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Ouverture de la Conférence de Genève, le 8 mai 1954. |
Photo : Archives VNA/CVN |
70 ans plus tard, les leçons de la négociation, de la signature et de la mise en œuvre des Accords de Genève restent précieuses pour l'œuvre d’édification et de développement nationaux et pour la défense de la Patrie.
La conférence de Genève s'est ouverte le 8 mai 1954 avec la participation des représentants de neuf parties dont : l'Union soviétique, la Chine, la République démocratique du Vietnam, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'État du Vietnam, le Laos et le Cambodge. Des représentants du Pathet Lao et du Khmer Issarak étaient présents à Genève mais n'ont pas eu l’autorisation d’assister à la Conférence.
Avec les Accord de Genève, pour la première fois dans l'histoire du Vietnam, les droits nationaux fondamentaux d'indépendance, de souveraineté, d'unité et d'intégrité territoriale ont été officiellement affirmés dans un traité international et reconnus par les nations participant à la Conférence de Genève. Il s'agit d'une base politique et juridique très importante pour le peuple vietnamien qui a lutté sur les fronts politique et diplomatique pour libérer le Sud et réunifier le pays.
Les Accords de Genève sont la cristallisation des acquis de cette lutte indomptable et persistante de l’armée et du peuple vietnamiens, depuis la victoire du Viêt Bac de l’automne-hiver 1947 jusqu'à la campagne Frontière de l’automne-hiver 1950 et l'offensive stratégique à l’hiver-printemps 1953 -1954, dont l’apogée fût la victoire de Diên Biên Phu.
Le vice-Premier ministre Pham Van Dông, chef de la délégation de la République démocratique du Vietnam, participant à la Conférence de Genève. Photo : Archives VNA/CVN |
Avec l'Accord préliminaire de 1946 et l'Accord de Paris de 1973, les Accords de Genève de 1954 constituent un jalon historique de la diplomatie révolutionnaire du Vietnam, portant la marque de l'idéologie, du style et de l'art de la diplomatie d'Hô Chi Minh. La Conférence de Genève a formé des dirigeants qui étaient également d'excellents diplomates à l'époque d'Hô Chi Minh, tels que Pham Van Dông, Ta Quang Buu, Hà Van Lâu et de nombreux autres diplomates exceptionnels.
Un manuel précieux
La négociation, la signature et la mise en œuvre des Accords de Genève constituent un manuel précieux sur l'école vietnamienne des affaires étrangères et de la diplomatie, contenant de nombreux enseignements sur les principes, les méthodes et l'art de la diplomatie, imprégnés d’une vraie singularité.
La signature de l'accord d'armistice au Vietnam par le vice-ministre vietnamien de la Défense, Ta Quang Buu, le 20 juillet 1954 à Genève. |
Photo : Archives VNA/CVN |
Tout d’abord, c’est une leçon sur l’indépendance et l’autonomie inébranlables fondées sur les intérêts nationaux. Le processus de négociation et de signature des Accords de Genève aide les générations futures à mieux comprendre la valeur du principe d'indépendance et d'autonomie dans les affaires internationales.
Deuxièmement, ils renseignent sur l’intérêt de combiner la force nationale au contexte et au temps (profiter des bonnes opportunités de l’époque), ainsi que de relier la solidarité nationale à la solidarité internationale. En plus de maximiser la force de la justice (le respect des lois) et de la grande unité nationale, le Parti communiste du Vietnam a eu comme politique vertueuse d'élargir constamment la solidarité internationale, en premier lieu avec le Laos, le Cambodge mais aussi avec d'autres pays socialistes, une communauté internationale et des peuples épris de paix dans le monde entier.
Troisièmement, c’est une leçon sur la nécessité d'être ferme quant à ses objectifs et principes, tout en restant mobile et flexible d’un point de vue stratégique, à l’image de la devise philosophique "l’immuable répond à tous les changements". Employer l'immuable pour faire face au changement ; faire face à la versatilité des choses sans se désunir, sans se perdre. Cette essence immuable est impossible à acheter, vendre ou échanger.
La délégation de la République démocratique du Vietnam participant à la Conférence de Genève. |
Photo : Archives VNA/CVN |
Quatrièmement, il faut attacher de l'importance à l’introspection, la recherche, l’analyse, l'évaluation et l’anticipation des choses. Il faut se connaître soi-même, connaître ses partenaires et ennemis, le contexte et tous les paramètres de la situation. C’est à partir de là qu’on peut établir comment avancer, reculer et être ferme tout en restant flexible.
Cinquièmement, il y a là une leçon sur les vertus du dialogue et des négociations pacifiques pour résoudre les désaccords et les conflits dans les relations internationales. Bien qu'il puisse y avoir différentes perspectives et points de vue, il est indéniable que la Conférence de Genève est une leçon marquante de résolution des désaccords et des conflits internationaux par des moyens pacifiques, qui résonne particulièrement dans le contexte international actuel aux conflits nombreux et complexes.
Sixièmement, et c’est peut-être la leçon primordiale tirée par le Vietnam, c’est la direction unifiée et absolue du Parti pour la cause révolutionnaire, tant à l’échelle du peuple que sur le front diplomatique. Le Parti a défini des politiques, des lignes directrices et des stratégies révolutionnaires pertinentes et a ouvert un front diplomatique d’attaque proactive et étroitement coordonné et unifié avec les fronts politiques et militaires pour créer une force totale cohérente et garantir au maximum les intérêts nationaux.
Avis sur les accords de Genève
L'ambassadrice du Laos au Vietnam, Khamphao Ernthavanh. Photo : VNA/CVN |
L'ambassadrice du Laos au Vietnam, Khamphao Ernthavanh : la signature des Accords de Genève sur la cessation des hostilités au Vietnam est une étape importante dans la lutte longue et difficile des peuples des trois pays d'Indochine pour la paix et l'indépendance de la Patrie. Cette signature marque pour la première fois l’engagement des colonialistes français et des pays participant à la Conférence de Genève à respecter l'indépendance, la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale, et à ne pas s'immiscer (en ingérence) dans les affaires intérieures des trois pays d'Indochine. Ce fût une grande victoire. Dans le même temps, l’aboutissement de cet accord démontre clairement le noble patriotisme et la juste voie de lutte révolutionnaire du Parti communiste indochinois dirigé par le Président Hô Chi Minh.
Les leçons tirées des négociations à la Conférence de Genève et de la Victoire de Diên Biên Phu sont devenues un phare qui a conduit au mouvement de libération intégrale des trois pays d'Indochine. Soixante-dix ans se sont écoulés, mais les valeurs et les leçons de la signature des Accords de Genève restent toujours valables pour la protection, la construction et le développement national au Laos, au Vietnam et au Cambodge.
L'ambassadrice du Cambodge au Vietnam, Chea Kimtha. Photo : VNA/CVN |
Chea Kimtha, ambassadrice du Cambodge au Vietnam : Le 70e anniversaire de la signature des Accords de Genève sur la cessation des hostilités au Vietnam est un événement d'une grande importance historique qui nous rappelle à une période de résistance et de résilience des héros exemplaires de l'Armée de libération vietnamienne qui se sont battus pour retrouver l’indépendance nationale face à la domination coloniale. Pendant la période de lutte pour l'indépendance qui s'est déroulée avec vigueur dans toute l'Indochine, les trois pays du Cambodge, du Vietnam et du Laos se sont unis et tenus côte à côte dans la lutte pour l'indépendance et la liberté du pays.
Après cette signature, le Cambodge, le Vietnam et le Laos ont continué à faire face à des défis imprévisibles. Cependant, les trois pays sont restés soudés et se sont entraidés pour l'unification et l'édification des pays et du développement socio-économique.
Uch Leang, directeur adjoint du Département d'études d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient, de l’Institut des relations internationales de l'Académie royale du Cambodge : La Victoire de Diên Biên Phu le 7 mai 1954 est un événement historique, déclencheur du mouvement de lutte pour l'indépendance des peuples des pays coloniaux du monde entier. L’esprit de solidarité des trois pays que sont le Vietnam, le Cambodge et le Laos dans ce combat est un exemple de solidarité ayant mené à la victoire dans la lutte contre le colonialisme français puis l’impérialisme américain.
La défaite du régime colonial à Diên Biên Phu a saisi la France et le monde entier. Le gouvernement français a été contraint de signer des accords de cessation de la guerre, de rétablissement de la paix en Indochine, d'abolition de la domination française et de reconnaissance de l'indépendance du Vietnam, du Laos et du Cambodge lors de la Conférence de Genève.
Professeur d'histoire contemporaine Pierre Journoud de l'Université Paul-Valéry Montpellier (France). Photo : VNA/CVN |
Professeur d'histoire contemporaine Pierre Journoud de l'Université Paul-Valéry Montpellier (France) : La signature des Accords de Genève constitue une étape importante dans l'histoire diplomatique du Vietnam, alors qu'il accède pour la première fois à la scène des négociations multilatérales avec la participation des grandes puissances. La victoire du Vietnam à Diên Biên Phu et la signature des Accords de Genève ont une grande signification symbolique et ont encouragé d'autres nations dans leur lutte pour l'indépendance et le droit de déterminer leur destin national et leur intégrité territoriale. Cette signature a également fait échouer le complot visant à prolonger, étendre et internationaliser la guerre d’agression en Indochine.
L'historien français Alain Ruscio : Les Accords de Genève constituent une avancée importante, affirmant l’aspiration des Vietnamiens à la paix. Pour la première fois dans l'histoire, les droits nationaux fondamentaux du Vietnam, notamment l'indépendance, la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale, ont été officiellement affirmés dans un traité international, ratifié par les pays et les parties réunis à la Conférence de Genève. Le Vietnam a atteint ses objectifs, inspirant et encourageant le mouvement de libération nationale.
À travers le processus de négociation puis la signature des Accords de Genève, le Vietnam a démontré l'esprit diplomatique flexible allié à la volonté inébranlable d'un peuple qui aime la paix et est riche de son histoire millénaire de défense nationale.
Professeur, Docteur en sciences historiques Vladimir Kolotov, chef du Département d'histoire des pays d'Extrême-Orient, Directeur de l'Institut Hô Chi Minh de l'Université nationale de Saint-Pétersbourg (Fédération de Russie) : Les Accords de Genève sont l'une des phases importantes de la stratégie du Président Hô Chi Minh. Le printemps 1954 a joué un rôle décisif dans le destin du Vietnam. Ce sont des jalons précieux dans l'histoire du pays, associés aux noms de dirigeants marquants tels que le Président Hô Chi Minh et le Général Vo Nguyên Giap entre autres et que ce soit sur les fronts politique, militaire, diplomatique ou économique.
La signature des Accords de Genève a également marqué une étape importante dans la formalisation diplomatique de la fin de la guerre de résistance contre les colonialistes français. En pleine Conférence de Genève, les nouvelles de la chute du corps expéditionnaire français dans la "forteresse imprenable" de Diên Biên Phu s’est répandue parmi les négociateurs.
Minh Hà - Hoàng Lan/CVN