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| Soins aux personnes âgées à Hô Chi Minh-Ville. |
| Photo : VNA/CVN |
D’ici 2030, le Vietnam devrait compter environ 18 millions de personnes âgées de 60 ans et plus. Parallèlement, le taux de fécondité a chuté de manière significative, passant de 1,96 enfant par femme en 2023 à 1,91 en 2024, un niveau historiquement bas.
Les statistiques indiquent que le pays est entré dans une phase de vieillissement dès 2011, se classant parmi ceux dont le rythme de vieillissement est le plus rapide au monde. L’an dernier, 14,2 millions de Vietnamiens avaient 60 ans ou plus, soit une augmentation de 2,8 millions par rapport à 2019 et de 4,7 millions par rapport à 2014. Cette tendance devrait se poursuivre, en raison de l’allongement de l’espérance de vie, directement lié à l’amélioration des conditions de vie induite par le développement économique. Dans le même temps, le nombre de jeunes diminue progressivement du fait de la faible natalité, sans perspective de rebond significatif.
Pénurie de services
De nombreux spécialistes estiment que le Vietnam deviendra une société vieillissante d’ici 2036, puis “super-vieillissante” à l’horizon 2049. L’expérience de pays développés tels que le Japon, la République de Corée, la Chine ou encore ceux d’Europe montre la difficulté de renverser une tendance de faible natalité.
Cette transition démographique met en lumière la nécessité de développer des modèles de logements, des services de santé et des infrastructures spécialisés pour la population âgée. L’Association vietnamienne des courtiers immobiliers (VARS) souligne que des millions de personnes âgées ont besoin de soins, alors que le pays ne dispose actuellement que d’environ 400 maisons de retraite, dont la moitié sont des structures caritatives ou publiques. On observe en particulier un déficit de services haut de gamme, notamment en matière de produits immobiliers associés à des soins à domicile, alors même que le nombre de seniors fortunés est en forte augmentation.
Les localités affichant une espérance de vie élevée correspondent souvent aux zones économiquement développées. Selon la VARS, Hanoï, Dà Nang, Hô Chi Minh-Ville, Bà Ria-Vung Tàu (désormais rattachée à Hô Chi Minh-Ville) et Dông Nai figuraient, en 2024, parmi les cinq premières provinces en termes d’espérance de vie, mais aussi de revenus par habitant. À l’inverse, les provinces aux économies moins développées, comme Lai Châu, Diên Biên et Kon Tum (Dak Lak aujourd’hui), affichent les espérances de vie les plus faibles.
Actuellement, la plupart des personnes âgées sont encore prises en charge à domicile par leurs enfants ou petits-enfants, préférant les soins à domicile ou à proximité. Cette réalité révèle un important potentiel pour le développement de modèles de logements communautaires intégrés, offrant un cadre de vie sûr et confortable tout en maintenant un lien familial.
Les classes moyenne et supérieure se développent rapidement, les tranches d’âge typiques allant de 30 à 55 ans pour la classe moyenne et de 40 à 65 ans pour la classe supérieure. Ces catégories sociales devraient fortement stimuler la demande de logements haut de gamme, y compris pour les personnes âgées, au cours de la prochaine décennie. Grâce à une aisance financière croissante, elles pourront accéder à des lieux de vie adaptés à leur âge.
Un terrain fertile
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| Un couple senior pris en charge à domicile par leurs enfants dans la commune de Liên Huong, province de Hà Tinh (Centre). |
| Photo : VNA/CVN |
Les experts de la VARS estiment que le Vietnam dispose d’atouts compétitifs en matière de paysages naturels, de culture et de coût de la vie relativement bas, ce qui pourrait séduire les retraités étrangers et les Vietnamiens de l’étranger souhaitant revenir vivre au pays.
Dans des pays confrontés au vieillissement démographique comme le Japon, l’Allemagne, la Suède ou l’Australie, le logement pour personnes âgées ne se limite plus à un lieu de résidence, mais devient un écosystème de vie intégrée combinant habitat, soins médicaux, vie communautaire et soutien psychologique. Certains modèles phares, comme les “Continuing Care Retirement Communities” (CCRC) aux États-Unis et au Japon, proposent une gamme de services allant du logement indépendant avec suivi médical aux soins spécialisés pour les personnes atteintes de maladies chroniques. Le principe commun est de favoriser l’autonomie des aînés, de maintenir leurs interactions sociales et de leur fournir des soins professionnels évolutifs. Ces modèles exigent un écosystème global, et non des projets isolés.
Par conséquent, la VARS recommande de promouvoir le développement de logements pour seniors comme une stratégie d’investissement à moyen et long terme. Ces projets répondent à une demande sociétale croissante tout en permettant aux entreprises d’anticiper les tendances, de profiter des opportunités foncières en périphérie et de bénéficier des politiques d’incitation publique. Les investisseurs devraient aborder ce marché sous l’angle d’un écosystème complet combinant logement, services médicaux, infrastructures communautaires et maintien des liens familiaux, pour créer des produits humains, durables et distinctifs.
Le marché du logement senior s’annonce prometteur avec des produits adaptés aux besoins et aux attentes des personnes âgées d’aujourd’hui. Ces offres se distingueraient des maisons de retraite traditionnelles, centrées principalement sur les soins médicaux et l’hébergement des personnes fragiles ou isolées. Les modèles les plus pertinents pour le Vietnam seraient des immeubles de grande hauteur intégrant des services de soins à domicile, situés dans des zones urbaines périphériques, permettant aux personnes âgées de vivre avec leur conjoint ou de rester proches de leur famille.
Ces appartements devraient être conçus pour répondre aux besoins spécifiques de cette population, en intégrant des services médicaux sur place, des équipements communautaires et des espaces verts. Par ailleurs, les projets implantés en périphérie bénéficient de prix fonciers plus abordables qu’en centre-ville, ce qui réduit les coûts d’investissement. De plus, les réseaux de transport en constante amélioration raccourcissent la distance entre centre et banlieue, ce qui représente un atout majeur, selon la VARS.
Huong Linh/CVN




