>> La gravure sur argent des H'mông à Sa Pa, Lào Cai
>> Bientôt des activités culturelles et sportives pour attirer plus de visiteurs à Lào Cai
Situé dans la province de Lào Cai, Sa Pa est un site touristique célèbre du Vietnam qui attire les visiteurs de tous les coins du Vietnam et de l’étranger. Il se dote des beaux paysages, d’un climat tempéré durant toute l’année, et surtout des traits culturels originaux des minorités ethniques vivant ici.
Les villages H’mông à Sa Pa ne se distinguent pas seulement par leurs paysages et leur climat, mais également par leur richesse artisanale. À seulement quelques kilomètres du centre de Sa Pa, le village de Hàng Lao Chai, dans la commune de Hoàng Liên, est depuis longtemps réputé pour ses gravures sur argent. Ce métier revêt de nombreuses significations historiques et culturelles liées aux coutumes, aux traditions et à l'identité culturelle unique de cette minorité ethnique.
À l'âge de 18 ans, Lù A Qua a commencé à exercer ce métier. C’est son père qui l’a initié et il est aujourd’hui artisan lui aussi. L’argent utilisé doit être pur pour créer les produits les plus beaux et les plus raffinés.
La gravure sur argent des H’mông à Sa Pa. |
Le processus de fabrication exige finesse, minutie et délicatesse. "Ces motifs sont conçus et réalisés par moi-même. Autrefois, mon père travaillait déjà de cette manière et j’en fais autant à mon tour. Aujourd'hui, certains motifs sont créés sur demande des clients", confie l’artisan Lù A Qua.
Les produits en argent sont généralement des colliers et des bracelets. Les H’mông les utilisent souvent comme cadeaux pour leurs enfants et petits-enfants lors des mariages ou ils portent lors des célébrations traditionnelles et des festivals. Les principaux outils de fabrication soigneusement entretenus sont : l’outil de soufflage, le four de fusion, la casserole de cuisson, le moule, la pince, le marteau, la lime et enfin l'ensemble des ustensiles de gravure des motifs.
"Le four de fusion de l'argent est généralement fabriqué en argile ou autre matériau thermorésistant. La confection d’un bijou en argent passe par de nombreuses étapes complexes, la plus difficile étant la gravure des motifs", révèle Lù A Qua.
Un métier qui rapporte bien
Selon lui, la gravure sur argent rapporte de bénéfices importants. "En une année, les ventes des produits peuvent rapporter jusqu'à 100 millions de dôngs. La plupart des acheteurs viennent des villages voisins, voire même de l'extérieur de la province", dit Lù A Qua.
En réalité, la gravure sur argent est considérée comme un métier important dans la culture des H’mông à Sa Pa. Les produits de la gravure sur argent ont leur propre beauté significative et lorsqu'ils sont harmonieusement combinés à des vêtements traditionnels, ils créent des ensembles vestimentaires caractéristiques de cet ethnie. Cependant, cette tradition se perd. Le nombre de personnes pratiquant ce métier se compte désormais sur les doigts d'une main. La transmission de ce métier aux générations futures est cependant en cours.
"À l’heure actuelle, très peu de personnes pratiquent encore ce métier aujourd’hui comme c’est le cas de son petit frère et lui", confie Lù A Qua. Pour Lù A Po, un jeune H’mông qui pratique aujourd’hui ce métier sous le guidage de Lù A Qua, pratiquer ce métier constitue une tâche importante pour la jeune génération.
"Dans notre district, il y a très peu de personnes qui exercent ce métier. Seule la génération de mon grand-père Qua le pratique encore. C'est un métier transmis par nos ancêtres et nous, les jeunes, avons pour mission de le promouvoir et de le transmettre aux générations future”, partage-t-il.
Jusqu'à présent, les produits de gravure sur argent conservent leur valeur et leur importance dans la vie des H’mông à Sa Pa. De par ses valeurs culturelle et traditionnelle, l'artisanat traditionnel de la gravure sur argent des H’mông noirs de Sa Pa a été officiellement reconnu comme patrimoine culturel immatériel national par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme en 2014.
Le chef-lieu de Sa Pa accorde une attention particulière à la promotion des activités de préservation et de développement des villages artisanaux traditionnels, en les intégrant étroitement aux formes de tourisme visant à découvrir les villages de métiers traditionnels ou le tourisme écologique, stimulant ainsi le développement économique et social local.
"Sa Pa envisage d'inviter des experts pour consulter et apporter leur soutien à la ville dans deux domaines : trouver des alternatives à l’argent comme matière première pour pouvoir continuer à produire des articles à partir de métaux blancs et créer des produits à la plus grande valeur ajoutée en se basant sur le développement des motifs traditionnels de la gravure sur argent", a révélé Hoàng Thi Vuong, cheffe du Bureau de la culture et de l'information du chef-lieu de Sa Pa.
Un métier contribuant à attirer les touristes
La continuité de l'artisanat de la gravure sur argent marque une étape dans le développement de l'art joaillier des H’mông à Sa Pa. Lào Cai s'efforce de préserver et de promouvoir ce métier traditionnel, en transformant le patrimoine en actif et en le liant au tourisme pour que les produits artisanaux traditionnels deviennent une partie intégrante des produits touristiques. "L’objectif est d’associer les métiers traditionnels de Sa Pa au développement du tourisme, en créant des produits spécifiques pour répondre aux besoins du marché touristique tout en préservant les traditions artisanales locales", a affirmé Dô Van Tân, vice-président du Comité populaire du chef-lieu de Sa Pa.
Duong Tuân Nghia, vice-directeur du Service de la culture et des sports de Lào Cai a fait savoir qu'au cours des dernières années, "le secteur culturel a proposé de nombreux mécanismes, politiques et recommandations spécifiques au Comité populaire provincial sur la manière d'aider les communautés à préserver leur patrimoine et à développer leurs produits en relation avec le tourisme".
La gravure sur argent est un élément constitutif de la culture folklorique, qui reflète l'identité culturelle des H’mông à Sa Pa. Préserver et développer ce métier n'est pas seulement une question de préservation de l'essence de la culture ethnique, c'est aussi un moyen efficace de transformer le patrimoine culturel en ressource de développement. Ce processus nécessite la collaboration des autorités et de la population pour que la culture devienne une source de revenus durable et contribue à la subsistance des communautés locales.
Texte et photos : Phuong Mai/CVN