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Trân Thanh Tong. |
Photo : VOV/VNA/CVN |
Nous sommes arrivés à la boutique de monsieur Tong alors qu’il finissait une robe Nhât Binh, une tenue royale officielle jadis réservée exclusivement aux princesses, aux reines et aux concubines très haut placées. Ce quinquagénaire a derrière lui 30 ans d’expérience de confection de costume sur mesure. Mais depuis 2018, il s’est lancé dans la confection de vêtements traditionnels, en raison du nombre croissant de jeunes qui aiment porter une tenue à cinq pans lors de grandes occasions.
Une tenue à cinq pans se fait entièrement à la main, de la doublure jusqu’aux boutons, et nécessite une dextérité exceptionnelle.
"Pour tout type de vêtement, le col nécessite le plus de soin, car cette partie dévoile le niveau d’habileté et d’exigence du couturier. Ensuite, il faut faire très attention à la rangée de boutons. Plus les boutons sont petits et sophistiqués, plus la tenue est élégante", explique monsieur Tong.
Pour reproduire fidèlement la forme traditionnelle d’une tenue à cinq pans, monsieur Tong est allé voir Nguyên Duy Linh, un jeune chercheur en culture méridionale résidant dans la province de Vinh Long, qui lui a donné des explications sur les détails de cette robe.
Ensemble, les deux se sont rendus dans différents musées et centres culturels pour noter les caractéristiques de chaque type d’habit. Les tenues royales portées lors des grandes cérémonies sont toutes très sophistiquées. Les motifs sur chaque pan doivent être parfaitement symétriques et harmonieux, indique Duy Linh.
Trân Thanh Tong (droite) et Nguyên Duy Linh, un jeune chercheur en culture méridionale, tiennent une robe Nhât Binh. |
Photo : VOV/VNA/CVN |
"Avant de réaliser une tenue, monsieur Tong a l’habitude de concevoir dans sa tête les motifs qu’il va reproduire sur le tissu. Il fait office de lien entre les jeunes et notre culture traditionnelle. Les tenues qu’il fait sont un bel instrument de promotion de la tradition vestimentaire du pays", dit-il.
À l’instar de beaucoup de jeunes, Lê Trinh, un mannequin de 23 ans, aime porter des tenues traditionnelles pour se prendre en photo ou pour des occasions spéciales. Cette jeune femme originaire de la province de Soc Trang s’est rendue à la boutique Thanh Tong pour acheter une robe à cinq pans.
"Une amie m’a donné cette adresse. Je suis impressionnée par la beauté des robes à cinq pans. C’est la première fois que je les vois de près. C’est vraiment original", constate-t-elle.
Cette tenue a fait son apparition au Vietnam il y a plus de deux siècles et sa valeur dépend en grande partie de la compétence du couturier, fait savoir Nhâm Hung, un chercheur en culture méridionale. Il apprécie beaucoup le talent et la passion de Thanh Tong.
Une tenue traditionnelle du Vietnam faite par Trân Thanh Tong. |
"Les tenues traditionnelles sont très coûteuses en argent et en temps. À vrai dire, c’est beaucoup moins rentable que d’autres types de vêtements. Pour exercer ce métier, les couturiers doivent avoir une grande passion et beaucoup de courage. J’espère que le travail de monsieur Tong pourra inspirer ses collègues et qu’un plus grand nombre de jeunes s’intéresseront aux tenues traditionnelles", déclare-t-il.
Si au départ, la motivation de monsieur Tong était purement commerciale, après quatre ans de recherches et de travail intense, aujourd’hui, il s’attache profondément à la préservation des tenues vietnamiennes.
"Je veux apporter un nouveau souffle aux habits traditionnels pour donner envie aux jeunes de les porter et de les présenter à un plus grand nombre de personnes. Je souhaite que la beauté de notre culture ne tombe pas dans l’oubli", confie-t-il.
La passion et l'action de Thanh Tong contribuent à faire renaître de ses cendres la tenue à cinq pans vietnamienne.
VOV/VNA/CVN