Le chemin de fer Nord-Sud : priorités, financements et technologies

L’investissement dans le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse reliant le Nord et le Sud du Vietnam est considéré comme indispensable par les députés de l’Assemblée nationale. Toutefois, des questions cruciales, notamment le financement et le choix des technologies, appellent à une réflexion approfondie.

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L’Assemblée nationale discute en groupes du projet de ligne ferroviaire à grande vitesse Nord-Sud.
Photo : DTCK/CVN

Présenté officiellement à l’Assemblée nationale, le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse Nord-Sud a donné lieu à des débats animés au sein de 19 groupes de discussion, rassemblant des centaines d’interventions des députés.

Un rapport d’examen économique préalable, publié par la Commission de l'économie, met en lumière plusieurs défis majeurs : la connexion avec d’autres systèmes de transport, l’emplacement stratégique des gares, la compatibilité des technologies utilisées, et surtout, l’équilibre financier du projet. Avec un coût estimé à plus de 1.713.548 milliards de dôngs (67,34 milliards d'USD), ce montant dépasse largement les capacités du budget d’investissement public à moyen terme alloué pour la période 2021-2025.

Malgré ces défis, Vu Hông Thanh, chef de la Commission de l’économie de l’Assemblée nationale, a souligné que l’objectif des débats est de surmonter ces obstacles pour faire progresser le projet, et non de freiner son développement.

Un retard dans la mise en œuvre

Lors des consultations avec des experts, il a été constaté que le Vietnam accuse un retard dans la construction de cette infrastructure. Certains pays ont lancé des projets similaires alors que leur revenu par habitant était inférieur à 1.000 USD. Avec un revenu actuel dépassant 4.000 USD, M. Thanh estime que le Vietnam dispose des marges nécessaires pour entreprendre ce projet.

Cependant, il partage les préoccupations concernant les coûts. En plus du budget initial, les projets de connexion, tels que la liaison entre la gare de Ngoc Hôi et l’aéroport de Nôi Bài à Hanoï, ou encore la gare de Thu Thiêm à Hô Chi Minh-Ville, ne sont pas inclus dans les estimations actuelles. Pourtant, ces infrastructures sont essentielles pour garantir l’efficacité du réseau ferroviaire.

Selon M. Thanh, la mise en œuvre simultanée de tous ces projets nécessiterait des financements bien supérieurs aux 67,34 milliards d'USD initialement prévus. Cela appelle à une priorisation claire des investissements nationaux pour la période 2026-2030.

La ligne ferroviaire électrifiée comprendra 23 gares de passagers et cinq gares de fret reliées à des pôles de fret clés.
Photo : VNN/CVN

Il a également souligné la nécessité de hiérarchiser les projets pour cette période, dans un contexte où les ressources publiques doivent couvrir des investissements importants. Parmi ces priorités figurent la poursuite des projets nationaux stratégiques et ceux en transition de la période 2021-2025 (estimés à environ 130.000 milliards de dôngs), les Programmes nationaux ciblés (environ 200.000 milliards de dôngs), ainsi que les projets de métros urbains à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, dont le coût total est estimé à environ 72 milliards USD.

M. Thanh a mis en garde contre le risque de disperser les ressources et a souligné l’importance d’une planification financière rigoureuse. "Il est essentiel de clarifier et d'établir un ordre de priorité des projets. Sinon, comment garantir leur faisabilité si tous sont lancés en même temps ?", a-t-il déclaré.

Des défis liés au financement

Certains députés, comme Dang Thuân Phong (Bên Tre), expriment leurs inquiétudes concernant la capacité à maîtriser les dépassements budgétaires, citant l'exemple de la ligne ferroviaire Cat Linh - Hà Dông. Selon lui, une analyse approfondie des risques de dépassement et des mécanismes de financement est essentielle pour garantir la viabilité du projet sur le long terme.

La question de l’implication du secteur privé dans le financement est également soulevée. Le débat porte notamment sur la répartition des responsabilités entre l’État et les investisseurs privés, dans le but de limiter les pressions sur le budget public.

Ne pas emprunter plus de 30% du coût total de l’investissement

Concernant le financement, M. Van Thang a souligné que, en cas de recours à des emprunts, ceux-ci ne devront pas excéder 30% du coût total de l’investissement, ce qui représente environ 46 000 milliards de dôngs par an (soit 1,86 milliard USD par an).

La première option consiste à emprunter à l’international, à condition que les taux soient plus avantageux que ceux du marché domestique et qu’il n’y ait aucune contrainte liée au transfert de technologies ou au choix des entreprises adjudicataires. La deuxième option privilégie les emprunts nationaux, notamment via l’émission d’obligations.

Avec une limite maximale d’emprunt fixée à 30% du coût total, le projet ne présente pas de difficulté majeure sur le plan financier.

Un transfert technologique

Au-delà des défis financiers, le choix des technologies pour le projet constitue un point crucial. Le gouvernement propose d’adopter des systèmes ferroviaires modernes utilisés à l’international, mais plusieurs députés insistent sur la nécessité d’un transfert technologique.

Pour le député Hoàng Van Cuong (Hanoï), il est impératif que le Vietnam devienne maître d’œuvre de ce projet afin de réduire sa dépendance à l’importation d’équipements et d’expertises. Selon lui, un investissement initial plus élevé dans le transfert de technologies garantirait une autonomie durable et permettrait de développer une industrie ferroviaire nationale.

Le député Nguyên Phi Thuong, directeur du Service des transports et des communications de Hanoï, partage cette vision. Il souligne l’importance de développer des normes techniques uniformes pour l’ensemble du réseau ferroviaire vietnamien, citant les défis posés par l’utilisation de technologies disparates dans les projets actuels.

Un rôle accru pour les entreprises nationales

Le ministre des Transports et des Communications, Nguyên Van Thang, a précisé que le gouvernement travaille à sélectionner des entreprises nationales capables de recevoir les transferts technologiques nécessaires. Les domaines prioritaires incluent la maintenance, la production de matériel roulant et les techniques de construction.

Le ministre insiste sur la nécessité pour les entreprises vietnamiennes de devenir autonomes dans ces domaines stratégiques afin de minimiser les coûts de maintenance et d’entretien, qui constitueraient autrement un fardeau financier considérable.

Thao Nguyên/CVN

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