Pour stimuler l’écosystème des start-up et de l’innovation au Vietnam

Les experts internationaux évaluent positivement la détermination du gouvernement vietnamien à promouvoir l’écosystème des start-up. Ils soulignent toutefois qu’un écosystème complet et intégré constitue une condition indispensable.

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Vue d’ensemble du Forum national des politiques sur la coopération internationale en matière d’investissement pour les start-up innovantes.
Photo : VNA/CVN

Lors du Forum national des politiques sur la coopération internationale en matière d’investissement pour les start-up innovantes, organisé récemment à Hanoï dans le cadre de Techfest Vietnam 2025, des experts vietnamiens et internationaux ont partagé leurs expériences ainsi que des modèles de coopération en matière d’investissement, dans l’objectif de dynamiser l’écosystème des start-up et de l’innovation.

S’orienter vers un modèle d’"entrepreneuriat pour tous"

S’exprimant à cette occasion, le vice-ministre de la Science et de la Technologie, Hoàng Minh, a souligné que le Vietnam se trouve à un tournant décisif. Dans le contexte mondial actuel, a-t-il rappelé, les pays reconnaissent unanimement le rôle central de la science et de la technologie dans le développement.

Pour le Vietnam, le développement économique et social fondé sur la technologie et l’innovation constitue une voie incontournable, afin d’atteindre l’objectif d’une croissance à deux chiffres. Dans cette perspective, l’écosystème des start-up innovantes joue un rôle clé dans le développement socio-économique du pays.

Selon le vice-ministre Hoàng Minh, de nombreuses politiques nouvelles ont été adoptées pour soutenir cet écosystème. Pour la première fois, le Vietnam a créé des fonds de capital-risque aux niveaux national et local. Le fonds national permet aux organisations et aux particuliers de co-investir aux côtés de l’État. Les nouvelles réglementations autorisent également des investissements sur le long terme, de 10 à 15 ans, sans restriction opération par opération.

Le vice-ministre de la Science et de la Technologie, Hoàng Minh, lors de son intervention.
Photo : VNA/CVN

Ce fonds national est aussi habilité à investir dans d’autres fonds, selon des orientations ciblées, notamment dans les technologies vertes et stratégiques. Il peut par ailleurs investir à l’étranger, afin de faciliter l’accès du Vietnam aux technologies de pointe.

"La création d’un fonds public de capital-risque envoie un message clair : le gouvernement ne se contente pas de soutenir l’écosystème par des politiques, il s’y engage aussi directement", a souligné le vice-ministre.

Un nouveau maillon de l’écosystème est également en cours de constitution. Le Vietnam prévoit de mettre en place une plateforme boursière spécialisée dédiée aux start-up, permettant aux organisations, aux particuliers et aux fonds d’investissement d’y effectuer des transactions, afin d’éviter les sorties de capitaux par des canaux peu favorables.

Des solutions pour promouvoir l’écosystème des start-up

Lors du forum, de nombreux représentants internationaux ont partagé avec le Vietnam les tendances actuelles et les enseignements tirés de leur expérience en matière de capital-risque.

Selon David Lewis, président-directeur général d’Energy Capital Vietnam, le monde connaît actuellement de "profonds changements" dans les tendances d’investissement, auxquels le Vietnam n’échappe pas.

Il a salué la détermination du gouvernement vietnamien, illustrée par le décret N°264 encadrant la création du Fonds national de capital-risque. Cette initiative témoigne de la volonté des autorités de stimuler l’investissement tout en acceptant un certain niveau de risque.

David Lewis, président-directeur général d’Energy Capital Vietnam.
Photo : VNA/CVN

Toutefois, pour permettre aux fonds d’investissement de se développer efficacement au Vietnam, l’existence d’un écosystème complet et cohérent reste, selon lui, une condition préalable. Il recommande au Vietnam de s’inspirer du modèle de partenariat public-privé de Singapour.

Évoquant les difficultés rencontrées par les start-up, il a cité l’exemple d’Equipcast, une entreprise américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle, confrontée à des obstacles pour pénétrer le marché vietnamien. Bien que les entreprises vietnamiennes aient un réel besoin d’optimiser leurs opérations, elles demeurent prudentes face aux risques liés à l’expérimentation de nouvelles technologies.

D’où la nécessité de mettre en place un mécanisme intermédiaire permettant le déploiement de projets pilotes, sous la forme d’un « capital d’amorçage » public, afin de partager les risques financiers avec les entreprises lors des phases initiales.

Selon David Lewis, l’État doit parallèlement mettre en œuvre des mécanismes permettant d’exploiter pleinement l’efficacité du décret N°264 relatif aux fonds de capital-risque, tout en développant des dispositifs de type sandbox pour les investisseurs. Il estime également nécessaire d’instaurer des régimes d’incitations fiscales spécifiques et des mécanismes de priorité afin de faciliter l’accès au marché pour les entreprises et les investisseurs étrangers. "Ces incitations seront des outils essentiels pour orienter les flux de capitaux internationaux vers le Vietnam", a-t-il déclaré.

Du point de vue des fonds privés, Lê Thành Nam, directeur des investissements de Touchstone Partners, a rappelé que l’apport d’un fonds de capital-risque ne se limite pas au financement.

Le directeur des investissements de Touchstone Partners, Lê Thành Nam.
Photo : VNA/CVN

Grâce à leur expertise, à leur expérience en matière d’évaluation et à leurs normes rigoureuses de discipline financière, les fonds privés jouent également un rôle de filtre dans les décisions d’investissement. Ils contribuent ainsi à réduire les risques pour l’État et les collectivités locales, tout en identifiant les domaines prioritaires d’allocation des ressources. En outre, ils peuvent accompagner les entreprises dans leur expansion à l’international.

Il a proposé la mise en place de mécanismes permettant au secteur privé de jouer un rôle moteur, de favoriser le partage de données et de renforcer la coopération avec le secteur public. Il a également recommandé l’instauration d’un "guichet unique" pour la mise en œuvre des investissements, afin de simplifier les procédures pour les investisseurs.

Ce forum vise à promouvoir une coopération tripartite entre les institutions financières internationales, les fonds de capital-risque publics et privés, au service des start-up innovantes vietnamiennes. Les questions liées à la réduction des risques d’investissement et à cette coopération tripartite ont suscité un vif intérêt parmi les experts nationaux et internationaux.

Selon Paulo Andrez, président d’honneur de l’EBAN (European Business Angels Network), il est essentiel d’assurer une participation conjointe des gouvernements et du secteur privé. Dans ce schéma, l’État jouerait le rôle de premier investisseur, avant de permettre aux investisseurs privés de racheter cette participation, afin de réduire les risques pour les investisseurs comme pour les start-up.

Table ronde sur la promotion de la coopération tripartite en matière d’investissement.
Photo : VNA/CVN

Nguyên Xuân Giao, directeur des investissements du Fonds d’investissement Vietnam - Oman, partage cette analyse. Selon lui, la phase de démarrage d’une entreprise s’étend généralement sur une période de huit à dix ans, ce qui rend le choix du moment d’investissement particulièrement déterminant.

"Le gouvernement peut ainsi agir comme premier investisseur pour réduire les risques et créer des opportunités pour les autres acteurs. Une fois la crédibilité établie, les fonds seront plus enclins à s’engager", a-t-il expliqué.

L’écosystème des start-up vietnamiennes connaît aujourd’hui des avancées notables. Le pays compte plus de 4.000 start-up, environ 200 organisations intermédiaires de soutien, deux licornes technologiques et plus de 20 entreprises à potentiel de licorne.

Le Vietnam se classe au 44ᵉ rang sur 132 pays dans l’Indice mondial de l’innovation et au 55ᵉ rang pour l’indice de l’écosystème des start-up. Son taux de croissance se situe au troisième rang au sein de l’ASEAN.

Ngoc Hoa/CVN

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