Le patron des ventes de Toyota aux États-Unis, Jim Lentz, a admis le 8 février, au cours d'une conversation avec les internautes sur le site Digg Dialogg, que le constructeur japonais avait eu connaissance de problèmes techniques "sur une Tundra en 2007". "Mais nous n'avons jamais pu déterminer précisément pourquoi cette pédale restait coincée", a-t-il ajouté, niant que son groupe ait dissimulé des problèmes récurrents.
Il a indiqué que fin 2008 et en 2009, Toyota avait eu vent de plaintes relatives à des véhicules qui étaient tous conduits à gauche, ce qui a conduit le groupe à attribuer les problèmes à cette spécificité.
Ce n'est qu'en octobre 2009 que le groupe s'est attelé à la question des accélérateurs coincés, après avoir reçu des informations sur des problèmes liés à 3 voitures Corolla, a-t-il ajouté.
De son côté, l'autorité américaine de sécurité routière, la NHTSA, avait ouvert dès mars 2007 "une enquête préliminaire sur des inquiétudes liées à des pédales coincées" sur des modèles Lexus 2007 ES350, avec les tapis de sol identifiés comme "une possible cause".
Cette enquête fut clôturée à la fin de la même année après un premier rappel par Toyota des tapis de sol équipant 4 millions de véhicules.
Le plus gros assureur automobile américain, State Farm, a affirmé le 9 février avoir lui aussi notifié la NHTSA fin 2007 d'une augmentation des problèmes d'accélération brutale sur des véhicules Toyota et Lexus.
Ces signaux ignorés depuis 3 ans font l'objet de critiques croissantes au Congrès américain, visant à la fois Toyota et la NHTSA, accusée d'avoir manqué de vigilance.
Le directeur général de Toyota aux États-Unis, Yoshimi Inaba, et le ministre des Transports, Ray LaHood, devaient être entendus le 10 février par une commission de la Chambre des représentants mais leur audition a été reportée en raison de la nouvelle tempête de neige attendue sur la capitale.
Dans une note préparatoire, la commission de contrôle de l'activité gouvernementale de la Chambre fait état de problèmes avant 2007. "Il y a un faisceau de preuves croissant indiquant que ni Toyota ni la NHTSA n'ont identifié toutes les causes de accélérations soudaines involontaires dans des véhicules Toyota" et que "les solutions mises en place comme les tapis de sol n'ont pas résolu le problème", souligne cette note.
Dans une lettre au président démocrate de la commission, le représentant républicain Darrell Issa affirme même que des "plaintes non élucidées faisant état d'accélérations soudaines de modèles Toyota remontent à 2003" et exprime "des doutes sérieux sur le travail de (la NHTSA) pendant les précédentes administrations".
Le ministre japonais des Transports a lui aussi vertement critiqué Toyota le 9 février pour la lenteur de sa réaction aux problèmes de sécurité, notamment à mettre en place un rappel de Prius pour des dysfonctionnements des freins.
Alors que le premier constructeur mondial a rappelé le 9 février plus de 400.000 Prius 2010 pour des problèmes de freins en plus de quelque 8 millions d'autres véhicules à cause de problèmes d'accélération involontaires, le magazine automobile en ligne The Detroit Bureau affirme, citant des plaintes d'utilisateurs, que les dysfonctionnements des Prius remontent au moins à 2005.
AFP/VNA/CVN