>> Tunnels rafle le box-office, engrangeant près de 800.000 dollars en une seule journée
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Photo : CTV/CVN |
Bùi Thac Chuyên est l’un des réalisateurs les plus estimés par les professionnels du cinéma comme par le public. Bien que ses œuvres soient peu nombreuses, elles ont toutes remporté des prix cinématographiques, tant au niveau national qu’international. Il a notamment été récompensé quatre fois comme meilleur réalisateur aux prix Cerf-Volant en 2005 et 2023, et lors des 16e et 23e éditions du Festival du film vietnamien.
Après des films tels que Living in fear (Vivre dans la peur) en 2005, Adrift (Vertiges) en 2009, The Outlaw Doctor (La malédiction du sang d’absinthe) en 2009, il est resté absent du paysage cinématographique pendant une longue période avant de revenir avec Glorious Ashes (Cendres glorieuses) en 2022. Ce film a remporté le Lotus d'Or, le Cerf-Volant d'Or et de nombreux autres prix prestigieux. Deux ans plus tard, Bùi Thac Chuyên revient avec Tunnels : Soleil dans l’obscurité - un film réalisé à l’occasion du 50e anniversaire de la Réunification nationale (1975-2025).
Il y a dix ans, tout ce que le réalisateur connaissait de Cu Chi (commune de Phu My Hung, district de Cu Chi, Hô Chi Minh-Ville) restait simple : un terrain renommé pour ses tunnels souterrains. Mais à l’issue de recherches approfondies, plusieurs informations l’ont étonné. Trouvé à proximité de Sài Gon (ancien nom de Hô Chi Minh-Ville), ce terrain s’étend sur seulement 400km2. Les empires français et américains ont consécutivement cherché à le détruire par tous les moyens avant de devoir l’un comme l’autre accepter leur échec. Les révolutionnaires y vivaient et se rendaient toujours maîtres de ce terrain.
Un matériel spécial
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Photo : VNA/CVN |
"Les habitants locaux et les guérilleros étaient les propriétaires de ce terrain", a souligné le réalisateur. Ils ont été équipés d’armes rudimentaires, pourtant, les envahisseurs français et américains, avec toute leur immense machine de guerre, les moyens scientifiques et techniques les plus modernes, n'ont rien pu faire pour anéantir les guérilleros vietnamiens. "Je voulais vraiment chercher à comprendre et expliquer cette histoire. Sur le plan cinématographique, les tunnels seraient un matériel spécial pour un film. Notre tâche était de raconter cette histoire. Pourtant, lorsque j’ai commencé à mettre mes mains dans la pâte, je me suis confronté à une série de problèmes. C’est la raison pour laquelle, depuis cette époque jusqu’à aujourd’hui, aucun film n’avait été tourné sur les tunnels de Cu Chi", a partagé Bùi Thac Chuyên.
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Photo : CTV/CVN |
"Premièrement, personne n’a pu voir de ses propres yeux comment étaient les tunnels. Avec le temps, ils ont été en grande partie effondrés, ensevelis. Les éléments liés à la nature, s’ils ne sont pas utilisés pendant une dizaine d’années, finissent tout simplement par disparaître. Deuxièmement, les tunnels encore existants aujourd’hui ont été largement modifiés pour s’adapter aux visites touristiques et ils ne conservent plus leur forme originale", a-t-il expliqué.
La vie dans l'obscurité
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Photo : VNA/CVN |
Mais ceci était le moindre des problèmes. Le vrai défi, plus important et extrêmement complexe, étant de tourner le film dans un espace aussi étroit. Une équipe de 300 personnes ne peut pas y travailler. "Il était certain que je devrai reconstituer les tunnels en studio, calculer toutes les questions liées au méthode de tournage et à la source de lumière utilisée. En réalité, la vie dans les tunnels se passait dans l’obscurité. Les gens y vivaient dans le noir, et les lampes torches étaient extrêmement chères et rares".
"À cela s’ajoute le budget. Quel investisseur serait prêt à dépenser de l'argent pour un film de guerre à gros budget avec un faible potentiel de retour sur investissement ? Les films sur ce thème sont principalement financés par l'État et ont souvent une forte dimension propagandiste. Cela constituait également un obstacle majeur pour ce projet", a expliqué le cinéaste.
Bùi Thac Chuyên a également consulté plusieurs sources de documents historiques. D’abord, il a cherché les notes et films américains, outre les articles et les films vietnamiens. D’autre part, il a exploité des histoires des participants aux luttes dans ces tunnels.
"Les guérilleros de Cu Chi n'avaient pas seulement un amour profond pour leur pays, mais ils étaient aussi très intelligents. C’est cet aspect que j’ai voulu mettre en avant. On ne peut pas gagner uniquement avec l’amour pour la patrie ou le courage, il faut aussi de l’intelligence et une stratégie. Car il s’agissait d’une guerre menée par une petite nation contre un ennemi mille fois plus puissant. Si nous n'avions pas été intelligents, nous aurions été anéantis depuis longtemps", a-t-il analysé.
Après avoir vu le film, beaucoup de jeunes disent au réalisateur : "Je vais visiter Củ Chi." "Le film ne suscite que responsabilité et gratitude envers les générations passées. Chacun doit avoir son propre livre d’histoire dans la tête, sa propre approche. Cela peut être encore plus profond que ce que je sais, et cela me rend vraiment heureux", a exprimé le cinéaste.
Vân Anh/CVN