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Située dans la paroisse de Bac Ninh, province éponyme du Nord, la cathédrale de Nui Bông a de superbes vitraux, notamment celui de la Vierge Marie tenant Jésus dans ses bras.
Chaque détail s’harmonise avec les verres colorés et des motifs raffinés créant un tableau parfait et scintillant. Ces vitraux ont été réalisés par l'"Artisan Émérite" Vinh Coba, de son vrai nom Pham Hông Vinh, un des rares verriers du Vietnam.
L'artisan Vinh Coba. |
Fort de plus de 30 ans d’expériences dans le métier, Vinh Coba, président du conseil d’administration de la compagnie Coba Art Glass, a emmené cet art vers de nouveaux sommets avec l’élaboration de techniques de sculptures sur des vitraux de grande taille pour créer des produits 100% "made in Vietnam". Ses créations, qui se retrouvent dans divers secteurs : construction, arts décoratifs, objets de souvenir…, sont protégées par des brevets de propriété intellectuelle au Vietnam.
Une passion grandissante lors des visites des églises
Née en 1961, le Hanoïen Pham Hông Vinh, vivant à proximité de la paroisse de Hà Dông (relevant de l’archidiocèse de Hanoï), se passionne dès l’enfance pour l’art des vitraux.
Bien qu’il ne soit pas catholique, il s’est souvent rendu dans les églises pour contempler des peintures sur verre. Il se demandait toujours "Comment on fabrique ces vitraux ? Pourquoi ils ne se décolorent jamais ?". C’est ainsi qu’est née sa passion.
Un vitrail de la cathédrale de Nui Bông réalisé par Vinh Coba. |
Photo : CTV/CVN |
Une fois diplômé de l’Université d’économie nationale en finance-banque en 1983, Pham Hông Vinh a travaillé au service d’arbitrage économique d’une province du Nord pendant cinq ans avant de se lancer dans l’artisanat de la céramique. Mais à cause de nombreuses difficultés, un manque d’équipement et de savoir-faire, son atelier a fait faillite.
Il s’est lancé ensuite dans la fabrication des pierres à meuler (pour les vitraux), ce qui l’a ramené vers sa passion d’enfance. En 1990, Pham Hông Vinh a commencé à développer la peinture sur verre et a consacré des années à l’étude des méthodes de fabrication des vitraux de France, d’Italie et d’Espagne.
D’après l’artisan, à cette époque-là, seules deux méthodes de fabrications des vitraux sont courantes dans le monde : la méthode traditionnelle au plomb (assembler les pièces de verre en les encastrant dans des baguettes de plomb) et celle de Tiffany (du nom de son inventeur), où, à l’inverse, chaque verre est entouré d’une bande de cuivre et les bords de cette bande sont ensuite repliés sur le verre. Après la préparation de chaque pièce de verre, les bords des pièces sont ensuite soudés les uns aux autres avec de l’étain.
Plus de 30 ans d'efforts pour atteindre la perfection
Tout en approfondissant ses connaissances des techniques de fabrication des vitraux, Vinh Coba a développé encore sa propre méthode : réaliser des sculptures directement sur une pièce en verre de grand format (d’une superficie de 1,2 m2 - 1,5 m²) grâce à la sableuse, puis l’enduire de couleurs avant de la passer au four. Il a aussi inventé la méthode du givrage du cristal et les miroirs anti-buées.
Après de nombreux échecs, l’artisan a réussi à créer des vitraux trempés qui sont dix fois plus résistants. Et il affirme avec l’humour : "J’ose donner une garantie de 500 ans pour mes vitraux". Chaque œuvre est marquée par la passion et le travail acharné de l’artisan.
Une œuvre de Vinh Coba. |
Photo : VNP/CVN |
En tant qu’un artisan aux mains d’or, Vinh Coba a restauré et changé des centaines de vitraux dégradés ou brisés dans plus de 70 églises du Nord au Sud du pays. Chacun constitue une véritable œuvre artistique colorée inspirée de l’art gothique occidental avec des influences orientales, représentant Dieu, la Vierge Marie, ou des saints.
La réalisation d’un vitrail requiert minutie, patience et dextérité dans chaque détail. "Pour remplir un mètre carré de vitrail, il faut une semaine, puis la sculpture prends de trois à quatre jours. Après avoir été enduit d’une couche d’émail céramique, le produit est mis au four à 700oC. Grâce à cela, les vitraux sont capables de résister aux intempéries, et ne perdent pas leurs couleurs", fait savoir M. Vinh.
Pour des vitraux importés d’Europe, le prix s’élève à 3.000 USD le mètre carré (environ 70 millions de dôngs), contre 300 USD le mètre carré pour ceux de marque Coba, produits dans l’atelier de M. Vinh. Les vitraux Coba sont ainsi bon marché tout en restant esthétiques et de grande qualité.
Son atelier à Son Tây, à 40 km de la capitale, regorge de centaines de vitraux et peintures sur verre, hautes en couleurs. À côté des œuvres inspirées de Dieu, des saints, de la Renaissance (1330-1630), ou de Pâques…, cet artisan talentueux réalise aussi des œuvres sur la culture traditionnelle du Vietnam, avec des représentations de dragons, de phénix, de lotus ou de la Cité impériale de Thang Long - Hanoï. Il souhaite mettre en lumière les identités vietnamiennes à travers ces œuvres colorées.
Une médaille d’or en Russie
Chaque œuvre est marquée par la passion et le travail acharné de l’artisan. |
Photo : CTV/CVN |
Le 6 septembre, l'"Artisan Émérite" Pham Hông Vinh s’est vu décerner la médaille d’or pour ses vitraux Coba lors du 25e Concours international d’invention en Russie. Organisé par l’Association mondiale pour la propriété intellectuelle des inventions (WIIPA), l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et un certain nombre d’organismes russes, ce concours a attiré les inventeurs de plus de 60 pays et territoires du monde. Pham Hông Vinh est le seul représentant du Vietnam à y avoir participé et a remporté la plus haute distinction.
"Les vitraux de Pham Hông Vinh sont originaux et ont été très appréciés lors de ce concours. Ils montrent ses efforts constants pour faire connaître au monde les vitraux +made in Vietnam+", estime Phan Quôc Nguyên, responsable des relations extérieures de l’Association vietnamienne des travailleurs créatifs (VLCA) et représentant de la WIIPA au Vietnam.
Phuong Hà/CVN
Le vitrail dans le monde, art de lumière
Le vitrail est une composition formée de différentes pièces de verre. Celles-ci peuvent être blanches ou colorées et peuvent être décorées par l’artisan. Le mot vitrail désigne une technique, alors que la fermeture d’une baie fixe avec du verre s’appelle une verrière. Le plus ancien vitrail connu encore intact date de 1030-1060. On retrouve des traces de vitrail primitif durant l’Antiquité tardive (284-VIIIe siècles) sur des édifices religieux chrétiens. Le vitrail actuel a été inventé au début du Moyen Âge (Ve-XVe siècles), avec des pièces de verre assemblées par des baguettes de plomb, spécialement profilées.
La fabrication d’un vitrail nécessite de nombreuses étapes et requiert beaucoup de minutie et de patience avant de parvenir à la forme finale. La première phase consiste à réaliser un dessin préparatoire incluant les couleurs et le graphisme. Ensuite, la maquette est reproduite, grandeur nature, incluant le réseau de plomb, afin de servir de base à la création. Vient ensuite la découpe des verres aux formes souhaitées puis la pose des plombs à l’aide de baguettes malléables. Cette étape permet d’assembler les pièces de verre entre elles en épousant leurs contours mais aussi d’encadrer le panneau complet. L’opération est complétée par le rabat des ailes du plomb et une soudure aux intersections de chaque morceau de plomb. L’ensemble est ensuite rigidifié par l’application d’un mastique liquide comme le blanc de Meudon ou le blanc d’Espagne avant un nettoyage complet du panneau.
Selon l’Institut national des métiers d’art, la France, pays de cathédrales et d’églises, est le pays qui a la plus grande surface de vitraux dans le monde, environ 90.000 m²!