>> La diplomatie culturelle, instrument au service de l’intégration internationale
>> Faire rayonner la culture vietnamienne à l’étranger
>> Une année prolifique pour la diplomatie culturelle
Brand Finance, le premier groupe mondial indépendant d’évaluation de marques et de conseil en stratégie de marque, définit le “soft power” ou puissance douce comme “la capacité d’une nation à influencer les préférences et les comportements de divers acteurs sur la scène internationale (États, entreprises, communautés, publics, etc.) par l’attraction ou la persuasion plutôt que par la coercition”.
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| Défilé d'áo dài au Festival de l'automne de Hanoï, en septembre 2023. |
| Photo : VNA/CVN |
Cela comprend sept “piliers” contribuant à la perception favorable ou défavorable des marques nationales dans l’Indice mondial Soft Power 2023.
La recherche sur les piliers explore divers aspects des affaires et du commerce, de la gouvernance, des relations internationales, de la culture et du patrimoine, des médias et de la communication, de l’éducation et de la science, de la qualité des infrastructures et installations, ainsi que des personnes et des valeurs.
Parmi ces piliers, le “soft power” culturel peut être évalué à travers le système du patrimoine culturel, la gastronomie, les exportations de musique et de cinéma, le nombre de touristes internationaux et d’étudiants étrangers, les performances sportives lors des compétitions internationales...
La culture tout au long de l’histoire nationale
Au Vietnam, la culture est toujours appréciée à sa juste place. Le Président Hô Chi Minh affirma ainsi : “La culture éclaire la voie du peuple”. Le Programme de la culture vietnamienne de 1943 peut être considéré comme le premier Manifeste complet sur l’édification d’une nouvelle culture dans le pays.
L’idéologie du Président Hô Chi Minh sur la culture est la base et le fondement du Parti pour construire une politique de développement de la culture vietnamienne avancée et imprégnée de l’identité nationale. En particulier, en cette période de Renouveau, de développement d’une économie de marché à orientation socialiste, d’accélération de l’industrialisation, de la modernisation et de l’intégration internationale du pays, le Parti a progressivement appréhendé plus profondément le rôle de la culture et la promotion des ressources culturelles au service de l’œuvre d’édification et de défense de la Patrie.
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| La culture est à la fois la finalité et le moteur du développement socio-économique. |
| Photo : VNA/CVN |
Lors de son 5e plénum du VIIIe exercice, tenu en juillet 1998, le Comité central du Parti a publié une résolution thématique sur “La construction et le développement d’une culture vietnamienne avancée et riche de l’identité nationale”. Celle-ci affirme que la culture est à la fois la finalité et le moteur du développement socio-économique, identifiant “l’élargissement de la coopération culturelle internationale” comme l’une des tâches visant à construire la culture vietnamienne au cours de la nouvelle période.
Le rôle des ressources culturelles dans le développement est également cristallisé dans le “Programme d’édification du pays en période de transition vers le socialisme (complété et développé en 2011)”. Le manifeste indique : “Édifier une culture vietnamienne avancée et imprégnée de l’identité nationale, développée intégralement, unifiée dans la diversité, porteuse de valeurs humanistes, démocratiques et progressistes ; faire s’enraciner la culture dans tous les aspects de la vie sociale pour qu’elle devienne la base morale solide, la force endogène importante du développement”.
Les documents du XIIIe Congrès national du Parti, tenu en 2021, ont déterminé de considérer les valeurs culturelles et humaines comme fondement et force endogène du développement durable, de construire l’homme pour qu’il s’épanouisse pleinement, d’harmoniser étroitement les valeurs traditionnelles et modernes…
Dans le contexte de mondialisation et d’intégration internationale poussée, attacher de l’importance à l’avancement des ressources culturelles et humaines et maximiser le potentiel du “soft power” permettent de promouvoir le développement durable, tout en renforçant l’image et la position du pays sur la scène internationale.
Des potentiels à mieux exploiter
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| Le palais de l'Harmonie surprême, un monument de la Cité impériale, classé patrimoine mondial de l’UNESCO. |
| Photo : VNA/CVN |
Riche de milliers d’années d’édification et de développement, le Vietnam est doté d’une longue tradition culturelle. Nous sommes bénis par la nature, avec huit sites du patrimoine mondial naturel et culturel et 15 patrimoines immatériels reconnus par l’UNESCO et un vaste réseau de monuments nationaux et spéciaux, de musées et de villes créatives... Les Vietnamiens sont connus pour leur bonté, leur ouverture et la cuisine vietnamienne est réputée dans le monde entier.
L’histoire rend aussi le Vietnam attrayant auprès des cinéastes et des touristes internationaux. Cette nation héroïque et solidaire, autonome, a traversé bien des périodes de résistance contre l’invasion. Les plus de mille ans de domination chinoise, près de cent ans de domination française ainsi que les deux guerres de résistance contre les colonialistes français et les impérialistes américains ont créé le courage et la bravoure des Vietnamiens. Un pays qui a aussi réussi à éradiquer la faim, à réduire la pauvreté, et à développer une économie dynamique et remarquable.
Cependant, le Vietnam ne dispose pas encore d’un produit ou d’une marque culturelle de classe mondiale, malgré beaucoup de potentiels.
En termes de mode, il y a des stylistes renommés comme Minh Hanh, Công Trí... Ce dernier est notamment un créateur dont les vêtements sont régulièrement choisis par des stars hollywoodiennes.
En matière de musique, la génération de chanteurs talentueux comme Son Tùng M-TP a conquis des fans internationaux. Lors de l’EXPO Dubaï, de nombreux jeunes étrangers sont venus à la Maison des expositions du Vietnam et ont chanté avec passion des airs de Son Tùng M-TP.
Ou encore Hoàng Thùy Linh avec le tube See Tình, populaire dans de nombreux pays à travers le monde. La rappeur Pháo est également un autre exemple d’artiste vietnamien qui est en vogue sur les médias sociaux.
La culture vietnamienne est attractive et a du potentiel. Il en va de même pour le cinéma, le 7e art, ayant une riche tradition et de nombreuses histoires à raconter au monde. L’important est de savoir comment l’exploiter et le promouvoir.
Un consensus est nécessaire
“Le +soft power+ doit être construit sur la base du système de valeurs nationales”, clame Nguyên Phuong Hoà, directrice du Département de la coopération internationale, relevant du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.
Chaque période historique, chaque localité et région possède ses propres valeurs culturelles. Ces valeurs existent depuis de nombreuses générations, mais pour se cristalliser en valeurs communes à l’ensemble de la nation, il faut un consensus entre experts, gestionnaires et personnes de tous horizons...
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| Pour les Vietnamiens, les valeurs familiales occupent une place prépondérante. |
| Photo : VNA/CVN |
Le Vietnam est un pays pacifique, développant une économie dynamique, avec une population altruiste et humaine, ayant laissé le passé derrière elle pour se tourner résolument vers l’avenir, tout en préservant une culture riche. Les valeurs familiales occupent une place prépondérante, et la connexion avec la communauté et le village représente une caractéristique commune aux Asiatiques en général.
Ce sont des valeurs culturelles qui imprègnent tous les domaines de la vie sociale et chaque Vietnamien comme système de valeurs et une force endogène.
Pour assurer la sécurité, préserver la paix et renforcer l’influence du pays, le “soft power” est considéré comme un moyen efficace. “Le Vietnam doit promouvoir ces valeurs”, insiste Nguyên Phuong Hoà.
Dans le passé, il fut un temps où le choix de la “fleur nationale” et du “costume national” était populaire, mais cela n’a donné aucun résultat. En fait, la majorité reconnaît encore implicitement le lotus comme la fleur représentative du Vietnam et l’áo dài (tunique traditionnelle) comme le vêtement national. On pourrait confier à une agence spécialisée la mission de trancher, avec de nombreux débats. Mais ce sera toujours la population qui pèsera le plus et qui décidera in fine. Il faut donc qu’il y ait un consensus populaire sur ces symboles. En outre, l’Assemblée nationale, l’organe représentatif le plus élevé du peuple, peut adopter des résolutions sur cette question, d’après la cheffe du Département de la coopération internationale.
Pour construire un “système de valeurs national”, il faut une prise de conscience sur la nécessité de créer un consensus et de susciter des aspirations. De cette prise de conscience naîtront des actions et des comportements corrects.
Il faut ensuite un investissement adéquat, tant au niveau national qu’international. Sans investissement suffisant ni produits uniques et précieux, il n’y aura rien à exporter ou à présenter à l’étranger. Sans un label fort, il sera impossible de promouvoir efficacement notre nation. Les deux aspects de l’investissement intérieur et de la promotion doivent donc être menés de front.
Il est nécessaire de mettre en œuvre une communication efficace, soutenue par une stratégie marketing solide pour transmettre le message du pays. De nos jours, il faut profiter de la puissance du numérique, permettant une interaction immédiate et touchant des centaines de millions, voire des milliards de personnes à travers le monde.
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| Représentation artistique inaugurant l’Année Vietnam - Italie en 2023 à Rome. |
| Photo : VNA/CVN |
D’après l’experte du ministère de la Culture, “le +soft power+ exige également que les institutions culturelles organisent des activités régulières et continues à l’étranger”.
Lorsque le Vietnam occupera une position et un prestige élevés, sa capacité de faire rayonner la culture nationale sera également renforcée, avec la création de centres culturels à l’étranger. Ceux-ci joueront un rôle essentiel en tant que lieux de rencontre pour les Vietnamiens d’outre-mer désireux de renouer avec leurs racines et de participer ensemble à des activités culturelles traditionnelles.
“Pour le bon fonctionnement de ces centres culturels, il est nécessaire de former des ressources humaines, des acteurs culturels professionnels connaissant à la fois la culture nationale et celle du pays d’accueil, possédant des compétences en langues étrangères et dans l’organisation d’activités culturelles et artistiques”, conclut la directrice du Département de la coopération internationale.
Van Huynh - Xuân Lôc/CVN
