Un expert français affirme l’importance militaire et politique des Accords de Genève

Les Accords de Genève de 1954 sur la cessation des hostilités au Vietnam a ouvert une nouvelle page dans la cause de libération et d'unification nationale. Des années ont passé, de nombreux Français s'intéressent toujours à la bataille finale du corps expéditionnaire, qui fut aussi le début du processus de décolonisation de la France.

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Le Docteur Eric Coudray est l'un d'entre eux. Il a récemment partagé avec l'Agence Vietnamienne d'Information sur la signification historique et l'importance de cet accord.

Le Docteur Eric Coudray.
Photo : VNA/CVN

Quelle est votre évaluation sur l'importance et la signification historique des Accord de Genève de 1954 sur le cessez- le-feu au Vietnam ?

Les Accords de Genève mettent fin à une guerre de neuf ans en Indochine, commencée à l'arrivée des troupes françaises en septembre 1945. L'issue de la bataille de Dien Bien Phu en a hâté la signature, en montrant aux Français que la guerre ne pouvait pas être gagnée et qu'il fallait négocier. Ces accords sont donc décisifs par rapport à la première guerre d'Indochine (ou du Vietnam, selon les historiens) et forcent les nations à reconnaître la République démocratique du Vietnam qu'ils avaient niée auparavant. Genève ne marque pas immédiatement la paix puisqu'elle va s'étendre à toute l'Indochine le 11 août 1954. Quelques combats de guérilla vont localement se poursuivre jusqu'au printemps 1955 dans les maquis thaï et hmong créés par les Français au Nord-Laos et au nord du Tonkin. Le corps expéditionnaire français évacue le nord du Vietnam à Haiphong le 11 mai 1955 et quitte définitivement le Vietnam en 1956.

Selon vous, quel est le rôle des Accords de Genève en faveur des deux guerres de résistance du Vietnam contre le colonialisme français et l'impérialisme américain ?

En 1954, ces accords marquent le vrai début de la décolonisation de l'empire français ; ils confortent donc les chefs de la RDVN dans la justesse de leur combat pour l'indépendance et de leur stratégie de guerre révolutionnaire. Sur le reste, les accords sont insuffisants et vont directement être à l'origine d'une autre guerre. Ni les Etats-Unis ni l'Etat du Vietnam, au sud, ne signent ces accords. La partition du Vietnam décidée à Genève entre Nord-Vietnam et Sud-Vietnam ne solutionne pas totalement le conflit qui va se poursuivre par une longue guerre civile entre Vietnamiens jusqu'en 1975 d'autant que le référendum prévu pour unifier les deux Vietnam se voit rejeté. Le président Diem appelle un soutien des Etats-Unis et la guerre s'amplifie avec l'intervention américaine ; près de vingt ans de guerre sanglante qui ont laissé des traces au nord comme au sud du Vietnam et dans chaque population des pays concernés.

Comment évaluez-vous le rôle de la diplomatie vietnamienne dans le succès des Accords de Genève de 1954 sur la cessation de la guerre au Vietnam ?

Tant que Georges Bidault est resté le négociateur français jusqu'au 19 juin 1954, la diplomatie vietnamienne n'avait pas de prise sur les négociations. La RDVN était le vainqueur militaire mais son poids politique était encore faible. Le dialogue de sourds entre les deux délégations, ne serait-ce que sur la définition de la frontière (13e parallèle pour la délégation vietnamienne, 18e parallèle pour les Français) mettaient les négociations dans l'impasse. Pierre Mendès France, nouveau président du conseil, débloque lentement la situation en acceptant un vrai dialogue avec les Vietnamiens, en se donnant un mois pour réussir la paix ce qui met une pression sur l'ensemble des délégations, sans quoi la guerre d'Indochine se poursuivra. Personne n'y a intérêt.

C'est pourquoi, malgré la volonté de Pham Van Dong, les Chinois ont "incité fortement" les Vietnamiens à accepter le 17e parallèle comme frontière et à signer les accords. La RDVN a gagné, les accords officialisent un Vietnam communiste au nord qui a battu les Français. Mais c'est une victoire amère car ces accords sont, de l'avis de Giap, un "déchirement" pour une partie des Vietnamiens malgré l'espoir mis dans le référendum et il est alors probable, pour une partie des dirigeants, qu'il faudra une autre guerre pour réunifier le Vietnam. 

VNA/CVN

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