Aline Rebeaud et son aventure aux côtés des Vietnamiens les moins chanceux

En 1992, la jeune Suissesse Aline Rebeaud a quitté son pays natal pour devenir marraine des enfants défavorisés au Vietnam. Tout au long de trois décennies, Hoàng Nu Ngoc Tim, son nom vietnamien, a récolté les fruits mûrs de la décision la plus audacieuse de sa vie.

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Photo : NVCC/CVN

Maison Chance, l’organisation qu’Aline Rebeaud, âgée de 52 ans, a fondée au début des années 1990 pour venir en aide aux personnes défavorisées au Vietnam, est en pleine mutation.

En 30 ans d’existence, cette structure caritative “s’est beaucoup professionnalisée : d’une maison avec un toit en chaume, nous avons construit quatre centres qui accueillent aujourd’hui plus de 700 bénéficiaires”, a déclaré la directrice avec confiance.

Maison Chance compte actuel-lement trois établissements à Hô Chi Minh-Ville : le foyer, qui offre un hébergement, le centre Envol, qui propose des formations professionnelles, et le Village Chance, qui abrite une école primaire et des appartements adaptés aux personnes handicapées. À ces trois unités situées dans la mégapole du Sud s’ajoute désormais un nouveau centre, récemment inauguré dans la province de Dak Nông, dans les hauts plateaux du Centre.

En revisitant ce parcours de trois décennies, Aline Rebeaud peut légitimement être fière de ses efforts inlassables. L’histoire de Maison Chance se confond avec un itinéraire semé de défis où cette Suissesse n’a jamais hésité à témoigner d’un profond dévouement envers les personnes défavorisées,qu’il s’agisse de personnes handicapées ou d’enfants orphelins.


Aline Rebeaud a posé ses valises au Vietnam après un long périple depuis la Suisse, traversant le Nord de l’Europe, la Russie, la Sibérie, la Mongolie et la Chine. “Je suis arrivée à la fin de 1992, dans la province de Lang Son, depuis la Chine”, se souvient Aline, qui n’avait jamais imaginé à ce moment-là qu’elle “resterait si longtemps au Vietnam”.

Le destin a basculé pour elle un soir où elle a rencontré un petit garçon “seul dans la rue, assis par terre à côté d’un tas d’ordures”. “J’ai écouté mon cœur et j’ai décidé de le prendre sous mon aile”, raconte-t-elle. À cette époque-là, précise-t-elle, “il n’existait pas encore de structure idéale” pour venir en aide à ce jeune garçon. Cette rencontre a conduit Aline à prendre une décision capitale : “rester au Vietnam” pour s’occuper de cet enfant, puis, peu après, “ouvrir un foyer pour d’autres personnes en difficulté dans le pays”.


Photo : NVCC/CVN

Avec une somme dérisoire en poche, la jeune Suissesse a commencé par louer une maison modeste, un petit logement au toit en chaume, pour accueillir “les enfants des rues, puis plus tard les personnes paralysées abandonnées”. Mais ce n’était que le début d’une aventure semée d’embûches pour elle dans un pays si éloigné du sien. “J’étais une étrangère et je n’avais que 20 ans à cette époque-là”, se remémore-t-elle. Elle plaisante en évoquant ses débuts : “Aux yeux des habitants locaux, j’étais comme une extraterrestre”. Les trois premières années ont été particulièrement éprouvantes, marquées par de nombreuses démarches administratives pour obtenir un statut officiel au Vietnam.


Après avoir établi son foyer au Vietnam, Aline a dû retourner en Europe pour créer une structure associative portant le nom de Maison Chance. Ce retour a permis de formaliser ses activités. Elle est ensuite revenue au Vietnam en tant que directrice d’une organisation internationale. “Nous avons finalement réussi à légaliser tout le travail mis en place, et nous continuons à œuvrer jusqu’à aujourd’hui”, conclut-elle avec satisfaction.

Dès la création de Maison Chance, Aline Rebeaud n’a cessé de travailler sans relâche pour offrir un avenir meilleur à ses bénéficiaires. “J’allais dans les rues sombres de Hô Chi Minh-Ville pendant la nuit, à la recherche de personnes dormant sur les trottoirs”, confie-t-elle. Elle se rendait également dans les hôpitaux pour trouver “des handicapés victimes d’accidents, abandonnés et livrés à eux-mêmes”.


Photo : NVCC/CVN

Ses efforts ont porté leurs fruits. Maison Chance a commencé à attirer l’attention des médias, de la presse et de la télévision, ce qui a permis à de nombreuses personnes de découvrir cette structure caritative où elles pouvaient demander de l’aide. “Nous avons développé notre communication, et grâce aux réseaux sociaux, les bénéficiaires nous contactent désormais spontanément”, explique Aline. Pour ceux qui n’ont pas accès à Internet, son équipe mène des “enquêtes sociales” afin de localiser et d’aider les plus démunis.

Depuis le début, la fondatrice a toujours eu pour objectif d’aller au-delà de l’assistance de base. “Maison Chance ne se contente pas de donner un toit et de la nourriture. Nous leur apprenons à utiliser une canne à pêche pour attraper leurs propres poissons, afin qu’ils puissent ensuite devenir autonomes”, souligne Aline. Ainsi, des programmes de formation professionnelle sont mis en place pour permettre à chaque bénéficiaire d’atteindre l’autonomie.


Photo : NVCC/CVN

Pourtant, malgré ces résultats considérés comme “très notables et impressionnants” par l’ambassadeur suisse au Vietnam, Thomas Gass, Aline, aujourd’hui quinquagénaire, reste insatisfaite. Elle aspire à aller encore plus loin et à apporter davantage de soutien aux habitants locaux. C’est dans cet esprit qu’un nouveau centre a vu le jour dans la province de Dak Nông, une région abritant de nombreux “handicapés mentaux”.

Cette femme au grand cœur ambitionne d’offrir un soutien adapté à plusieurs groupes vulnérables de la région, parmi lesquels “des polyhandicapés mentaux et physiques”, “des handicapés vieillissants qui, à Hô Chi Minh-Ville, n’ont pas réussi à se réinsérer socialement à cause de handicaps très lourds”, ainsi que “des enfants pauvres et démunis issus des minorités ethniques”.


Aline Rebeaud a acquis la nationalité vietnamienne il y a 15 ans, en reconnaissance de ses contributions inlassables tout au long de trois décennies. Elle a choisi pour elle-même un nom vietnamien évocateur : “Hoàng Nu Ngoc Tim”. Tim, qui signifie “cœur”, est né d’une anecdote émouvante. “Ce sont les médecins de l’hôpital du cœur qui m’ont appelée ainsi, après que j’ai pris en charge un enfant souffrant de problèmes cardiaques au tout début de mon parcours”, raconte-t-elle. À la sortie de l’hôpital, après la guérison de cet enfant, les médecins lui ont attribué ce nom pour honorer sa générosité.

Durant ces 30 années, Aline Rebeaud a vécu au sein du foyer d’accueil Maison Chance, entourée d’enfants orphelins. “Je ne me suis pas mariée, je n’ai pas eu d’enfants biologiques. Mais en contrepartie, j’ai beaucoup d’enfants adoptifs”, confie-t-elle, avec une émotion palpable. Elle exprime son bonheur de recevoir “tant d’amour et d’affection” de ces orphelins qu’elle considère comme sa propre famille.


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Son parcours a aussi été marqué par le soutien indéfectible de sa famille. Ses parents, chez qui elle a grandi avec la valeur essentielle d’“aimer et aider autrui”, se sont réjouis de voir leur fille s’engager dans une cause si noble. “Ils étaient heureux de me voir faire quelque chose de bien et d’utile”, se souvient-elle. Ils l’ont non seulement soutenue financièrement dans les premières années, mais ont également contribué activement à son association en Suisse et en Europe.

Au fil des années, Maison Chance s’est transformée sous l’impulsion d’Aline en un véritable havre de paix pour les laissés-pour-compte. Inlassablement, elle s’investit pour répliquer ce modèle dans d’autres régions du Vietnam, permettant à un plus grand nombre de bénéficiaires de bâtir un avenir prometteur.

L’histoire inspirante de cette femme au grand cœur, Hoàng Nu Ngoc Tim, est une preuve éclatante que l’amour, la sincérité et la générosité peuvent rendre le monde meilleur.

Hông Anh/CVN

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