>> Biodiversité : le Vietnam se hisse à la 14e place mondiale
Plantation d’une mangrove dans le district de Giao Thuy, province de Nam Dinh (Nord). |
Photo : VNA/CVN |
Le Vietnam est doté de trois groupes d’écosystèmes distincts : zones terrestres, zones humides (intérieures et côtières) et écosystèmes marins. Avec un relief s’étendant du Nord au Sud et un long littoral, le pays présente une diversité de paysages exceptionnelle.
Dans un contexte mondial marqué par une prise de conscience croissante de l’importance de la protection des ressources naturelles et de l’environnement, la biodiversité du Vietnam constitue un atout majeur. En effet, la préservation de ces richesses naturelles s’avère essentielle pour assurer un développement socio-économique durable et améliorer la qualité de vie des populations.
Cependant, le Rapport national sur la biodiversité a également révélé qu’en dépit des efforts de conservation, la tendance à la dégradation et à la diminution de la biodiversité se poursuivait dans tous les types d’écosystèmes. La réduction de la superficie des écosystèmes naturels entraîne une diminution de la richesse en espèces, suivie d’une augmentation du risque d’extinction des espèces à un rythme croissant et d’une diminution de la capacité à fournir des services d’écotourisme aux humains.
C’est pourquoi, la Stratégie nationale sur la biodiversité d’ici 2030, avec vision à l’horizon 2050, souligne l’objectif d’augmenter d’ici la fin de cette décennie la superficie des écosystèmes naturels protégés et restaurés, de conserver et d’utiliser durablement la biodiversité afin de contribuer au développement socio-économique dans le sens d’une économie verte et de s’adapter de manière proactive au changement climatique.
Parallèlement à la Stratégie globale, le gouvernement a promulgué le Plan d’action pour le renforcement de la prévention et de la lutte contre la criminalité liée à la biodiversité d’ici 2030, avec vision à l’horizon 2050, avec la détermination de créer un changement radical dans l’application de la loi sur la biodiversité, contribuant ainsi à la conservation des écosystèmes, des espèces d’animaux et de plantes et de la ressource génétique - trésors précieux de la biodiversité nationale, en particulier en réduisant le braconnage, le commerce et la consommation d’animaux et de plantes sauvages.
Perfectionner le cadre juridique
La Réserve mondiale de biosphère de Núi Chúa a une faune terrestre très diversifiée. |
Photo : CTV/CVN |
Selon Hoàng Thi Thanh Nhàn, directrice adjointe de l’Agence de conservation de la nature et de la biodiversité (ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement), freiner le déclin de la biodiversité au Vietnam ne consiste pas seulement à atteindre les objectifs nationaux, mais aussi à contribuer aux objectifs mondiaux en la matière.
Le Vietnam collabore actuellement avec d’autres pays à la mise en œuvre d’actions dans le cadre du Cadre mondial pour la biodiversité post-2020 (GBF en anglais), de l’Initiative mondiale de financement de la biodiversité (Biofin), de programmes de coopération dans la sous-région du Mékong inférieur et de nombreux autres efforts de coopération multilatérale et bilatérale.
Un an après son adhésion au Cadre mondial pour la biodiversité, le Vietnam a progressivement perfectionné son cadre juridique et politique afin de promouvoir une action globale de la part de toutes les échelons, secteurs et communautés dans la gestion, la conservation et l’utilisation efficace des valeurs naturelles.
D’ici la fin de la décennie, ce sera une période cruciale pour que les ministères, les secteurs et les localités se mobilisent pour mettre en œuvre des actions résolues. La solution prioritaire est de continuer à améliorer les politiques et les lois et de renforcer les capacités de conservation de la biodiversité. Le système juridique et politique doit être revu pour garantir sa cohérence, son uniformité et sa mise à jour avec les nouvelles exigences, afin de respecter les engagements internationaux et la pratique vietnamienne.
En tant qu’organisme focal pour la Convention sur la diversité biologique, en 2023, le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement a soumis au Premier ministre le projet de “Plan national de conservation de la biodiversité pour la période 2021-2030, avec vision à l’horizon 2050” et le projet de “Programme national de conservation des espèces sauvages menacées, rares et précieuses nécessitant une protection prioritaire d’ici 2030, avec vision à l’horizon 2050”.
Les agences concernées s’effor-cent également de finaliser les modifications des dispositions du décret 08/2022 du gouvernement et de la circulaire 02/2022 du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement sur les directives détaillées et l’application de certains articles de la Loi sur la protection de l’environnement. Cela comprend le contenu de l’évaluation de l’impact sur la biodiversité, de la compensation de la biodiversité, du plan de gestion et de la protection de l’environnement du patrimoine naturel.
Le système de textes juridiques et politiques, associé aux travaux de communication pour accroître la sensibilisation, la conscience et la responsabilité en matière de conservation de la nature et de la biodiversité, a bénéficié de la participation active des organisations non gouvernementales et des agences de gestion au cours de la période écoulée. Cela a contribué à élargir les activités de conservation au sein de la communauté.
De nombreuses localités et entreprises ont fait de la conservation de la nature et de la biodiversité l’un des critères de leur mode de vie et de leur développement vert. Il s’agit d’un signal positif pour le Vietnam, car l’édification d’une société en harmonie avec la nature est devenue un modèle pour de nombreux pays dans le monde.
L’Agence de la conservation de la nature et de la biodiversité organisera cette année le bilan de 15 ans de mise en œuvre de la Loi sur la biodiversité, en vue de proposer des modifications pour 2028 afin de garantir une gestion uniforme de l’État conformément aux conditions pratiques, au contexte national et international. En outre, elle continuera à examiner et à perfectionner le système de politiques et de lois; à rechercher et à proposer des mécanismes, des politiques et des mesures de gestion et de protection des paysages naturels, et à mettre en place un mécanisme de gestion des zones protégées en dehors des zones de conservation.
Élargir le système de conservation
Mangrove de Rú Chá dans la province de Thua Thiên Huê (Centre). |
Photo : VNA/CVN |
Pour les zones situées en dehors des Réserves naturelles, qui manquent de mécanismes de protection stricts, le Vietnam s’oriente vers une approche d’intégration du développement économique vert et durable avec la participation des commu-nautés locales, ce qui permettra d’augmenter considérablement la superficie des écosystèmes conservés. L’établissement de zones protégées en dehors des Réserves naturelles contribue à augmenter la superficie de conservation in situ au Vietnam.
Participant au Cadre stratégique mondial pour la biodiversité (GBF), le Vietnam doit répondre à l’objectif 30x30 d’ici 2030. Concrètement, au moins 30% des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines, en particulier les zones revêtant une importance particulière pour la biodiversité et les fonctions et services écosystémiques, doivent être conservées et gérées par le biais de systèmes d’aires protégées écologiquement représentatifs, bien reliés et gérés de manière équitable, en plus d’autres mesures efficaces de conservation par zone (AMCEZ).
D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les AMCEZ aident non seulement le Vietnam à respecter ses engagements en matière de conservation vis-à-vis de la communauté internationale, mais permettent également de protéger des points chauds de la biodiversité très menacés.
Une étude réalisée en 2023 a identifié neuf AMCEZ potentielles au Vietnam. Il s’agit de zones tampons naturelles des réserves, de zones de conservation, de forêts naturelles de production, de zones protégeant les ressources halieutiques, de zones à forte biodiversité en dehors des réserves, de corridors de biodiversité, de zones humides importantes, de paysages écologiques et de sites touristiques nationaux. Ce sont des espaces naturels importants, dotés d’une grande biodiversité, reconnus dans les documents juridiques du Vietnam et au niveau international pour les efforts de conservation déployés en dehors des réserves officielles.
En outre, les zones de production agricole, comme le modèle riz-crevette dans le delta du Mékong et la culture intercalaire de caféiers et d’arbres fruitiers économes en eau dans les hauts plateaux du Centre (durian, citron vert, avocat...), peuvent également s’inspirer des initiatives de conservation à l’intérieur et à l’extérieur du réseau d’aires protégées. Si cette conversion est associée à une protection stricte des superficies restantes de forêt naturelle, de vastes zones pourraient potentiellement être reconnues comme des AMCEZ en raison de leurs avantages à la fois pour la biodiversité et pour le développement socio-économique local.
En réalité, le nombre d’AMCEZ au niveau local devrait être très important en raison de la politique d’allocation des terres et des forêts aux populations locales. Par exemple, dans la province de Quang Ninh, une étude réalisée en 2023 a permis d’identifier jusqu’à 116 AMCEZ potentiels. Cela pose des défis en termes de délimitation, de cartographie et d’identification des organisations gestionnaires.
Politiques et mécanismes de gestion
La Réserve de biosphère de Núi Chúa est un endroit rare sur le continent où les tortues marines viennent pondre. |
Photo : VNA/CVN |
Selon Jake Brunner, directeur de l’UICN pour la région du Bas-Mékong, alors que les aires protégées doivent avoir pour objectif principal la conservation, les AMCEZ peuvent être gérés à des fins multiples, mais doivent atteindre un objectif de conservation efficace et à long terme. Leur institutionnalisation aidera non seulement le Vietnam à respecter ses engagements internationaux, mais aussi à protéger la biodiversité d’habitats menacés comme les massifs calcaires indépendants, les prairies inondées saisonnières et les zones intertidales côtières, qui sont actuellement peu représentés dans le système d’aires protégées.
Pour accélérer la reconnaissance des AMCEZ, les organisations internationales recommandent au Vietnam d’élaborer et de publier rapidement des critères et des directives officielles, de développer et de piloter des mécanismes de gestion pour certains nouveaux types, de créer des modèles et de proposer des politiques et des mécanismes pour encourager les communautés locales et le secteur privé à établir et à gérer des AMCEZ. En outre, l’application des paiements pour les services d’écotourisme dans les AMCEZ est essentielle pour établir un financement durable pour la conservation de la biodiversité.
Huong Linh/CVN