Donner une bouffée d’oxygène aux entreprises en difficulté

Le ministère des Finances (MF) vient d’avancer une batterie de mesures pour aider les entreprises à traverser la situation actuelle difficile. Un «remède de cheval» qui attend l’agrément de l’Assemblée nationale, lors de sa courante session de fin mai. Entretien avec la vice-ministre des Finances, Vu Thi Mai.

Sur quels principes a été élaborée cette batterie de mesures ?

Afin d’épauler les entreprises, le MF a établi une batterie de mesures en fonction des principes suivants : stabiliser l’économie et freiner l’inflation, appuyer les entreprises en difficulté, équilibrer le budget de l’État tout en créant des conditions aux entreprises pour qu’elles aient accès aux sources de fonds publics, combiner politiques financière et monétaire, en liaison avec la restructuration de l’économie notamment celle des entreprises.

L’élaboration de ces mesures s’appuie d’autre part sur les résultats des études menées chez les entreprises par la Chambre de l’Industrie et du Commerce du Vietnam (VCCI) et divers ministères concernés. Ces examens ont permis de brosser un «panorama» des entreprises à l’heure actuelle, qui montre clairement que celles-ci, dans l’ensemble, connaissent des difficultés liées à la crise économique mondiale et aussi aux politiques monétaires de rigueur.

Quelles unités bénéficieront en priorité de cette assistance du MF ?

Ce seront, entre autres, des entreprises des secteurs de la transformation des produits agricoles, sylvicoles et aquatiques, du textile-habillement, des chaussures en cuir, de la construction, de l’immobilier…, ainsi que celles ayant une grande quantité de marchandises en entrepôt. Elles verront une réduction de 30% de leur impôt sur le revenu en 2012, et un ajournement de six mois du paiement de la TVA du 2e trimestre. En outre, le gouvernement a demandé aux conseils populaires locaux de diminuer de 50% le loyer des terrains en 2012 en faveur des entreprises de commerce et de services.

Les entreprises opérant dans la transformation des produits aquatiques bénéficieront en priorité d’assistances du ministère des Finances.

Quel est le coût de la mise en œuvre de ces mesures?

Selon des calculs initiaux, ces mesures coûteront 29.000 milliards de dôngs. Sur cette somme, l’État n’aura à «perdre» réellement que 9.000 milliards (exemption partielle ou totale des impôts). Les 20.000 milliards restants seront remboursés par les entreprises sous formes des impôts ajournés, en fin d’année et au début de l’année prochaine, ainsi que par les rentrées provenant de l’exportation du pétrole.

L’important, c’est que cette batterie de mesures aide les entreprises à traverser cette conjoncture difficile.

Nghia Dàn/CVN

Avis d'experts :

Vu Nhu Thang, directeur de l’Institut de stratégie et de politiques financières, MF :
L’analyse de la situation des entreprises au 1er trimestre a montré la nécessité de prendre des solutions de soutien. De fait, les solutions avancées touchent les politiques tant monétaires que financières. La solution dite monétaire est illustrée par la décision de la Banque nationale d’abaisser le taux d’intérêt des prêts bancaires. C’est pourtant une solution qui prendra du temps, car la Banque devra d’abord faire une expertise avant d’accorder des prêts. Quant à la solution dite financière qui est d’exempter, de réduire ou d’ajourner les impôts et taxes, elle peut être mise d’emblée en application. En bref, ce groupe de solutions contribuera à épauler les entreprises en matière de fonds d’investissement et aussi de fonds de circulation.
Le Docteur Cao Sy Khiêm, président de l’Union des associations des PME du Vietnam :
La mesure sur l’exemption, la réduction ou l’ajournement des impôts a également été appliquée en 2009. Pourtant, cette fois-ci, elle est plus importante en valeur (29.000 milliards de dôngs contre 20.000 milliards en 2009) et comme en ampleur (domaines d’activité des entreprises, types d’impôts…). Si cette solution n’avait été envisagée auparavant que pour les entreprises productrices, elle concerne à présent de nouveaux domaines d’activité tels que le commerce, les services prestataires… Chose inquiétante, la santé des entreprises est plus déplorable aujourd’hui qu’en 2009. Il est important donc de déployer des mesures synchrones, plus homogènes et plus efficaces, pour donner une bouffée d’oxygène aux entreprises.

Phan Huu Thang, directeur du Centre de l’investissement étranger :

Ces derniers mois, on a constaté une hausse du nombre d’entreprises faisant faillite par rapport à la même période des années précédentes. Beaucoup d’autres sont dans un état de stagnation. La batterie de solutions avancée par le gouvernement est un «remède» urgent pour les aider à surmonter leurs difficultés. Pourtant, elle doit être déployée avec d’autres solutions aussi urgentes, notamment dans la relance de la consommation pour une hausse du pouvoir d’achat, aidant ainsi les entreprises à écouler leurs marchandises. Depuis 2010, le pouvoir d’achat des Vietnamiens a chuté en raison de la forte inflation. Sans politique de relance de la consommation, les autres solutions n’auront pas de portée. À mon avis, pour le moment, il faut que l’État réduise l’impôt sur le revenu individuel, accorde des prêts à la consommation et que les entreprises baissent les prix de leurs marchandises. Tout cela permettra de donner davantage de pouvoir d’achat aux Vietnamiens.

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