D’après vous, quelles sont les contributions majeures du secteur bancaire à la maîtrise de l’inflation en 2011 ?
Assurément le contrôle du crédit, dont le taux de croissance n’a été que de 12% à 13% l’année dernière alors que, pour rappel, il était en moyenne de 29,4% de 2000 à 2011 avec un pic de 33% entre 2006 et 2011. En d’autres termes, il s’agit du plus bas taux de ces dix dernières années, lequel a concouru à la limitation de l’inflation à 18%. Vous pouvez faire des hypothèses avec une croissance du crédit bancaire de 29,4% ou de 33% pour telle ou telle taux d’inflation... Il est indéniable que ce contrôle de l’octroi de crédit a notablement participé à la maîtrise de l’inflation.
L’activité bancaire a largement soutenu la croissance de notre économie, notamment en participant à l’amélioration de l’efficience des investissements, mais aussi à assurer le bien-être social. Le système bancaire national a en effet satisfait à plus de 80% des besoins en capitaux de notre économie, avec une augmentation de plus de 15% des crédits destinés à la production et un record de 58% pour les exportations. Ce sont les secteurs de pointe, dont l’agriculture et l’export, qui ont été privilégiés et ont bénéficié des meilleures conditions préférentielles, permettant par exemple à l’export une impressionnante croissance de plus de 30% en comparaison de la prévision annuelle de 10% à 13%.
La restructuration du système bancaire est un impératif en cette conjoncture afin d’élever la compétitivité de ce secteur. |
Pour quelle raison le gouvernement exige-t-il la res-tructuration de notre système bancaire ?
Depuis des années, le gou-vernement donne de bonnes conditions à la création et au développement soutenu d’organismes de crédit. Mais une telle croissance recèle en elle-même des faiblesses et donc des risques pour le système bancaire. Les faiblesses les plus préoccupantes tiennent à une évolution insuffisante de la qualité et de la rentabilité de l’activité de ces organismes par rapport à celle du marché, ainsi que des problèmes de transparence pour un certain nombre d’entre eux. Leurs causes sont diverses, des fluctuations et difficultés de l’économie nationale comme mondiale, un personnel pas toujours suf-fisamment qualifié, en passant par un management en défaut ou de mauvais investissements dans les technologies bancaires, essentielles en ce domaine...
Le concours de ces faiblesses et l’absence de leur règlement en temps opportun auront une incidence directe comme indirecte sur la stabilité de notre économie. En effet, un système bancaire fort mobilise, fait circuler et distribue les capitaux au sein d’une économie et, faute de ce, les politiques monétaires du gouvernement et de la Banque d’État ne peuvent jouer pleinement leur rôle par exemple... Par ailleurs et intrinsèquement, de telles faiblesses sont aussi susceptibles de porter atteinte au système bancaire national. Enfin, dans la perspective du développement national dont les objectifs ont été fixés par la Stratégie de développement socioéconomique pour la période 2011-2020 et le Plan quinquennal de développement socioéconomique pour celle de 2011-2015, le Vietnam se doit de posséder des organismes de crédit plus fort et plus performants qu’aujourd’hui. Pour ces principales raisons, la restructuration du système bancaire est incontournable.
Pourriez-vous nous préciser l’objectif majeur d’une telle restructuration ?
De manière générale, renforcer notre système bancaire sur le plan financier, de le moderniser et de le sécuriser en vue d’une meilleure compétitivité afin qu’il puisse satisfaire aux besoins de services bancaires et financier de notre économie. D’ici 2020, le pays doit posséder un système bancaire administré et géré de manière efficiente et employant des technologies avancées pour un fonctionnement efficace et en toute sécurité. La période 2011-2015 sera consacrée à l’amélioration de la transparence et des compétences de ces organisations dans leur activité, et au moins 1-2 banques commerciales ayant des capacités financières équivalentes à leurs homologues de la région devront être créées.
Une telle opération en cette période économiquement difficile présente-t-elle des avantages et des inconvénients ?
S’agissant des avantages, cette opération s’inscrit dans un programme plus large de restructuration globale de notre économie, notamment de l’investissement et des entreprises publiques. La restructuration du système bancaire bénéficie en outre d’un consensus élevé au sein des organismes de crédit qui sont conscients de sa nécessité pour des raisons d’efficience et de sécurité.
Quant aux inconvénients, ils sont bien présents compte tenu, d’une part, de la conjoncture économique au Vietnam avec l’inflation élevée et autres facteurs d’instabilité et, d’autre part, de celle mondiale avec, en premier lieu, la crise de la dette souveraine en Europe dont les conséquences pour les systèmes bancaires de cette région auront éventuellement de lourdes répercussions sur le nôtre. Par ailleurs, le cadre juridique de cette restructuration n’est pas complet au regard du secteur bancaire, en particulier en matière de procédures collectives, de régime juridique de la propriété des biens et de devoirs financiers.
lInh thao/CVN