurs cultures et les sécheresses entraînaient fréquemment de mauvaises récoltes. Ils ne pouvaient pas survivre dans les forêts qui abritaient des animaux sauvages dangereux.
Mais un jour, un couple de Tibétains a commencé à défricher la terre et à transformer la nature sauvage en champs fertiles. De nombreux habitants les ont rejoints, gagnant leur vie aux côtés du couple. Au bout de quelques années, la communauté a prospéré, leurs ventres n’ont plus crié famine, leurs maisons ont été protégées de la pluie. Mais lorsque le couple est décédé, les champs se sont desséchés et les récoltes ont échoué. Les habitants ont cru plus tard que lorsque ceux qui avaient cultivé les champs à l’origine mourraient, il en allait de même pour les champs.
Le culte "Xên dông" est considéré comme une conversation entre les chamans et le génie de la forêt. |
Photo : VNA/CVN |
Désespérés, les villageois se sont alors tournés vers les divinités, offrant leurs produits et leurs biens, priant pour une intervention divine. Leur foi a été récompensée : les champs ont produit à nouveau et la prospérité est revenue au village.
Depuis lors, à l’anniversaire de la mort du couple, les villageois organisent une cérémonie dans la forêt sacrée pour honorer le couple et remercier les esprits de la forêt d’avoir apporté prospérité et bonheur à la communauté.
Honorer les divinités
La fête commence par un rituel du culte de la forêt organisé sous un banian centenaire. Les villageois abattent traditionnellement un buffle et préparent trois offrandes cérémonielles pour honorer les divinités. Trois chamans, responsables de chacune des offrandes, invitent un représentant de la communauté locale à boire un verre d’alcool pour exprimer la solidarité.
La cérémonie du culte Xên dông est comme un dialogue entre les trois chamans et les divinités de la forêt, permettant à celles-ci d’être témoins de la sincérité des villageois et d’accorder une année de météo favorable, de prospérité et de bonheur.
Enfin, les chamans et les autres participants exécutent une cérémonie pour honorer les fondateurs du village au domicile du plus haut fonctionnaire de la commune. Ce rituel vise à signaler que toutes les procédures cérémonielles du village ont été achevées et à demander des bénédictions pour une nouvelle année prospère.
La fête Xên dông comprend à la fois des parties cérémonielles et festives. Elle propose diverses formes de spectacles d’art populaire tels que la danse xoè, le chant khap, des performances instrumentales et des jeux folkloriques traditionnels de la communauté Thai de la région de Muong Lo.
La fête Xên dông a donc une valeur spirituelle importante. Elle joue un rôle positif dans la conservation des forêts, la protection de la nature, la régulation des sources d’eau et le maintien de l’équilibre écologique, le tout visant à favoriser un environnement de vie vert, harmonieux et durable.
Aussi, “le Comité populaire de la cité municipale de Nghia Lô s’engage à poursuivre les activités de promotion et de pratique du patrimoine. La ville renforcera la communication et la promotion du festival en lien avec le développement du tourisme communautaire, contribuant ainsi à faire de Nghia Lô une destination attrayante”, a souligné Luong Manh Hà, vice-président du Comité populaire de Nghia Lô.
Thuy Hà/CVN