Blanchiment d’argent : le Vietnam durcit son cadre face aux nouveaux actifs financiers

L’établissement du Centre financier international au Vietnam ouvre d’importantes perspectives pour l’attraction des flux de capitaux étrangers. Toutefois, cette ouverture s’accompagne de défis sécuritaires croissants, liés notamment à la multiplication de nouvelles classes d’actifs et à la complexité des flux financiers transfrontaliers.

>> Lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme via les actifs numériques

>> Pour une lutte plus efficace contre le blanchiment d’argent

Les banques du Centre financier international au Vietnam doivent agir comme de véritables "supermarchés financiers".
Photo : BĐT/CVN

Si ce centre constitue un espace d’expérimentation pour des modèles et produits financiers innovants, encadrés par des mécanismes de gestion des risques adaptés, il impose parallèlement des exigences accrues en matière de prévention et de lutte contre le blanchiment d’argent.

Selon l’économiste Nguyên Tri Hiêu, les banques opérant au sein de cette structure doivent agir comme de véritables "supermarchés financiers", offrant tous les services de vente au détail au vente en gros, tout en assumant un rôle de "gatekeeper", chargé de contrôler les flux financiers, de sécuriser l’ensemble de la chaîne transactionnelle et de lutter contre les transferts de fonds illicites et le blanchiment transfrontalier.

L’ampleur du défi est illustrée par les données récentes du Département de lutte contre le blanchiment d’argent de la Banque d’État du Vietnam. Son directeur, Pham Tiên Phong, indique que le nombre de déclarations de transactions suspectes augmente d’environ 30% par an, entraînant la transmission de milliers de dossiers aux autorités chargées de la sécurité économique pour des analyses approfondies.

Récemment, le gouvernement a promulgué le Décret n°329/2025/ND-CP portant sur l'octroi de licences pour la création et le fonctionnement des banques, la gestion des changes, ainsi que la prévention et la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes de destruction massive au sein du Centre financier international du Vietnam.

Le texte impose notamment aux investisseurs étrangers de justifier précisément l’objet des opérations de chaque transfert de fonds vers le Centre financier international. Les banques prestataires de services de change sont tenues de vérifier et de conserver les pièces justificatives relatives à chaque transaction.

Toutefois, le cadre juridique ne peut contrôler que les transactions effectuées par des canaux officiels, tandis que de nombreuses opérations relevant du "marché noir" continuent de se dérouler à grande échelle. De nombreux groupes fermés opérant en ligne, rassemblant des dizaines voire des centaines de milliers de membres, se consacrent à l’achat et à l’échange d’actifs numériques, avec des volumes de transactions pouvant atteindre plusieurs dizaines de millions de dollars.

Cette vulnérabilité est d'autant plus marquée que le Vietnam compte environ 26 millions de comptes liés aux actifs numériques, selon les données communiquées par le lieutenant-colonel Dam Van Minh du ministère de la Sécurité publique.

Le Centre financier international ouvre un nouveau terrain à fort potentiel, mais les transactions y seront strictement encadrées. "Il n'y aura aucune place pour la fraude, le blanchiment d'argent ou les sorties de capitaux incontrôlées", a affirmé Nguyên Quôc Hung, secrétaire général de l’Association des banques du Vietnam.

VNA/CVN

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