Une histoire d’amour qui transcende les frontières et rassemble deux cultures

Une Vietnamienne et un Français se sont rencontrés au Musée de la Victoire historique de Diên Biên Phu 63 ans après cette bataille décisive de la guerre d’Indochine. Et leur bel amour a abouti à un heureux mariage au Vietnam en mars dernier.

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 Moments inoubliables du couple Quynh Anh et Guillaume. 

En 2017, la jeune Trân Quynh Anh était volontaire au Musée de la Victoire historique de Diên Biên Phu, dans la ville éponyme de la province de Diên Biên (Nord-Ouest). Là, elle a rencontré Guillaume Richard, un Français passionné d’histoire, de sciences et de mathématiques. Elle l’a ensuite accompagné pour lui faire visiter les sites historiques de la bataille de Diên Biên Phu, où son grand-père était un combattant. Guillaume a immédiatement partagé que ses grands-parents avaient participé aux campagnes contre la guerre d’Algérie à cette époque-là. "Mes grands-parents étaient opposés à une vision coloniale et impérialiste", raconte-t-il.

À travers ces histoires, les jeunes se sont sentis rapidement proches.

Avant de se dire au revoir, ils ont échangé leurs coordonnées. Ils sont devenus amis et leur amour a grandi lentement.

Lors du Têt (Nouvel An lunaire) 2019, Quynh Anh a présenté à sa famille Guillaume qui a facilement gagné la sympathie des membres de sa petite amie par sa simplicité et sa sincérité. Après des heures de route, sans repos, le Français était prêt à aider la famille vietnamienne à préparer des plats typiques du Têt traditionnel. Il a appris à confectionner le bánh chung (gâteau carré de riz gluant, farci de viande et de haricots), à découper le poulet… Pour lui, l’intégration culturelle n’a pas de limites.

Au début, Guillaume revenait au Vietnam tous les trois à quatre mois pour voir sa petite amie. De 2020 à 2022, en raison de la pandémie de COVID-19, le couple a dû s’aimer à distance. "À cause de la crise sanitaire mondiale, nous avons dû passer deux ans loin l’un de l’autre. Ces deux années à distance ont été difficiles, mais ont aussi resserré nos liens jusqu’au moment où Quynh Anh est venue en France", partage-t-il.

En effet, après avoir étudié à l’Université d’économie de Hô Chi Minh-Ville, la jeune fille vietnamienne a décidé de poursuivre ses études postuniversitaires à l’Université de Bordeaux, lui permettant ainsi de se rapprocher de son petit ami.

Un jour, Guillaume a invité Quynh Anh à une escapade verdoyante, où il a ouvert son cœur et l’a demandée en mariage. "Guillaume est intelligent, studieux, calme et logique", estime Quynh Anh, qui ajoute : "Notre union a bénéficié du soutien de tous nos proches".

À l’hiver 2023, le couple s’est marié en France.

Un mariage traditionnel à la vietnamienne

Après la France, le Vietnam. Les deux tourtereaux ont décidé d’organiser aussi leurs noces dans le pays natal de la mariée en mars 2024, à l’occasion de la saison des fleurs de bauhinie à Diên Biên Phu et à l’approche du 70e anniversaire de la Victoire de la bataille homonyme.

"Guillaume a prouvé son amour envers moi par ses efforts pour s’intégrer à la vie de ma famille", indique Quynh Anh.

La famille du marié a exprimé sa volonté de respecter toutes les traditions du mariage vietnamien, et la tenue de cérémonie choisie était bien sûr l’áo dài - tunique traditionnelle des Vietnamiens.

Quelques mois avant le mariage, la famille du marié a pris ses mesures. Quynh Anh a été chargée de sélectionner le tissu. "J’ai tâché de choisir des tissus de qualité. Mais il était un peu difficile de trouver à Diên Biên Phu une boutique de couture prête à confectionner des áo dài dans le style traditionnel. Heureusement, tout s’est finalement bien passé", confie-t-elle.

Le 2 mars dernier, le cortège du marié, vêtu d’áo dài, a apporté des offrandes de mariage à la famille de la mariée. La mère du marié a également porté un nón (chapeau conique, en feuille de latanier) pour accueillir la mariée, selon la tradition vietnamienne.

"Mon mariage a été vraiment heureux. Mes proches de plusieurs villes et provinces du pays, comme Hanoï, Hô Chi Minh-Ville, Bà Ria-Vung Tàu, Dà Lat, se sont réunis. Avec le cortège du marié, nous avons dansé le +xòe+ (une forme de danse vietnamienne inscrite en 2021 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité - Ndlr) autour du feu. Une nuit mémorable", se réjouit Quynh Anh.

Et d’ajouter qu’elle et Guillaume rêvaient tous les deux de fonder une famille traditionnelle, c’est-à-dire composée d’un couple marié et de leurs enfants.

En France, Quynh Anh est chérie par tous les membres de la famille de Guillaume. C’est lui qui l’a aidée à surmonter les chocs culturels au début. Ils ont souvent des réunions de famille où tous se retrouvent pour préparer les repas. "Guillaume apprécie toujours mes plats", sourit-elle.

Respecter la paix d’aujourd’hui

"Il arrive parfois que les grands-parents de Guillaume nous racontent des histoires d’antan, lorsqu’ils luttaient contre la guerre d’Algérie. Ils nous rappellent toujours qu’il faut respecter la paix d’aujourd’hui", raconte Quynh Anh.

Au Vietnam, pendant ses temps libres, Quynh Anh vient travailler au Musée de la Victoire historique de Diên Biên Phu en tant que volontaire. "Je veux apporter ma contribution à ma terre natale. Je suis fière de voir des objets, outils utilisés lors de la grande bataille de Diên Biên Phu. Et je ne peux m’empêcher d’être émue devant les sacs râpés, les vieux vélos, se livre-t-elle. Mon grand-père m’a raconté qu’il ne savait pas comment il avait pu survivre. Il y avait des moments où il était prêt à mourir. Nos ancêtres ont dû faire face à d’énormes difficultés pour obtenir la victoire totale".

La jeune femme déplore : "Avant de retourner en France après notre mariage, Guillaume et moi avons brûlé des bâtonnets d’encens au cimetière A1 pour rendre hommage aux frères d’armes de mon grand-père. La plupart des tombes sont celles de soldats inconnus. Les pertes de la guerre sont immenses".

Dans l’avenir, elle souhaite coopérer avec une société française pour promouvoir la vente de produits des minorités ethniques de la province de Diên Biên (tissu de brocatelle, produits en bambou, produits agricoles) sur le marché français, afin de les aider à améliorer leurs revenus.

"Quynh Anh n’est en France que depuis deux ans. Pour le moment, nous envisageons d’y rester encore quelques années. Nous n’avons pas de projet précis. Nous sommes encore relativement jeunes, donc de nombreuses possibilités s’offrent à nous. L’essentiel dans l’immédiat pour moi est de m’assurer que Quynh Anh se sente bien intégrée en France", conclut Guillaume Richard.

Texte : Vân Anh/CVN

Photos : Vân Anh - Quynh Anh/CVN

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