>> Sombre lancement pour la COP30 de Belem : les dirigeants constatent l'échec sur l'accord de Paris
Lors d’une conférence de presse à Hanoi, jeudi 11 décembre, marquant le 10e anniversaire de l’Accord de Paris, les participants ont souligné les progrès accomplis et les risques croissants auxquels sont confrontés des pays comme le Vietnam, l’un des plus vulnérables au changement climatique au monde.
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| L'ambassadeur de France au Vietnam, Olivier Brochet (droite) et l'ambassadeur du Brésil au Vietnam, Marco Farani (gauche) à l’exposition photographique commémorant le 10ᵉ anniversaire de l’Accord de Paris. |
| Photo : VNA/CVN |
L’ambassadeur de France, Olivier Brochet, a insisté sur la nécessité d’une action internationale renforcée en matière de climat, rappelant que le message de Jacques Chirac – "notre maison brûle" – reste d’une actualité brûlante dix ans après l’Accord de Paris.
Il a décrit le changement climatique comme une menace directe pour la sécurité, soulignant que la France elle-même est de plus en plus touchée par les tempêtes, les vagues de chaleur et les incendies de forêt. La France a réduit ses émissions de 30% depuis 1990, vise la neutralité carbone d’ici 2050 et produit désormais 99% de son électricité à partir de sources décarbonées.
M. Brochet a mis en avant la double approche de la France, alliant leadership et solidarité, en citant sa contribution de plus de 8,6 milliards de dollars américains au financement de la lutte contre le changement climatique l’an dernier, dont un tiers a été consacré à des projets d’adaptation.
Au Vietnam, la France a engagé plus d’un milliard d’euros pour la période 2020-2030 afin de soutenir la transition énergétique, la protection des forêts et l’adaptation au changement climatique. Parmi les projets clés figurent la centrale de pompage-turbinage de Bác Ái, la modernisation du réseau électrique dans le Sud du pays et le financement de la ligne 3 du métro de Hanoi.
Il a réaffirmé que l’action climatique et le développement doivent progresser de concert, soulignant que la France et l’UE continueront de travailler en étroite collaboration avec le Vietnam pour mettre en œuvre l’Accord de Paris.
L’ambassadeur du Brésil au Vietnam, Marco Farani, a souligné les résultats de la COP30 à Belém, qui, selon lui, marque un tournant vers la mise en œuvre, et non la renégociation, des engagements climatiques internationaux. Le Brésil, qui a accueilli le Sommet de la Terre de 1992 et Rio+20, demeure l’un des pays les plus actifs sur le plan diplomatique en matière de climat et a été le deuxième pays à soumettre sa contribution déterminée au niveau national.
Lors de la COP30, le Brésil a lancé le Tropical Forest Forever Facility (TFFF), qui a déjà recueilli 6,6 milliards de dollars de promesses de dons de pays comme la France et la Norvège. Ce fonds conditionne ses versements à la préservation des forêts, surveillée par satellite, et consacre 20% de ses ressources aux communautés autochtones.
Parmi les autres résultats importants figurent l’Initiative mondiale pour l’intégrité de l’information sur les changements climatiques, conçue pour lutter contre la désinformation climatique, et la Déclaration de Belém sur la lutte contre le racisme environnemental. Le Brésil a également proposé une feuille de route mondiale pour la sortie progressive des énergies fossiles, un débat qualifié de première étape essentielle malgré l’absence de consensus.
M. Farani a reconnu que l’action climatique est de plus en plus difficile dans un contexte de tensions géopolitiques et d’engagements fluctuants de la part des grandes économies, mais a souligné que les pays doivent continuer à assumer une responsabilité partagée pour « notre planète fragile et magnifique ».
Tang Thê Cuong, directeur général du Département du changement climatique relevant du ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, a souligné que le Vietnam reste fermement engagé dans l’Accord de Paris face à l’intensification des impacts climatiques.
"Le Vietnam figure parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique, mais il soutient activement l’Accord depuis 2015 et a été l’un des premiers à l’approuver. Au cours de la dernière décennie, le Vietnam a élaboré un plan national de mise en œuvre, renforcé sa législation et ses politiques, et intégré les exigences de l’Accord de Paris dans sa réglementation nationale", a-t-il déclaré.
M. Cuong a mis en avant un nouveau projet de décret relatif à l’échange et à la compensation des crédits carbone, qui fournira le cadre juridique permettant au Vietnam de participer aux marchés internationaux du carbone. Les principaux émetteurs des secteurs de l’énergie, de l’acier et du ciment recevront prochainement des quotas d’émission dans le cadre d’un programme national d’atténuation.
Le pays accélère également le développement d’un marché national du carbone afin d’aider les entreprises à réduire leurs émissions de manière rentable tout en restant compétitives face aux nouvelles mesures internationales de contrôle des émissions de carbone aux frontières.
En matière d’adaptation, le gouvernement a actualisé son Plan national d’adaptation, qui définit des mesures visant à renforcer la résilience, à réduire les pertes et à protéger les communautés vulnérables.
"Le Vietnam continuera d’améliorer son cadre de politique climatique et de mettre en œuvre l’Accord de Paris de manière proactive et responsable", a-t-il ajouté.
L’ambassadeur de l’UE, Julien Guerrier, a souligné que le monde entre dans une ère de chocs climatiques sans précédent, citant 2024 comme l’année la plus chaude jamais enregistrée et mettant en lumière les graves destructions causées par les typhons qui ont frappé l’Asie du Sud-Est cette année.
Il a affirmé que l’Accord de Paris prouve que la coopération mondiale est possible, rappelant que l’UE a réduit ses émissions de 37% depuis 1990 tout en augmentant son économie de plus de 70%. L’UE vise une réduction de ses émissions de 90% d’ici 2040 et demeure le principal bailleur de fonds mondial pour la lutte contre le changement climatique, avec une contribution de 31,7 milliards d’euros l’an dernier.
Au Vietnam, l’UE codirige le Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP) et a engagé 430 millions d’euros, notamment pour soutenir la centrale de pompage-turbinage de Bác Ái afin d’y intégrer davantage d’énergies renouvelables.
La coordinatrice résidente des Nations Unies, Pauline Tamesis, a averti que le monde approche du seuil de 1,5 degré et que les impacts climatiques affectent déjà quotidiennement le Vietnam, des tempêtes côtières aux vagues de chaleur du Delta du Mékong.
Elle a déclaré que l’engagement du Vietnam en faveur de la neutralité carbone, son "sprint vert" et sa participation au JETP témoignent d’un leadership fort, et a exhorté le pays à se concentrer sur des projets bancables dans le cadre de sa CDN 3.0 actualisée. L’ONU aidera le Vietnam à accéder aux principaux fonds climatiques, notamment le Fonds vert pour le climat et le Fonds de réponse aux pertes et dommages.
En clôture de l’événement, l’ambassadeur de France, Olivier Brochet, a déclaré que la dynamique mondiale en faveur du développement à faible émission de carbone s’accélère, portée par des investissements records dans les énergies propres et la baisse des coûts des énergies renouvelables.
"L’Accord de Paris fonctionne parce que les pays honorent leurs engagements et évitent les clivages entre économies développées et en développement", a-t-il déclaré, appelant à une action nationale plus forte en amont de la COP31 à Antalya et réaffirmant l’importance de la coopération à travers des initiatives telles que le Partenariat pour une transition énergétique juste.
VNA/CVN



