Les constructions marines, la sécurité au prix de sacrifices

Pour les soldats, les plates-formes DK1 marquent la souveraineté nationale qu’il faut protéger coûte que coûte. Pour leur construction, ils ont dû affronter des conditions extrêmes. Beaucoup d’entre eux ont même sacrifié leur vie.

>> La 11e mission sur Truong Sa et la plateforme DK1 se termine

>> Truong Sa et la plateforme DK1 : Une histoire d'amour et de dévouement inaltérable

>> Des Vietnamiens d'outre-mer visitent Truong Sa et la plate-forme DK1

Les plates-formes DK1, des bastions de souveraineté sur le plateau continental.
Photo : VNA/CVN

Trente-cinq ans après la construction des premières plates-formes DK1 en Mer Orientale, les officiers continuent de protéger la souveraineté nationale, avec la promesse dans leur cœur : “Tant que les soldats sont là, les plates-formes resteront”. Ils sont portés par la fierté et l’honneur.En regardant de vieilles photos prises sur les plates-formes en Mer Orientale, Pham Ngoc Nam, ancien directeur adjoint de l’Institut de techniques du génie et l’un des premiers constructeurs de plates-formes, partage : “Ces images font partie de mon plus précieux trésor”.

En regardant de vieilles photos prises sur les plates-formes en Mer Orientale, Pham Ngoc Nam, ancien directeur adjoint de l’Institut de techniques du génie et l’un des premiers constructeurs de plates-formes, partage : “Ces images font partie de mon plus précieux trésor”.

Très ému en regardant la photo de la plate-forme DK1/6, témoignant du sacrifice de ses frères d’armes, il se souvient : “Je n’oublierai jamais le moment où j’ai reçu le dernier télégramme de Hoàng Van Thuy, envoyé depuis la DK1/6 au QG de la Brigade 171 de l’Armée de mer vers 03h45 le 13 décembre 1998. Il a seulement dit +Au revoir, nous partons+, lorsque la plate-forme était sur le point de s’effondrer après des heures de lutte contre une forte tempête. On peut dire que les plates-formes ont été construites avec le sang et la chair des soldats”, s’exprime-t-il.

Malgré les difficultés et les dangers, les membres des équipes de construction gardaient toujours l’esprit de fer. “Je me rappelle des jours de tempête avec des vents de force 10 (89-102 km/h, Ndlr), où nous travaillions et essayions de respecter les délais de construction”, se souvient-il.

Participant directement à la construction de plates-formes en Mer Orientale il y a 35 ans, Dang Huu Quy et Nguyên Trong Nhung se rappellent précisément leur mission sur le plateau continental au Sud, consistant à monter la plate-forme DK1. À l’époque, ils travaillaient pour la co-entreprise gazo-pétrolière Vietnam - Russie Vietsovpetro.

Travailler en pleine mer signifie souvent affronter des conditions météorologiques extrêmes, avec des vagues et des typhons violents. Parfois, Nguyên Trong Nhung et ses collègues étaient tellement malades en mer qu’ils passaient des jours allongés, sans manger, uniquement à vomir. Le souvenir des jours passés à bord d’un petit bateau vers le site d’implantation de la plate-forme, et de la solidarité entre collègues face aux vagues et aux vents violents, reste toujours vivace.

Deux jours après notre départ, nous avons rencontré une tempête. Notre bateau était trop petit, nous avons dû nous arrêter et attendre que la tempête se calme pour continuer notre voyage. Une fois arrivés, nous avons travaillé nuit et jour pour installer la plate-forme le plus rapidement possible”, raconte-t-il.

À l’époque, le ministère de la Défense exigeait un travail discret et rapide, réparti en deux phases : sur terre et en mer. Concrètement, l’assemblage des structures supérieures des plates-formes se faisait sur terre, puis elles étaient transportées vers le site d’implantation pour être assemblées avec les autres parties.

Franchir les obstacles

En tant qu’ingénieur de Vietsovpetro, avec une grande expérience en construction, assemblage et installation de plates-formes en mer, Dang Huu Quy était néanmoins préoccupé par la tâche d’examiner la zone d’implantation, qu’il devait se terminer en cinq jours. Mais avec une détermination sans faille, lui et ses collègues se sont lancés dans le travail sans hésitation.

Une plate-forme DK1 dans les premiers temps.
Photo : VOV/CVN

Nous n’avions pas d’autre choix. Il fallait agir rapidement, en surmontant toutes les difficultés. Mesurer la taille des vagues, la profondeur de la zone, observer les conditions marines, les courants, rechercher une zone plane idéale pour l’implantation de la plate-forme, toutes ces tâches devaient être accomplies en quelques jours. Mais ce n’est pas tout. Lorsqu’on a décidé de fixer la plate-forme, nous avons découvert un courant si fort qu’il menaçait la structure. Nous avons donc dû chercher une autre zone”, partage-t-il.

L’enfoncement des pieux était également compliqué ; une fois, un pieu s’est cassé alors qu’il était à 3,5 m sous terre. Nous avons rencontré de nombreuses difficultés, surtout en raison du manque d’équipements modernes, car notre pays était encore sous embargo à l’époque. J’ai passé de nombreuses nuits blanches”, ajoute-t-il.

Nguyên Trong Nhung, quant à lui, insiste sur les défis posés par le calcaire corallien. “Nous avons dû enfoncer les pieux dans ce matériau, dont nous n’avions pas beaucoup d’informations ni de connaissances. Même aujourd’hui, nous ne connaissons pas bien les caractéristiques du calcaire corallien”.

En juin 1989, la construction des trois premières plates-formes a été achevée, suscitant la joie des équipes de construction et des soldats de la marine sur place. C’était la première fois au monde que des structures marines étaient implantées sur du calcaire corallien.

Avec les plates-formes en place, les marins n’avaient plus à vivre des jours périlleux sur de vieux bateaux. Pour Dang Huu Quy, “quelqu’un qui vit en mer, supportant le manque d’eau douce, de nourriture, de médicaments, tout en se méfiant des ennemis, comprend pleinement le tempérament des hommes qui protègent la souveraineté du pays”, affirme-t-il.

Le coût humain

La construction des plates-formes est difficile, mais leur protection peut être encore plus éprouvante, parfois au prix de la vie des soldats. L’une des premières plates-formes s’est effondrée cinq mois après sa construction, renversée par une tempête, emportant neuf officiers et soldats. L’un d’eux, le lieutenant Hô Van Hiên, a donné sa dernière ration de combat à un camarade avant d’être emporté par les flots.

Près d’un mois plus tard, deux officiers, Pham Tao et Lê Tiên Cuong, ont péri en mer lorsque leur bateau a chaviré près d’une plate-forme. Le 12 décembre 1998, la tempête Fathes, avec des vents de force 12, a renversé une plate-forme, emportant neuf soldats, dont trois sont restés à jamais dans les eaux. Dans la nuit du 21 avril 2001, le soldat Ta Ngoc Tu est décédé lors d’une opération.

Plus de 13 ans plus tard, le 7 octobre 2014, le capitaine Duong Van Bac, pointeur du radar de la plate-forme DK1/11 a été emporté par des vagues lors d’une inspection sous le pont d’amarrage, laissant derrière lui sa jeune femme et leurs deux fils.

En décembre dernier, le capitaine Ðô Tùng Linh, commissaire politique de renfort du bateau 202, a connu un sort similaire. Parmi les 13 soldats morts en mission, neuf n’ont pas de sépulture, leurs corps n’ayant jamais été retrouvés.

Lotus sur la mer

Les obstacles et les difficultés, ainsi que les sacrifices des soldats et officiers chargés de construire et de protéger les plates-formes maritimes durant ces 35 dernières années, sont innombrables. Comme des héros, ils protègent non seulement les plates-formes mais aussi les eaux nationales.

Officiers et soldats des plates-formes DK1 dans les premiers temps.
Photo : VOV/CVN

Les informations sur les plates-formes sont enregistrées dans des documents, mais les contributions silencieuses des soldats sont incommensurables. Nous les respectons toujours et leur sommes profondément reconnaissants. La protection de la souveraineté maritime et insulaire est une mission sacrée pour nous”, assure le lieutenant-colonel Nghiêm Xuân Thái, commissaire politique du Bataillon des plates-formes DK1.

Aujourd’hui, il existe 15 plates-formes sur le plateau continental au Sud du pays. “Elles ressemblent à des lotus qui fleurissent sur la mer. Elles marquent la souveraineté nationale du Vietnam. C’est le message que nous voulons transmettre aux générations futures”, confie Dang Huu Quy.

Les plates-formes DK1 servent non seulement de bornes maritimes pour le pays, mais aussi de ceinture de fer pour protéger la zone pétrolière. Elles abritent des panneaux de signalisation pour les navires et autres moyens de transport en mer, ainsi que des stations de recherche météorologique. Elles constituent également un refuge pour les pêcheurs opérant dans les environs.

En 35 ans, le “petit village” DK1, avec ses 15 plates-formes, a montré des prouesses incroyables, notamment la persévérance, la détermination et le courage des soldats face aux dangers naturels et aux défis de la vie. Des générations d’officiers et de soldats ont consacré leur jeunesse à la construction, au fonctionnement et à la protection de ces forteresses en pleine mer. Leur sueur, leurs larmes et leur sang ont contribué au développement et à la protection de ces structures essentielles.

Mai Quynh/CVN




Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top