>> Armée populaire du Vietnam : 80 ans d’histoire, 80 ans de dévouement
>> Bâtir une armée régulière bien entraînée
Un tank défonce le 30 avril 1975 les grilles du Palais de l’Indépendance, repaire ultime du régime fantoche de Saïgon, le 30 avril 1975. |
Photo : Archives/VNA/CVN |
Fondée sur une mobilisation massive des populations à l’effort de guerre, la stratégie vietnamienne de “guerre populaire”, habile synthèse entre les principes stratégiques traditionnels des Vietnamiens et les innovations modernes, a permis au pays de transformer ses apparentes faiblesses en forces. Face à des adversaires souvent mieux équipés, les Vietnamiens ont su s’adapter, innover et remporter des victoires décisives.
Une tradition millénaire
Au cours de leurs guerres de résistance contre les envahisseurs étrangers, les Vietnamiens ont développé une pensée stratégique subtile, fondée sur une connaissance approfondie de leurs propres forces et de celles de leurs adversaires. Face à des ennemis souvent supérieurs en nombre et en équipements, ils ont mis en œuvre une doctrine militaire reposant sur les principes de “petits contre grands” et de “faible contre fort” dans l’esprit de “David contre Goliath”.
Le secret, l’effet de surprise et la flexibilité ont été leurs maîtres mots. Les Vietnamiens ont excellé dans l’art de la surprise, en jouant sur des facteurs aussi variés que la direction de l’attaque, les objectifs visés, les forces déployées, le moment choisi ou encore les méthodes employées. Leurs stratégies, comparables à un jeu d’échecs, s’adaptaient constamment à l’évolution de la situation.
Ainsi, les tactiques vietnamiennes étaient extrêmement variées, allant de la guérilla à grande échelle à des opérations de harcèlement plus localisées, permettant de remporter des victoires décisives dès le début du conflit.
Cette diversité tactique est illustrée par une riche histoire militaire, faite d’actions d’élite, comme les exploits des héros Yêt Kiêu et Da Tuong, et de batailles d’envergure, telles que celles de Bach Ðang, Van Kiêp ou Ðông Ða.
Créée à peine quelques jours auparavant, la Brigade de propagande armée pour la libération du Vietnam, ancêtre de l’Armée populaire du Vietnam (APV), remporta rapidement ses premiers succès éclatants à Phai Khat et Nà Ngân. Ces victoires initiales, obtenues grâce à des techniques audacieuses de camouflage et de surprise, marquèrent les prémices d’une stratégie militaire innovante et redoutable.
Forte de ces débuts prometteurs, l’APV n’a cessé d’enrichir cet héritage au fil de ses 80 années d’existence. Face à des adversaires souvent mieux équipés, elle a su adapter ses stratégies, en intégrant constamment des innovations. Ainsi, l’armée vietnamienne s’est imposée comme une force militaire redoutable, capable de triompher face aux technologies les plus avancées et aux tactiques les plus sophistiquées.
Des victoires qui ont ébranlé le monde
Dans l’après-midi du 7 mai 1954, le drapeau “Déterminé à combattre, déterminé à vaincre” flotte sur le toit du QG du général de Castries à Diên Biên Phu (Nord-Ouest). |
Photo : Archives/VNA/CVN |
Le génie militaire vietnamien s’est illustré de façon remarquable par sa maîtrise de l’art de déclencher et de conclure les conflits. Dès fin 1946, face à l’impasse politique, l’APV, sous l’impulsion du Parti, a su saisir le moment propice pour lancer la Résistance nationale. Cette initiative stratégique a contraint les forces coloniales françaises à adopter une position défensive, inversant ainsi le rapport de force.
À Hanoï, grâce à une stratégie défensive ingénieuse, l’armée et la population ont héroïquement résisté pendant près de deux mois, offrant ainsi au pays le temps de consolider ses arrières et de se préparer à un conflit prolongé.
En 1953, profitant d’une situation plus favorable, le Parti communiste du Vietnam a rassemblé des forces sur différents fronts pour lancer la campagne Ðông Xuân (Hiver-Printemps) 1953-1954, qui culmina avec la victoire décisive de Điên Biên Phu, marquant un tournant majeur dans la guerre d’Indochine (1946-1954).
Lorsque les États-Unis et le régime de Saïgon, soutenu par les forces américaines, violèrent les accords de Genève qui marquent la fin de la guerre d’Indochine, déclenchant une nouvelle vague de répression, l’armée et la population du Sud passèrent progressivement d’une insurrection généralisée à une guerre révolutionnaire méthodique. En développant des bases politiques et militaires solides, elles réussirent à infléchir le cours de la guerre.
Panorama de la Conférence de Genève sur l'Indochine en Suisse. |
Photo d'archives : VNA/CVN |
Sous le nom de l’Armée de libération du Sud, l’APV a mené une lutte acharnée dans le Sud du Vietnam. L’offensive du Têt (Nouvel An lunaire) Mâu Thân de 1968, un tournant majeur de la guerre du Vietnam (1954-1975), a porté un coup sévère à la détermination américaine.
Fortes de ce succès, les forces révolutionnaires ont multiplié les opérations militaires à grande échelle, soutenues par des offensives coordonnées au Laos et au Cambodge.
Parallèlement, au Nord du Vietnam, l’armée et la population ont héroïquement résisté aux bombardements massifs américains sur la capitale Hanoï et la ville portuaire de Hai Phòng. Cette résistance opiniâtre a contraint les États-Unis à négocier et à signer les accords de paix de Paris de 1973, mettant fin à la guerre du Vietnam.
Libéré de la pression américaine, le Sud-Vietnam a lancé une offensive générale au printemps 1975, culminant avec la campagne Hô Chi Minh. Cette dernière insurrection décisive a permis de libérer complètement le Sud et de réunifier le pays.
Ces victoires successives témoignent d’une maîtrise exceptionnelle de l’art de la guerre, tant pour déclencher les conflits que pour les conclure. Sous la direction du Parti, l’armée vietnamienne a démontré une capacité remarquable à s’adapter aux circonstances changeantes et à remporter des victoires décisives.
Flexibilité, innovation, adaptabilité
L’art militaire vietnamien s’est distingué par sa capacité à maintenir une initiative offensive constante, quelles que soient les circonstances. Cette approche stratégique, reposant sur une combinaison harmonieuse de différentes formes de combat, a permis de contrôler efficacement les trois régions stratégiques du pays. L’articulation entre actions locales et opérations d’unités mobiles, entre attaques dispersées et concentrées, ainsi que l’étroite collaboration entre l’armée et le peuple ont été des éléments clés de cette réussite.
Lorsque la situation tactique devenait favorable, l’armée vietnamienne saisissait l’opportunité pour lancer des offensives d’envergure, infligeant ainsi des défaites décisives à ses adversaires et anéantissant leur volonté de poursuivre la guerre.
L’APV a démontré une remarquable flexibilité et créativité dans l’application de tactiques adaptées à chaque terrain et à chaque situation. Les forces spéciales, notamment celles spécialisées dans le combat terrestre et naval, ainsi que les commandos urbains, ont incarné l’essence de l’art militaire vietnamien moderne, illustrant parfaitement la capacité à “utiliser le petit pour vaincre le grand”.
En s’inspirant des traditions militaires ancestrales tout en intégrant les avancées technologiques, l’APV a développé une stratégie militaire révolutionnaire et scientifique, profondément ancrée dans l’identité nationale. Cette approche, qui allie les lois générales de la guerre aux spécificités du contexte vietnamien, a contribué à la formation d’une doctrine militaire unique.
À travers ses combats, l’Armée populaire du Vietnam a non seulement enrichi l’héritage militaire national, mais a également apporté une contribution significative à la pensée stratégique mondiale.
Manh Cuong - Dan Thanh/CVN