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| Lors de l’événement “Cyber Day 2025 - Being Well - Being Me”, organisé le 11 octobre à Hanoï. |
| Photo : VNA/CVN |
Dans le contexte de révolution numérique, le cyberespace déploie un “trésor de connaissances” mais ouvre également la porte au “kidnapping en ligne”, une nouvelle forme de criminalité extrêmement dangereuse. Cette tactique sophistiquée utilise la technologie pour manipuler psychologiquement et contrôler le comportement des victimes à distance.
La campagne nationale de communication “Không một mình” a été récemment lancée par le Département de la cybersécurité et de la prévention de la cybercriminalité (A05) du ministère de la Police. Cet événement, complété par le “Cyber Day 2025 - Being Well - Being Me” (Cyber Day 2025 - Être Bien, Être Moi), organisé le 11 octobre par les Écoles bilingues internationales Wellspring, à Hanoï, marque un engagement sans précédent de la société vietnamienne à protéger les enfants et les adolescents contre l’hameçonnage, la manipulation, la fraude et les risques d’enlèvement dans l’environnement numérique.
Tendance criminelle majeure
Selon le général de division Lê Xuân Minh, directeur de l’A05, l’année 2025 est marquée par la résurgence d’une tendance criminelle particulièrement grave : le kidnapping en ligne ciblant principalement élèves et étudiants. Ces jeunes sont jugés vulnérables en raison de leur manque de compétences sociales et de leur forte susceptibilité à la manipulation psychologique.
M. Minh a précisé la nature pernicieuse de cette méthode, la décrivant comme une véritable stratégie de contrôle psychologique à distance. Les criminels exploitent la technologie pour semer la peur et exercer un contrôle coercitif sur les actions des victimes sans nécessiter de contact physique direct. L’objectif ultime est de forcer les victimes à rompre tout lien avec leur famille, les transformant en “prisonniers spirituels” téléguidés, en vue d’extorsion de fonds ou de traite d’êtres humains. Les pertes financières se chiffrent en milliards de dôngs, sans compter les traumatismes psychologiques persistants.
Les statistiques officielles de l’A05 témoignent de l’urgence de la situation : plus de 77% des enfants et adolescents vietnamiens accèdent quotidiennement à Internet. Malgré les opportunités offertes, ce vaste espace numérique est également devenu un terrain fertile pour la cybercriminalité. Rien qu’au cours des six premiers mois de 2025, les autorités ont recensé des dizaines de cas d’escroquerie, de manipulation psychologique et, notamment, d’enlèvements en ligne impliquant des jeunes. Le général Minh a martelé : “Protéger les enfants dans le cyberespace n’est pas seulement une obligation légale, c’est une exigence morale et de sécurité sociale urgente”.
La campagne “Pas Seul” déploie une envergure nationale impressionnante, visant directement 12 millions d’adolescents (12-24 ans) et s’étendant à 22 millions d’élèves et d’étudiants. Son action couvre également des millions de parents et d’enseignants, désignés comme le “premier bouclier” essentiel face aux cyber menaces.
Initié par l’Alliance pour la confiance numérique, cet effort bénéficie d’un parrainage de haut niveau et d’un mécanisme d’interconnexion multisectoriel robuste. Il rassemble des acteurs clés tels que l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), aux côtés des ministères vietnamiens de la Police, de l’Éducation et de la Formation, de la Santé. La coordination est assurée par l’A05, l’Association nationale de la cybersécurité et la municipalité de Hanoï.
Le message fondamental, “Ensemble en sécurité en ligne”, est un engagement à mobiliser chaque citoyen, famille, école et entreprise dans la construction d’une communauté soudée où “personne n’est seul” dans la quête d’un environnement numérique sécurisé.
La campagne est également un événement de soutien à la signature de la “Convention de Hanoï” des Nations unies contre la cybercriminalité, tenue les 25 et 26 octobre, visant à élargir la coopération internationale et le partage d’expériences pour la protection des enfants.
Lors de l’événement “Cyber Day 2025 - Being Well - Being Me”, le colonel Nguyên Hông Quân, directeur du Centre de formation de l’A05, met en garde contre les conséquences imprévisibles d’un simple “mauvais clic”. Il dénonce la sophistication croissante des criminels : ils attirent progressivement les enfants, les manipulent pour obtenir des photos et vidéos, puis utilisent ce contenu pour l’extorsion, le chantage ou la coercition.
Le colonel Hông Quân insiste sur cette dualité : “Nous ne pouvons priver les enfants de leur droit à l’apprentissage... nous devons les guider en toute sécurité dans le monde numérique.”
Responsabilité de l’adulte
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| Le rôle des adultes est crucial pour établir la culture de la cybersécurité. |
| Photo : CTV/CVN |
M. Hông Quân a formulé des recommandations concrètes pour les jeunes : ne jamais partager excessivement d’informations personnelles ou d’images sur les réseaux sociaux, éviter de cliquer sur des liens étranges, utiliser uniquement des sources officielles pour les téléchargements, et configurer rigoureusement les paramètres de confidentialité et de sécurité.
Le lieutenant-colonel Nguyên Tiên Cuong, un responsable de l’A05, a introduit le concept crucial de “bulle d’information”, un environnement où les étudiants sont exposés à des contenus séduisants mais non vérifiés, ce qui peut mener à des perceptions erronées et un manque de résilience. Selon lui, la solution réside dans la triple dotation : connaissances, compétences et accompagnement familial et scolaire.
Au-delà de l’acquisition de compétences techniques, le rôle des adultes, désignés comme le “premier bouclier”, est crucial pour établir cette culture de la cybersécurité. Le Dr. Nguyên Vinh Son, directeur général des Écoles Wellspring, alerte sur un risque sous-estimé : si la technologie n’est pas maîtrisée, elle peut déconnecter les enfants de leurs émotions et d’eux-mêmes. Il insiste sur la nécessité impérieuse pour les adultes de montrer l’exemple par des actions concrètes et de garantir un environnement en ligne sûr et humain.
“Ce n’est qu’en nous connectant profondément avec nos enfants, en les écoutant et en leur faisant confiance, qu’ils apprendront à vivre positivement et à se protéger dans le cyberespace”, a affirmé le Dr. Son. Cette mission collective, où “l’affaire n’est l’affaire de personne en particulier”, exige que chaque adulte devienne un point d’appui et chaque communauté, un bouclier, pour concrétiser un environnement sécurisé, humain et épanouissant pour la jeunesse vietnamienne.
Huong Linh/CVN





