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Le 2 décembre à Hanoï, l’événement «Conférences inspirantes : la prochaine percée» a donné le coup d’envoi de la Semaine des sciences et technologies VinFuture 2025. Quatre interventions, quatre voies de recherche, un même fil rouge : lorsque la science est guidée par l’humanité, chaque invention devient un pont entre le savoir, la vie et l’avenir.
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| "Conférences inspirantes : la prochaine percée", le 2 décembre à Hanoï. |
| Photo : BTC/CVN |
Trouver l’intelligence des robots dans la nature
Pour le Professeur Ho-Young Kim de l’Université nationale de Séoul, en République de Corée, la nature est le plus grand des laboratoires. « Dans mon enfance, je passais des heures à contempler le grand arbre qui ombrageait la cour, à observer comment les lianes s’enroulaient les unes aux autres. Je regardais aussi les colonies de fourmis avancer en file pour transporter leur nourriture, sans aucune supervision apparente. Ces scènes de la nature ont éveillé ma curiosité et m’ont conduit à devenir ingénieur, spécialisé dans l’intelligence physique », a-t-il partagé.
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| Le Professeur Ho-Young Kim de l’Université nationale de Séoul, en République de Corée. |
| Photo : BTC/CVN |
Son intervention explore un nouveau paradigme en robotique, où la matière - et non les puces en silicium - assure le calcul, de sorte que l’intelligence est incarnée dans la forme et les matériaux. Ce type d’intelligence physique est courant dans le vivant : les fourmis construisent des ponts et des radeaux par de simples interactions locales ; les tubes germinatifs des champignons repèrent les ouvertures foliaires en se laissant guider par les nervures des feuilles ; les globules blancs engloutissent les intrus en fonction de la chimie de surface. Pourtant, cette approche n’a été que très récemment tentée en robotique.
Le Professeur Ho-Young Kim a présenté des systèmes artificiels développés dans son laboratoire, dont les comportements « intelligents » émergent uniquement des interactions physiques avec leur environnement. Ensemble, ces exemples illustrent une idée centrale : en façonnant les matériaux, les géométries et les interfaces, nous pouvons laisser le corps « réfléchir », ouvrant des voies robustes et économiques pour accomplir des tâches complexes, là où les robots classiques, gourmands en calcul, peinent souvent.
Cœur artificiel pour révolutionner la chirurgie cardiaque
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| Le Professeur associé Dô Thanh Nho de l’Université de New South Wales - UNSW, en Australie présente un "jumeau" cardiaque robotique souple, battant et personnalisé, capable de recréer avec une grande précision les mouvements, les pressions et les flux sanguins d’un cœur réel. |
| Photo : BTC/CVN |
« Les maladies cardiovasculaires (MCV), dont les valvulopathies, l’insuffisance cardiaque et l’AVC, demeurent le premier défi sanitaire mondial, faisant plus de 20 millions de morts chaque année, soit près de 32% de l’ensemble des décès », a dévoilé le Professeur associé Dô Thanh Nho de l’Université de New South Wales - UNSW, en Australie.
Selon lui, si les interventions chirurgicales complexes assistées par des dispositifs cardiaques occupent désormais une place centrale dans la prise en charge, la sélection des patients repose encore trop souvent sur des images statiques, l’historique médical ou des simulations dépourvues de retour dynamique et de retour haptique. À la clé : des évaluations inexactes, une planification sous-optimale et davantage de complications postopératoires.
Son intervention a présenté un « jumeau » cardiaque robotique souple, battant et personnalisé, capable de recréer avec une grande précision les mouvements, les pressions et les flux sanguins d’un cœur réel. Elle a montré comment cette plateforme permet d’identifier avec justesse les patients éligibles, de tester de nouveaux dispositifs cardiaques, de répéter des procédures complexes et d’anticiper les risques avant l’entrée au bloc opératoire, améliorant nettement la sécurité et les taux de réussite.
La présentation a évoqué aussi des perspectives de collaboration pour concevoir des cœurs robotiques souples plus intelligents et plus sûrs, à même de réduire la charge mondiale des MCV. « Ensemble, nous pouvons réinventer la compréhension et le traitement de ces maladies, et raviver l’espoir, battement après battement », a-t-il affirmé.
Développer le potentiel humain par la robotique souple
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| Le Professeur Raymond Kai-yu Tong de l’Université de Hong Kong (Chine). |
| Photo : Phuong Nga/CVN |
L’AVC peut priver des gestes les plus simples : tenir une main, se nourrir, exprimer son amour. Et si la technologie pouvait aider le cerveau à se réparer lui-même, bien après le délai que les médecins jugent possible pour la récupération ?
Lors de l’événement « Conférences inspirantes : la prochaine percée », le Professeur Raymond Kai-yu Tong de l’Université de Hong Kong (Chine) a retracé son parcours d’ingénieur devenu innovateur et a dévoilé la Main de l’espoir, un exosquelette robotique qui capte l’intention et aide les patients à remobiliser leur main, en rééduquant le cerveau par l’action.
Il a présenté ensuite XoMuscle, un muscle artificiel bio-inspiré, souple, puissant et portable, redéfinissant la rééducation avec confort et dignité.
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| La Main de l’espoir, un exosquelette robotique qui capte l’intention et aide les patients à remobiliser leur main, en rééduquant le cerveau par l’action. |
| Photo : Phuong Nga/CVN |
À travers des démonstrations en direct et des témoignages de patients, le Professeur Tong a invité les participants à imaginer un avenir où l’ingénierie ne se contente pas de construire des machines : elle reconstruit des vies.
Agriculture régénératrice
L’agriculture régénératrice figure aussi parmi les thématiques à forte valeur d’usage partagées lors des « Conférences inspirantes : la prochaine percée ».
Nguyên Dô Dung, cofondateur et PDG de l’entreprise agritech Enfarm, a partagé la façon dont l’IA transforme l’agriculture en une force régénératrice pour la planète. Grâce à ses deux plateformes SaaS innovantes (Enfarm App et Enfarm FM), son entreprise aide à la fois les agriculteurs et les acteurs de l’agribusiness à prendre des décisions plus intelligentes et plus durables.
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| Nguyên Dô Dung, cofondateur et Pdg de l’entreprise agritech Enfarm |
| Photo : BTC/CVN |
L’application Enfarm App permet aux petits exploitants de suivre la santé des sols, d’optimiser l’usage des engrais et d’améliorer les rendements grâce à des recommandations personnalisées par IA, avec à la clé jusqu’à 30% de gain de productivité et 30% de réduction des engrais. Cela diminue les coûts et les émissions, tout en aidant les agriculteurs à respecter les normes de durabilité et à obtenir des certifications de commerce responsable et équitable.
En parallèle, Enfarm FM fournit aux entreprises agroalimentaires des outils puissants pour gérer les zones d’approvisionnement, suivre les performances et publier des indicateurs ESG en toute transparence. En reliant les données de la parcelle à l’entreprise, Enfarm bâtit un écosystème numérique de confiance qui soutient la résilience climatique et une croissance régénératrice.
Sous la direction de M. Dung, Enfarm a obtenu une reconnaissance internationale : sélectionnée parmi les 50 meilleurs projets d’IA par le Forum de Paris sur la paix 2025 et classée dans le Top 3 du Challenge d’innovation du Vietnam 2025. Moins d’un an après son lancement, Enfarm servait des agriculteurs dans 14 provinces du Vietnam, s’est développée à l’international avec un contrat couvrant 30.000 hectares aux Philippines et a lancé un projet pilote en Afrique pour lutter contre la désertification et renforcer la sécurité alimentaire, avançant ainsi la mission de M. Dung : transformer la science de rupture en solutions évolutives centrées sur les agriculteurs.
Phuong Nga/CVN








