Prendre soin des personnes âgées au Vietnam : la nécessité d’une stratégie précoce et durable

Selon les prévisions, d’ici 2036, la proportion de personnes âgées de 60 ans et plus atteindra 20% de la population. Le pays doit rapidement élaborer une stratégie de prise en charge des personnes âgées selon une approche intégrée famille - communauté - État - secteur privé, dans laquelle le modèle de maison de retraite à mi-temps pourrait devenir un pilier d’un système de bien-être durable.

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Examen de santé gratuit dans un poste médical à Hanoï.
Photo : VNA/CVN

Selon le professeur Huynh Van Son, vice-président de l’Association vietnamienne de psychologie et recteur de l’Université pédagogique de Hô Chi Minh-Ville, en 2024, le Vietnam compte environ 13 millions de personnes âgées de plus de 60 ans, soit 12,8% de la population. Actuellement, les soins aux personnes âgées reposent principalement sur le modèle familial traditionnel, où les enfants s’occupent de leurs parents ou de leurs grands-parents. Il s’agit d’une belle tradition de la culture asiatique, qui renforce les liens intergénérationnels.

Cependant, ce modèle fait face à de nombreux défis : urbanisation, migration des travailleurs, prévalence des familles nucléaires et évolution des relations entre générations. Dans les villes, de nombreuses personnes âgées vivent seules ou ne disposent que d’un seul aidant. À la campagne, elles restent souvent dans leur village natal, avec un soutien médical et psychologique limité.

"Les maisons de retraite, les centres de soins ou les établissements de services sociaux ne répondent pas encore aux besoins. En particulier, les services de soutien psychologique et de soins spirituels - pourtant essentiels - restent insuffisamment développés", a souligné le professeur Huynh Van Son.

L’espérance de vie moyenne des Vietnamiens est de 73,7 ans, mais la durée de vie en bonne santé n’est d’environ que 64 ans. Autrement dit, chaque personne doit passer en moyenne les 8 à 10 dernières années de sa vie avec des maladies chroniques. Environ 27% des personnes âgées vivent seules ou uniquement avec d’autres personnes âgées.

Selon le professeur Huynh Van Son, les principaux obstacles à la prise en charge des personnes âgées se répartissent en quatre catégories :

Culture : Les Vietnamiens hésitent encore à placer leurs parents dans des maisons de retraite, de peur d’être perçus comme manquant de piété filiale". Les personnes âgées elles-mêmes ne souhaitent souvent pas s’éloigner de leur famille.

Conscience / perception : Beaucoup estiment que les services professionnels ne sont nécessaires qu’en cas de grand âge ou de maladie grave, alors qu’un accompagnement précoce permet de prolonger la vie en bonne santé.

Finances : La plupart des personnes âgées ne disposent pas d’une pension stable. Les services de soins sont coûteux et l’assurance maladie ne couvre pas entièrement les soins de longue durée.

Politiques et ressources humaines : Le pays manque de gériatres, d’infirmiers et de psychologues spécialisés, tandis que les établissements de soins restent très limités par rapport aux besoins.

Une démonstration de personnes âgées à Hanoï. 
Photo : VNA/CVN

Le Vietnam est entré dans une phase de vieillissement démographique dès 2011 et devrait devenir une "société âgée" d’ici 2036. En 2050, la proportion de personnes âgées pourrait atteindre 25 à 28% de la population.

Compte tenu des particularités culturelles, il est impossible de supprimer le modèle familial dans la prise en charge des personnes âgées, mais il est nécessaire de compléter ce modèle par d’autres approches pour s’adapter aux tendances de la société moderne. L’important est de rester flexible selon les régions, en s’appuyant sur les habitudes culturelles et les conditions socioéconomiques.

Le professeur Huynh Van Son propose trois modèles principaux :

Soins à domicile : ils constituent la base, mais nécessitent le soutien des services de santé de proximité, d’infirmiers à domicile, de conseils psychologiques et de formations pour les aidants.

Soins communautaires : création de clubs, centres d’activités et services de soins de jour à coût modéré, favorisant la cohésion sociale selon le principe "les personnes âgées aident les personnes âgées".

Modèle public-privé / fonds privés : encourager la participation des entreprises et des organisations à but non lucratif pour développer une offre diversifiée, adaptée aux différents niveaux de revenu.

Maisons de retraite de jour

Les modèles de maisons de retraite commencent à attirer l’attention comme une solution humaine, adaptée aux tendances modernes. Lors de la conférence de mise en œuvre de la Résolution du Comité central, le 16 septembre 2025, le secrétaire général Tô Lâm a souligné la nécessité de mettre en place rapidement des mesures de "lutte contre la solitude" pour les personnes âgées, parmi lesquelles les centres de jour représentent une orientation appropriée, mais encore peu développée. Il a recommandé d’encourager la participation du secteur privé, d’organiser le transport, et de créer des espaces culturels et sportifs afin de prolonger la durée de vie et d’améliorer la qualité de vie des aînés.

Contrairement au modèle de "maison de retraite à temps plein", où les personnes âgées résident en permanence dans l’établissement, la "maison de retraite de jour" leur permet de bénéficier d’activités sociales, de soins médicaux et d’activités communautaires, avant de rentrer chez elles le soir auprès de leurs enfants et petits-enfants.

À ce sujet, l’Institut de recherche et d’évaluation du marché immobilier du Vietnam (VARS IRE) estime que c’est une solution conciliant la tradition de "vivre en famille" et le besoin de soins professionnels des personnes âgées.

Selon le ministère de la Santé, la plupart des personnes âgées souffrent de maladies chroniques telles que diabète, maladies cardiovasculaires ou troubles musculo-squelettiques, et en moyenne chaque personne présente plus de trois pathologies. Aussi la demande de contrôles de santé réguliers et de soins médicaux spécialisés est-elle très élevée.

Par ailleurs, de nombreuses personnes âgées souhaitent bénéficier de soins médicaux professionnels tout en maintenant leurs liens familiaux. Au Vietnam, certains projets d’appartements spécialisés dans la santé, situés à proximité du domicile familial, ont vu le jour, mais leur coût dépasse souvent les moyens de la majorité. Le modèle de maison de retraite de jour contribue à résoudre ce problème, en permettant aux aînés de préserver leur santé tout en évitant la solitude.

Ce modèle profite aussi à la jeune génération, en leur permettant de concilier vie professionnelle et responsabilités familiales. Confier ses parents à une maison de retraite de jour n’est pas un "éloignement", mais une manière moderne d’exprimer responsabilité et affection, en accord avec la tradition vietnamienne "Quand on boit de l’eau, on pense à la source" (uống nước nhớ nguồn).

Les experts de VARS IRE estiment que, face au vieillissement rapide de la population, le développement d’un système de maisons de retraite de jour constitue une solution adaptée aux conditions culturelles, sociales et économiques du Vietnam.

Cependant, le coût d’une place en maison de retraite reste relativement élevé, supérieur aux pensions ou au soutien familial. Fin 2024, la pension moyenne s’élevait à 6,2 millions de dôngs par mois, alors que le coût moyen d’une maison de retraite atteignait 10 millions de dôngs par mois.

"C’est pourquoi, pour que ce modèle s’inscrive réellement dans la vie quotidienne, en plus des politiques de protection sociale et de l’intégration à l’assurance maladie pour réduire les coûts, l’État doit étudier et promulguer des mesures incitatives en matière de foncier et de crédit pour les projets de maisons de retraite, afin d’encourager les entreprises à développer ce segment prometteur", ont proposé les experts de VARS IRE.

VNA/CVN

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