Investissement direct étranger : renforcer les liens pour une croissance durable

L’investissement direct étranger (IDE) demeure depuis longtemps l’un des points lumineux de l’économie vietnamienne.

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Un coin du Parc industriel urbain VSIP Hai Phong. 
Photo : Vu Sinh/VNA/CVN

Dans un contexte de mondialisation approfondie et de concurrence accrue en matière d’attraction des capitaux, le maintien de la dynamique des flux d’IDE ne dépend plus seulement du volume, mais exige aussi une transformation qualitative, notamment à travers un meilleur lien entre les entreprises nationales et celles à capitaux étrangers. C’est là le fondement essentiel pour bâtir une économie indépendante, autonome et durable.

L’IDE – un moteur de croissance pour l’économie vietnamienne

Au cours des neuf premiers mois de 2025, le Vietnam a enregistré plus de 28,54 milliards de dollars d’IDE enregistrés, en hausse de 15,2% par rapport à la même période de l’année précédente. Le décaissement a atteint 18,8 milliards de dollars, soit le niveau le plus élevé depuis cinq ans. Ces chiffres confirment une fois de plus l’attractivité du Vietnam pour les investisseurs internationaux.

Selon le rapport du gouvernement présenté à l’Assemblée nationale sur la mise en œuvre du Plan de développement socio-économique 2021-2025, le total des capitaux d’IDE enregistrés s’élève à 185 milliards de dollars, dépassant les 170 milliards de la période 2016-2020.

Au-delà de la quantité, la qualité des flux d’investissement s’est nettement améliorée, avec la présence de grands investisseurs stratégiques et de projets de grande envergure dans les domaines de la haute technologie, des semi-conducteurs, de l’intelligence artificielle (IA) ou encore de la recherche et développement (R&D).

De nombreux projets emblématiques peuvent être cités : les centres de R&D de NVIDIA, Qualcomm, SAP, les investissements de SYKE (Suède), LEGO (Danemark), ainsi que les projets de plusieurs milliards de dollars de Samsung, LG, Foxconn, Goertek, Luxshare, etc. Ces projets ne se limitent pas à l’apport de capitaux, mais favorisent aussi l’intégration du Vietnam dans les chaînes de valeur mondiales, tout en diffusant la technologie et l’innovation dans l’économie nationale.

Grâce à des politiques d’incitation compétitives et à un environnement d’affaires favorable, le Vietnam s’est imposé comme une destination privilégiée pour les multinationales. Le dernier rapport de HSBC souligne d’ailleurs que, malgré les tensions commerciales mondiales, les flux d’IDE vers le Vietnam continuent de croître, notamment en provenance de la Chine et des États-Unis.

Le Comité économique et financier de l’Assemblée nationale, dans son rapport d’évaluation, estime que la performance du Vietnam en matière d’attraction des IDE reflète un pouvoir d’attraction croissant. Selon son président Phan Van Mai, ces résultats “ne se mesurent pas seulement en chiffres, mais traduisent aussi un changement qualitatif : la formation d’un écosystème d’innovation et de réseaux de R&D des grandes entreprises technologiques mondiales présentes au Vietnam”.

Le secteur des IDE - locomotive du commerce extérieur

Le rôle moteur du secteur à capitaux étrangers est indéniable dans la croissance du commerce vietnamien. En 2025, la part des entreprises à IDE dans les exportations est passée de 71,7% au premier trimestre à 79,1% au troisième trimestre, tandis que leur part dans les importations est passée de 63,1% à 72,5%. Ce secteur constitue ainsi la locomotive du commerce vietnamien, contribuant à maintenir une balance commerciale excédentaire et à renforcer la position du pays dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Cependant, cette contribution s’accompagne d’une dépendance accrue de l’économie nationale à l’égard des entreprises étrangères. Le Comité économique et financier a mis en garde contre cette “double dépendance” — à la fois dans les exportations et dans les importations de biens intermédiaires — qui constitue un frein à la durabilité du commerce extérieur et à l’autonomie économique du pays.

Des défis persistants

L’un des défis majeurs réside dans la faible connexion entre les entreprises à IDE et les entreprises locales. Le Vietnam n’a pas encore bâti un écosystème d’industries de soutien compétitif au niveau régional. Selon un rapport de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) publié en 2024, le taux de valeur ajoutée domestique dans les exportations vietnamiennes demeure relativement bas.

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Dans l’industrie électrique et électronique, qui constitue pourtant un pilier des exportations, ce taux n’atteint que 26,9%, contre 52,2% en Thaïlande, 61,2% en Indonésie, 66% en Inde, 75,3% en Chine et 68,8% en Corée du Sud. Ce constat montre que la production vietnamienne reste encore largement dépendante des composants et technologies importés.

Plusieurs députés ont également exprimé leurs inquiétudes : bien que le secteur des IDE représente plus de 70% du chiffre d’affaires à l’exportation, la valeur ajoutée nationale demeure en deçà des attentes. Le député Nguyên Dai Thang (province de Hung Yên) a souligné la nécessité de “passer d’une politique d’attraction quantitative à une approche qualitative, en privilégiant les projets assortis d’engagements concrets en matière de transfert de technologie, d’emploi de la main-d’œuvre vietnamienne et de coopération avec les entreprises locales”.

Favoriser la connexion pour une montée en gamme des IDE

Pour améliorer la qualité des flux d’IDE et renforcer la durabilité de leur contribution, de nombreuses voix préconisent un renforcement des liens entre les entreprises nationales et étrangères. Le député La Thanh Tan (Hai Phong) a proposé la mise en place de programmes de coopération dans les chaînes d’approvisionnement, notamment dans les secteurs des industries de soutien et des technologies de pointe.

Il est également recommandé d’adopter des politiques d’investissement sélectives, en privilégiant les entreprises à IDE qui s’engagent à transférer leurs technologies, à former la main-d’œuvre locale et à utiliser les produits et services des entreprises vietnamiennes. Ces mécanismes incitatifs contribueraient à la formation d’un réseau de production et d’innovation intégré, favorisant le développement conjoint des deux secteurs.

Selon Nguyên Dai Thang, il est nécessaire de créer un écosystème tripartite associant les entreprises privées, l’État et les entreprises à IDE, afin de permettre aux acteurs économiques de “nager en banc” plutôt que seuls, et ainsi réduire la dépendance aux importations, accroître la part de production locale, et renforcer la capacité d’innovation ainsi que la participation du Vietnam aux chaînes de valeur mondiales.

Partageant cette vision, le député Nguyên Nhu So (Bac Ninh) a rappelé que, dans le contexte actuel, il est indispensable d’établir des règles claires en matière de taux de localisation et de transfert technologique pour les projets à IDE. “L’investissement étranger doit être un catalyseur du développement des capacités de production nationales, renforcer la valeur du ‘Made in Vietnam’ et aider les entreprises vietnamiennes à maîtriser les maillons à forte valeur ajoutée dans les chaînes mondiales”, a-t-il insisté.

Vers une économie autonome et durable

Dans l’ensemble, le secteur des IDE continuera de jouer un rôle déterminant dans le développement économique du Vietnam. Mais pour que ces investissements deviennent un moteur endogène de croissance, le pays doit accroître les capacités de ses entreprises locales, favoriser l’intégration industrielle et trouver un équilibre harmonieux entre ouverture internationale et autonomie économique.

Le renforcement du lien entre acteurs nationaux et étrangers n’a pas seulement pour but d’“améliorer la qualité” des flux d’IDE : il représente aussi une étape essentielle pour permettre au Vietnam de passer d’une économie d’assemblage à une économie de création et d’innovation, capable de rivaliser sur la scène mondiale. C’est là la voie à suivre pour construire une économie indépendante, résiliente et durable.

VNA/CVN

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