L’ouverture du marché de l’assurance-non vie a lieu dès maintenant, quelles conséquences pour le marché domestique ?
L’apparition au Vietnam des compagnies étrangères sous forme de filiales à 100% de capital étranger dans le secteur des assurances-non vie va certes avoir des conséquences pour le marché domestique. Il y a des aspects positifs comme négatifs. D’un côté, le Vietnam en retirera d’abord des avantages tels que nouvelles sources de capitaux, expérience professionnelle, technologies et savoir-faire en matière de gestion. Ensuite, la présence de ces compagnies entraînera une plus forte compétition, obligeant leurs homologues du Vietnam à s’améliorer à tous points de vue : gammes de produits, qualité des services, productivité et rentabilité... Enfin, ces mêmes compagnies leur permettront de se décharger de certains secteurs spécifiques comme celui des assurances internationales, notamment dans le transport aérien ou maritime, ou encore l’import-export...
De l’autre côté, les assureurs vietnamiens risquent de perdre beaucoup s’ils ne se préparent pas soigneusement, jusqu’à subir une faillite, et cela concerne ici nombre d’aspects de leur profession : capacité financière, expérience, maîtrise des technologies, ressources humaines... À cela, il faut ajouter une «fuite des compétences» compte tenu du régime de traitements privilégié accordé par les assureurs étrangers s’implantant au Vietnam... À terme, le plus grave serait un marché des assurances dominé par les compagnies étrangères.
Les assurances pour l’agriculture, dont l’élevage, un des nouveaux secteurs à exploiter des compagnies d’assurances. Photo : Trân Viêt/VNA/CVN |
Quels sont les désavantages et les avantages de la situation pour les compagnies domestiques ?
Le principal désavantage pour nos compagnies, c’est l’évolution de la concurrence qui sera faussée, compte tenu des forces en présence, si elle n’est pas gérée et contrôlée de manière adéquate. Dans la réalité, la filiale d’un assureur étranger peut faire remonter toutes les primes d’assurances perçues vers sa compagnie mère située à l’étranger. Il y a dans ce cas une ambiguïté entre réassurance et transfert de chiffre d’affaires à l’étranger, ambiguïté sur laquelle l’assureur étranger pourrait spéculer, sachant que l’opération de réassurance est mise sous contrôle rigoureux. Selon la loi, une compagnie d’assurance installée au Vietnam ne peut que partiellement se réassurer à l’étranger, et, en l’occurrence, ne peut transférer qu’une partie de ses primes d’assurances. À cela vient s’ajouter un frais de transfert des primes de réassurance, qui est plus important que le frais de transfert de chiffre d’affaires.
Néanmoins, les compagnies vietnamiennes ont également des avantages, le premier et non des moindres est de posséder un réseau dans tout le pays, composé de plusieurs filiales et agences d’assurance, alors qu’une compagnie étrangère n’a le droit, selon la réglementation, d’ouvrir qu’une seule filiale au Vietnam.
Nos assureurs sont-ils prêts à cette nouvelle concurrence, selon vous ?
On note déjà des signes positifs : l’année dernière, nombreuses sont les compagnies vietnamiennes qui se sont employées à embaucher leur capital légal, diversifier leurs produits, agrandir leur sphère d’activité, enbaûches du personnel et à moderniser leur informatique. Je veux insister sur le fait qu’elles ont encore de nouveaux secteurs à exploiter à la suite de la décision gouvernementale-315 entrant en vigueur le 1er juillet 2011. On peut citer les assurances pour l’agriculture, le crédit, l’export, la santé, la responsabilité des établissements de santé, ou encore celle des établissements de gestion et d’exploitation de substances radioactives... Bref, qui avancera le premier gagnera.
Bao Viêt, le porte-drapeau
En 2011, la compagnie d’assurances Bao Viêt a mené à bien sa stratégie en atteignant tous ses objectifs, selon son directeur général Trân Trong Phuc : chiffre d’affaires de 5.775 milliards de dôngs, croissance de 17%, bénéfices avant imposition de 450 milliards dôngs..., confortant ainsi sa place sur le marché domestique dans le segment de l’assurance-non vie.
Pour 2012, en cette conjoncture de difficultés économiques persistantes dans le monde entier, la Bao Viêt s’est fixée des objectifs plus modestes : un chiffre d’affaires de 6.580 milliards de dôngs soit une croissance de 14,5%, et des bénéfices avant imposition de 462 milliards de dôngs. «Il s’agit de chiffres qui font rêver beaucoup d’autres entreprises», a déclaré satisfait Trân Trong Phuc avant de promettre de mener au succès le projet gouvernemental d’expérimentation d’assurances agricoles durant la période 2011-2013, avant de s’engager plus tard dans celui sur l’assurance crédit à l’export.
À noter que le segment assurance-non vie du Vietnam a réussi à maintenir une croissance de 20% en 2011.
Nghia Dàn/CVN