"2010 s'annonce comme l'année la plus dure pour l'emploi. Même si nous avons touché le fond, la reprise est très lente et il y a une partie des entreprises qui ne s'en sortent plus", déclare Guglielmo Epifani, secrétaire général de la CGIL, le plus puissant syndicat italien.
Alors que la situation sociale avait été calme l'an dernier, l'actualité italienne a été marquée depuis le début de l'année par des annonces de fermetures d'usines et des mouvements de grève.
La décision de Fiat de fermer son site de Termini Imerese en Sicile (Sud) fin 2011 ou celle de l'américain Alcoa d'arrêter son usine en Sardaigne suscitent de vives critiques, car ces régions sont déjà en difficulté.
Les actions-choc de salariés montant sur des toits, des grues ou menaçant de s'immoler comme récemment chez Alcatel se sont multipliées.
S'il ne craint pas vraiment une explosion sociale, M. Epifani met en garde contre un problème de cohésion dans un pays dont le développement industriel est déséquilibré. "S'il n'y a pas de solution pour Alcoa, pour Termini Imerese, il y aura une forte protestation car ces zones n'auront plus d'emplois", dit-il.
Jusqu'à présent, "le système dont nous disposons a assez bien fonctionné et a atténué la baisse de l'emploi" mais "les plus gros problèmes, nous les aurons dans les prochains mois", prédit Antonino Regazzi, secrétaire général de la branche métallurgie du syndicat UIL.
Le dispositif de "cassa integrazione" permet en effet aux entreprises d'arrêter leurs employés lorsque l'activité diminue, même pour plusieurs mois, sans rompre leur contrat de travail. Le salarié touche alors une indemnité financée par les cotisations sociales ou l'État.
Résultat, la progression du chômage a été relativement limitée. Il a grimpé à 8,5% de la population active en décembre, un record depuis 2004, mais reste inférieur à celui de la zone euro qui a atteint 10%.
La Banque d'Italie a toutefois noté que le nombre réel des sans-emploi dépasse les 10% si l'on y ajoute les personnes au chômage partiel et celles qui ne cherchent plus activement un poste, phénomène de "découragement" fréquent dans le sud pauvre. Il faudra donc voir "si les près de 500.000 salariés en +cassa integrazione+ (..) seront réellement en mesure de retrouver leur emploi", alors que la reprise est encore incertaine après la chute du PIB de 4,9% en 2009, prévient Pietro Garibaldi, professeur d'économie politique à l'université de Turin, sur le site internet d'économie lavoce.info.
Le gouvernement s'attend à ce que le chômage soit encore de 8% en 2012. Selon une étude du CGIL, il ne devrait revenir à son niveau d'avant la crise (un peu plus de 6%) qu'en 2018.
AFP/VNA/CVN