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Lai Ly Huynh (gauche) et le Chinois Yin Sheng lors de la finale du Championnat du monde de xiangqi 2025, le 27 septembre à Shanghai. |
Photo : CTV/CVN |
Avec une délégation d’élite composée de ses meilleurs noms, dont Lai Ly Huynh et Nguyên Thành Bao, la sélection vietnamienne a participé au 19e Championnat du monde de xiangqi 2025, disputé du 21 au 27 septembre à Shanghai, en Chine, nourrissant le rêve de conquérir la première place au cœur même du “pays du xiangqi“. Un rêve que l’on croyait lointain et qui est devenu réalité ! Le Numéro un vietnamien, Lai Ly Huynh, a brillamment été sacré champion dans l’épreuve individuelle masculine de xiangqi standard après sa victoire contre le Chinois Yin Sheng.
Il s’agit d’un moment historique pour le pays, car Lai Ly Huynh est le premier joueur non chinois à remporter le titre individuel masculin en xiangqi standard aux Championnats du monde. Inaugurée en 1990 et disputée à 18 reprises, l’épreuve avait jusque-là été dominée par la Chine dans sa catégorie la plus prestigieuse : l’individuel masculin standard. Forte de sa longue histoire et de sa tradition du xiangqi, la Chine semblait avoir établi un véritable “empire” rendant le rêve d’un sacre mondial presque impossible pour toute autre nation.
Victoire historique
Lai Ly Huynh, un nom plus que familier dans le xiangqi vietnamien, a réussi à s’imposer sur la scène internationale. Il ne possède pas seulement un talent inné et une acuité remarquable à chaque coup, mais aussi un esprit combatif qui ne recule jamais. Porté par la cohésion et les efforts inlassables de toute l’équipe du Vietnam, il a franchi chaque tour en surmontant ses adversaires pas à pas.
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Le roi vietnamien du xiangqi, Lai Ly Huynh. Photo : VNA/CVN |
Disputée sur un format de 60 minutes avec un boost de 30 secondes par coup, proposait des parties rapides (10 minutes plus 5 secondes) et des blitz (5 minutes plus 3 secondes) en cas d’égalité, la finale du standard masculin a été un match acharné, riche en jeux d’esprit et en coups habiles. Yin Sheng, présenté comme l’étoile montante du xiangqi en Chine, n’a pas réussi à suivre les traces de son compatriote Meng Shen, vainqueur du titre il y a deux ans.
Le jeu décisif de Huynh, alors qu’il était en pleine tour, a changé la donne, laissant Yin Sheng stupéfait quelques secondes avant de concéder et de serrer la main de Yin Sheng.
“Il y a deux ans, lorsque j’ai manqué le titre, ce fut un choc et un grand regret pour les passionnés de xiangqi au Vietnam. Après ces échecs, je ne me suis pas découragé. J’ai toujours essayé, persévéré dans l’entraînement. Ce fut un long chemin de labeur. Je me dis sans cesse que si l’on sème dans son esprit l’échec et le manque de confiance, il est très difficile de réussir. À l’inverse, si l’on sème le désir ardent et une foi inébranlable, on croisera l’étoile de la chance, on brillera et on trouvera le chemin du succès”, partage Lai Ly Huynh.
“Je suis devenu champion du monde le 27 septembre, qui est aussi l’anniversaire de ma femme et le premier anniversaire de ma fille cadette. C’est le plus beau cadeau que je puisse offrir à mon épouse et à ma fille, et un souvenir que je n’oublierai jamais”, confie-t-il avec enthousiasme.
Né en 1990 à Vinh Long, Lai Ly Huynh a très tôt suivi ses parents dans la région d’U Minh, province de Cà Mau, pour gagner leur vie, en raison de la situation familiale. Il a appris le xiangqi à 9 ans, son premier professeur n’étant autre que son père. Deux ans plus tard, ses parents se sont séparés. Ly Huynh a dû arrêter l’école générale et apprendre la coiffure auprès de son père.
De Cà Mau au sommet mondial
Cependant, il n’avait de passion que pour le xiangqi, s’asseyant souvent à côté des échiquiers pour observer les adultes jouer. Heureusement pour lui, son père partageait la même passion et l’a peu à peu emmené disputer des tournois un peu partout.
Désireux de voir son fils embrasser une carrière dans le xiangqi, le père de Ly Huynh a tout fait pour rencontrer, en 2002, l’entraîneur Nguyên Thanh Khiêt du Service des sports de Cà Mau. La première fois qu’il a amené son fils, il n’a pas pu voir l’entraîneur, mais il n’a pas abandonné. À la visite suivante, Ly Huynh a pu rencontrer le maître et s’entraîner avec plusieurs joueurs pour évaluer son niveau. Grâce à deux parties nulles contre un aîné ayant déjà disputé le championnat national U18, Ly Huynh a été admis à s’entraîner avec l’équipe de xiangqi de Cà Mau.
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Lai Ly Huynh savouse sa victoire avec sa famille. |
Photo : CTV/CVN |
Sous l’égide de l’entraîneur Thanh Khiêt, Ly Huynh a enchaîné les titres nationaux dans les catégories d’âge de U13 à U18. Sa carrière a franchi les frontières du delta du Mékong : il est entré en équipe nationale, a remporté l’argent juniors aux championnats d’Asie en 2008 et l’argent par équipes aux Mondiaux 2009 aux côtés de Nguyên Thành Bao.
Sur les forums de xiangqi en 2010, les fans ont surnommé Ly Huynh “Nam Phuong công tu”, autrement dit “le gentilhomme venu du Sud”, car il avait alors un visage lumineux et de longs cheveux romantiques. Son style de jeu était également impressionnant.
Si Thành Bao est réputé pour son jeu offensif et spectaculaire, et Nguyên Vu Quân pour son style solide visant à amener la partie en finale, Ly Huynh mêle ces deux écoles.
La grande différence entre Ly Huynh et la génération précédente tient à sa capacité à tirer parti de la technologie. Il a commencé à utiliser des logiciels de xiangqi dès 2005 et a immédiatement compris qu’il s’agissait d’un outil puissant pour l’entraînement. Quand Xiangqi Master ou Cyclone ont commencé à se populariser, il passait certains jours jusqu’à dix heures à la fois à étudier des parties internationales et à s’entraîner avec ces programmes.
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Le xiangqi est un jeu populaire dans les pays asiatiques. |
Ce n’est pas en restant rivé à l’ordinateur qu’on devient automatiquement un maître, mais il a su combiner les outils modernes pour réduire l’écart avec le reste du monde. À l’époque, tous les joueurs de haut niveau n’aimaient pas s’entraîner contre la machine, jugée monotone. Ly Huynh possède un style complet et scientifique, solide à l’ouverture, au milieu de jeu comme en finale. Après chaque partie, il ne se contentait pas d’analyser avec un logiciel. Il étudiait aussi les coefficients, la forme et le style de ses adversaires.
Grâce à cette préparation méthodique, il a tôt ravi à Nguyên Thành Bao la place de numéro un du Vietnam. À ce jour, Ly Huynh a été six fois champion national, en 2013, 2014, 2016, 2018, 2021 et 2025, un palmarès seulement devancé par Trênh A Sáng (7 titres).
Mais conquérir le sommet national n’était pas son ultime objectif. Le Vietnam est la deuxième nation du xiangqi, mais l’écart avec la Chine demeure important. Ly Huynh est convaincu que l’on ne progresse qu’en affrontant plus fort que soi.
Règles du jeu
Le xiangqi est une variante des anciens jeux d’échecs chinois, combinée avec le chaturanga indien. Les échecs anciens chinois ne comportaient pas la pièce “éléphant”. Ils l’ont empruntée au chaturanga (éléphant) pour créer un nouveau type de jeu il y a près de mille ans. C’est pourquoi la Chine l’appelle “tuong ky” (échecs de l’éléphant), tandis qu’au Vietnam on dit “co tuong”.
Cette discipline se joue sur un plateau de 9x10 intersections. Contrairement aux échecs occidentaux, les pièces sont placées sur les intersections, non les cases. Chaque joueur démarre le jeu avec ces pièces : un roi (ou général), deux gardes (ou conseillers), deux éléphants (ou fous), deux cavaliers (ou chevaux), deux tours (ou chariots), deux bombardes et cinq pions (ou soldats).
Phuong Nga/CVN