Vous avez déclaré que la formation d’un contingent d’ingénieurs et de techniciens pour le fonctionnement de la première centrale nucléaire nationale est une des tâches prioritaires pour le Vietnam. Où en est le pays dans ce domaine ?
En effet, les hommes constituent le fondement du développement de l’énergie nucléaire, notamment ceux participant directement à la construction et au fonctionnement des centrales. Pour le moment, le pays manque encore d’un contingent de spécialistes. Ceux-ci, qui étaient formés auparavant dans les anciens pays socialistes, sont loin de maîtriser les dernières technologies en la matière.
Récemment, le gouvernement a donné son aval à un programme de formation de scientifiques de niveau universitaire et post-universitaire, ainsi que d’experts en technologies nucléaires, doté d’un budget de 2.000 milliards de dôngs. Par ailleurs, le groupe Electricité du Vietnam investira 1.000 milliards de dôngs dans la formation de techniciens et d’ouvriers. Des étudiants seront envoyés dans des pays maîtrisant la technologie nucléaire comme le Japon, les États-Unis, la Corée du Sud, la Russie, la France, l’Inde... ou feront des études dans des universités nationales.
L’objectif est d’avoir rapidement un contingent compétent, capable de participer, aux côtés des spécialistes russes et japonais, à l’expertise des projets de faisabilité et des plans d’élaboration des centrales nucléaires, et aussi à la supervision de leur construction.
La sécurité nucléaire de nos futures centrales est-elle au cœur des préoccupations ?
À l’échelle mondiale, il existe certains risques, en tête les phénomènes naturels comme séismes, tsunamis... et les agissements de l’homme tels que attaques terroristes, négligences... Le Vietnam considère la sécurité nucléaire comme la priorité. Cela passe par le choix d’un site d’installation approprié et la formation de scientifiques qualifiés, compétents et conscients de leur responsabilité envers le pays et l’humanité.
Maquette de la centrale nucléaire de Ninh Thuân. |
Où en sont les préparatifs pour la mise en chantier de la première centrale ?
Les préparatifs avancent comme prévus. Cependant, depuis l’accident à la centrale de Fukushima, le Vietnam a demandé à ses partenaires étrangers d’élever encore le niveau de sécurité dans l’élaboration et la construction des centrales. Ce qui entraînera des dépenses plus élevées et à une préparation plus longue que prévu. Aussi la date de la mise en chantier de la centrale pourrait-elle être repoussée.
Quel est l’avenir du nucléaire au Vietnam ?
Lors du Sommet mondial sur le nucléaire, tenu en mars 2012, le Vietnam a donné son accord de principe avec la Corée du Sud sur un projet expérimental de localisation satellitaire des sources radioactives (RADLOT). Ce projet, soutenu et financé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA), nous aidera à localiser et suivre les matières radioactives entreposées et transportées sur le territoire national.
Lors de ce Sommet, le Vietnam a informé le monde de sa volonté de développer le nucléaire à des fins pacifiques, et que le pays est en train de remplir les procédures pour adhérer à la Convention internationale sur la protection des matières fissiles qui, depuis 1987, a reçu l’adhésion de 145 pays.
Par ailleurs, le Vietnam a informé avoir réalisé son Programme d’enrichissement réduit pour les réacteurs de recherche et d’essai (RERTR). Il a utilisé de l’uranium faiblement enrichi (LEU) au lieu de l’uranium forcement enrichi (HEU) dans son réacteur de recherche nucléaire de Dà Lat.
Nghia Dàn/CVN