Pourriez-vous nous éclairer davantage sur cette notion de «structure démogra-phique d’or» ? Et dans la période actuelle, quel avantage le Vietnam peut-il en tirer ?
Le Vietnam est actuellement dans une période marquée par une structure démographique idéale. Cela veut dire que sa population active est bien plus importante que celle qui ne l’est pas, avec un ratio de 2 pour 1, ce qui est très favorable pour son développement socio-économique. Le problème est de savoir l’exploiter le mieux possible avant qu’elle ne se termine.
Au Vietnam, sont considérés comme actifs les 15-59 ans. Cette «structure démographique d’or», c’est-à-dire ce ratio de deux actifs pour un inactif, disparaîtra lorsque le taux de fécondité sera bien supérieur au taux de renouvellement ou alors qu’il chutera - avec à la clé un vieillissement de la population.
Par ailleurs, cette période d’âge d’or pourrait être gaspillée si nous n’en profitons pas pour créer des «ressources humaines en or».
Lors du séminaire «le déséquilibre des sexes à la naissance» tenu récemment à Hanoi, vous avez dit que la période de «vieillissement de la population» a déjà débuté au Vietnam, six ans plus tôt que prévu. Pourriez-vous nous en dire davantage ?
Selon les prévisions, le taux d’habitants de 60 ans et plus devrait atteindre 10% de la population vietnamienne en 2017. Ce sera alors le début de la période dite de «vieillissement de la population». Car, cette période est comptée lorsque les plus de
60 ans représentent 10% et plus de la population nationale, ou bien lorsque le groupe des 65 ans et plus en représente 7%.
Au Vietnam, les statistiques ont montré que la population des actifs a doublé celle des inactifs en 2007, c’est-à-dire que la période démographique «d’or» a commencé en 2007 et pourrait durer 30 ans, selon les experts. Cependant, au 1er avril 2010, le taux des 60 ans et plus était déjà de 9,4% ; et celui de plus de 65 ans, de 6,8%. Juste un an après, le 1er avril 2011, ces taux était respectivement de 10,1% et 7,2%. Une réalité qui montre que le pays a débuté sa période de «vieillissement de la population» en 2011.
Toutefois, je voudrais bien affirmer que cette période ne sera pas un fardeau pour la société, bien au contraire, à condition que le pays s’y soit bien préparé.
Le Vietnam s’efforce d’atteindre l’objectif, en 2015, d’un taux de 1,9 enfant par couple. |
Photo : Duong Ngoc/VNA/CVN |
Que pensez-vous de l’état actuel du déséquilibre des sexes à la naissance ?
Le déséquilibre des sexes à la naissance ne cesse de se creuser : 112 garçons/100 filles en 2009, 110,5 garçons/100 filles en 2010 (contre 110 garçons/100 filles en 2006). La principale cause est culturelle : la volonté farouche des Vietnamiens d’avoir un descendant mâle. Beaucoup de couples souhaitent avoir au moins un fils pour continuer la lignée familiale, s’occuper d’eux à leurs vieux jours et du culte des ancêtres. Grâce à l’échographie qui peut être pratiquée partout dans le pays, même dans les localités les plus reculées, ils peuvent connaître le sexe du fœtus, et décider d’un avortement si celui-ci ne leur convient pas. Cette conception très enracinée dans la culture vietnamienne a fait obstacle au programme national de planning familial dont les objectifs fondamentaux sont : primo, d’avoir un ou deux enfants par couple ; secundo, d’assurer l’équilibre des sexes à la naissance ; et tertio, d’améliorer les indicateurs démographiques.
Quelles mesures le DPPF a-t-il prises pour mener à bonne fin sa stratégie 2011- 2020 sur la population et la santé génésique ?
«Famille peu nombreuse, enfants en bonne santé» est un des leitmotiv de cette stratégie avec comme objectif, en 2015, un taux de 1,9 enfant par couple. Parallèlement, sont déployées des activités visant à l’amélioration des indicateurs démographiques (taille, longévité... des Vietnamiens).
Il faut par ailleurs entreprendre une sensibilisation de fond afin de changer cette conception des habitants sur «la nécessité absolue d’avoir un garant de la lignée familiale». Concrètement, 11.000 agents spécialisés et 168.000 collaborateurs locaux seront mobilisés dans tous le pays, avec comme tâche de frapper à chaque porte et d’expliquer à chaque famille. De plus, l’avortement sélectif, basé uniquement sur le sexe du fœtus, sera considéré non seulement comme une infraction à la loi, mais encore comme une atteinte aux valeurs de l’humanité.
Nghia Dàn/CVN