>> La Convention de Hanoï : un tournant pour le Vietnam
>> Convention de Hanoï : un message fort du multilatéralisme en action
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Les ingénieurs en technologie participent à un exercice de cybersécurité dans le secteur financier et bancaire. |
Photo : Ngoc Bich/VNA/CVN |
Sécurité et sûreté du cyberespace
La cybercriminalité évolue rapidement et ne connaît pas de frontières. Elle frappe dans de nombreux domaines - escroquerie financière, vol de données, sabotage d’infrastructures critiques comme la finance, la banque, l’énergie, la santé, les transports, voire les systèmes de gestion publique. Il s’agit là d’un défi auquel aucun pays, développé ou en développement, ne peut faire face seul.
Dans ce contexte, la Convention des Nations unies constitue une avancée nécessaire pour renforcer les mécanismes de coopération internationale dans la lutte contre la cybercriminalité transnationale. Le choix de Hanoï comme lieu de signature de cette Convention témoigne de la confiance et de la reconnaissance de la communauté internationale à l’égard du rôle actif et constructif du Vietnam dans la promotion d’un cyberespace sûr, transparent et responsable.
Bien que pays en développement engagé progressivement dans l’économie numérique, le Vietnam a accompli, ces dernières années, des progrès remarquables dans la construction d’un cadre juridique pour la cybersécurité, la protection des données personnelles et la coopération avec les organisations internationales dans la lutte contre la criminalité technologique.
Le développement technologique, l’innovation et la transformation numérique constituent pour le Vietnam un choix stratégique pour réaliser son aspiration nationale : franchir le piège du revenu intermédiaire, éviter le retard et s’intégrer pleinement à l’ère numérique. Cependant, ce développement doit aller de pair avec la garantie de la cybersécurité, de la sécurité des données et de la sûreté de l’information.
Pour concrétiser cette vision, le Parti et l’État ont promulgué plusieurs orientations majeures. Citons notamment la Résolution n°29 sur la Stratégie de défense de la Patrie dans le cyberespace et la Résolution n°30 sur la Stratégie nationale de cybersécurité. La création du Comité national de sécurité et de sûreté du cyberespace, dirigé par le Premier ministre, illustre l’attention particulière que le gouvernement accorde à cette question.
Le système juridique relatif à la cybersécurité a été progressivement consolidé. L’Assemblée nationale a adopté plusieurs lois clés telles que la Loi sur la cybersécurité, la Loi sur les données et la Loi sur la protection des données personnelles. La création de l’Association nationale de cybersécurité (NCA) a également contribué à renforcer la coordination entre les organes publics, les entreprises et la société.
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Dans la Résolution n°57 du Bureau politique sur l’innovation, le développement scientifique et technologique et la transformation numérique, la cybersécurité est définie comme un pilier parallèle du développement national. Le Parti et l’État accordent une importance constante à la lutte contre la cybercriminalité, particulièrement dans le contexte actuel de transformation numérique nationale.
Le général de brigade Lê Xuân Minh, chef du Département de la cybersécurité et de la lutte contre la criminalité technologique (A05 – Ministère de la police), a indiqué que le Vietnam met en place et perfectionne son cadre juridique relatif à la cybercriminalité.
L’objectif est de bâtir un environnement juridique conforme aux normes internationales, offrant aux entreprises nationales et étrangères les meilleures conditions de protection dans l’investissement et l’innovation technologique. En parallèle, le pays renforce la formation et l’organisation des forces chargées de la cybersécurité. Ces tâches urgentes et prioritaires visent à garantir un cyberespace sûr au service de la transformation numérique nationale.
Animés par l’esprit de “ne laisser aucun pays seul face à la cybercriminalité”, les organes compétents du Vietnam ont redoublé d’efforts pour protéger les citoyens, notamment les groupes vulnérables, les enfants et les adolescents, contre les risques sur Internet.
Sur le plan juridique, l’État a promulgué et perfectionné plusieurs textes importants tels que la Loi sur l’enfance, la Loi sur la cybersécurité et la Stratégie nationale de protection des enfants dans l’environnement numérique pour la période 2021–2025, accompagnés de décrets et circulaires intersectoriels pour renforcer la détection et la répression des crimes technologiques. Ces politiques traduisent la ligne directrice constante du Parti et de l’État : bâtir un développement humain et une société numérique sûrs et empreints d’humanité.
Lutter contre la criminalité transnationale
Outre l’amélioration du cadre légal, les capacités opérationnelles des forces de l’ordre sont également renforcées afin de répondre aux exigences de l’ère numérique.
Les unités spécialisées dans la cybersécurité et la criminalité technologique bénéficient d’investissements accrus en matière de ressources humaines, d’équipements et de compétences. Des programmes de formation spécialisés et des coopérations internationales sont mis en œuvre, permettant aux agents d’acquérir les connaissances nécessaires pour faire face à l’évolution constante des technologies et des modes opératoires criminels.
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Le Vietnam met en place et perfectionne son cadre juridique relatif à la cybercriminalité. |
Photo : CTV/CVN |
Ces forces sont déployées à tous les niveaux – du centre aux localités – formant un réseau étendu. Grâce à ce maillage, plusieurs réseaux de cybercriminalité transnationale ont été démantelés.
Ces dernières années, la police vietnamienne a démantelé de nombreuses affaires de grande ampleur : réseaux de jeux d’argent en ligne impliquant des milliards de dôngs et opérant à l’échelle internationale, arrestations de hackers étrangers attaquant des entreprises vietnamiennes, etc. Ces succès illustrent les compétences et la détermination croissantes des forces de l’ordre du Vietnam dans ce domaine.
Cependant, la question essentielle demeure : comment éradiquer durablement les réseaux de criminalité transnationale ? Le défi reste immense. La cybercriminalité est souvent invisible, difficile à tracer, et ses réseaux sont transfrontaliers, exploitant les zones grises du droit international.
La mise en œuvre de la Convention de Hanoï apporte une partie de la réponse, en fournissant aux pays signataires, dont le Vietnam, un instrument juridique et un cadre de coopération internationale renforcé pour garantir la sécurité et la stabilité du cyberespace.
Bâtir une “position de défense populaire dans le cyberespace”
Selon le rapport de l’Association nationale de cybersécurité (NCA) publié fin 2024, le Vietnam figure parmi les pays les plus touchés par la cybercriminalité. Les chiffres sont alarmants : une victime potentielle pour 220 utilisateurs de smartphone, et 70% des citoyens exposés à au moins un appel ou message frauduleux chaque mois.
Le Lieutenant-général Nguyên Minh Chinh, vice-président permanent de la NCA, a souligné que les attaques informatiques à grande échelle se multiplient, ciblant les infrastructures critiques nationales, les entreprises et les particuliers, avec des méthodes de plus en plus sophistiquées et rapides. Il a également mis en garde contre la diffusion de fausses informations, de contenus toxiques sur les plateformes numériques et l’utilisation de l’intelligence artificielle à des fins malveillantes.
Il a noté que si le système juridique vietnamien en matière de cybersécurité s’est structuré et renforcé, il ne suit pas encore le rythme effréné des avancées technologiques. La sensibilisation reste inégale parmi les cadres, les entreprises et les citoyens, créant des vulnérabilités exploitables. De plus, l’infrastructure technologique nationale demeure inégale et dépendante des solutions importées, augmentant ainsi les risques.
"La Convention de Hanoï ne se limite pas à renforcer la coopération juridique internationale et les capacités de lutte contre la cybercriminalité", a déclaré Nguyên Minh Chinh. "Elle constitue également un levier pour élever la conscience de l’ensemble du système politique, des citoyens et des entreprises sur l’importance de la sécurité et de la sûreté dans le cyberespace".
Lorsque la vigilance du public reste inégale, il est impossible de tout confier uniquement aux forces spécialisées. Il est donc essentiel de mobiliser la puissance collective du peuple – la solution la plus durable et la plus efficace. D’où l’importance de construire une “position de défense populaire dans le cyberespace”.
Dans le contexte de la transformation numérique intégrale, de nombreuses localités ont innové en intégrant les modèles traditionnels de protection de la sécurité à la base avec des outils numériques. C’est une évolution majeure du “travail direct” vers “l’organisation numérisée”, reflétant l’adaptation du mouvement de protection de la sécurité nationale aux nouvelles pratiques sociales dans l’espace numérique.
Les modèles familiers tels que “Caméras de sécurité”, “Comités d’auto-surveillance”, “Quartiers sûrs”, “Sécurité scolaire”, “Lutte contre la criminalité technologique”, etc., ont été partiellement ou totalement numérisés, connectés aux réseaux sociaux, aux applications de messagerie et aux plateformes d’interaction communautaire en ligne. Le cyberespace devient ainsi une composante essentielle de ces initiatives, renforçant les capacités de surveillance, d’alerte précoce et d’implication citoyenne à distance, à tout moment et en tout lieu.
Ces modèles contribuent non seulement à valoriser le rôle central de la police populaire, mais aussi à encourager la participation active des citoyens dans la défense de la sécurité nationale à l’ère numérique.
L’objectif final est de bâtir une communauté en ligne sûre et civilisée, où chaque citoyen devient un “bastion” protégeant la “frontière numérique” du pays. À travers le projet de “construction d’un front de sécurité populaire dans le cyberespace”, le gouvernement vietnamien poursuit la mobilisation de la force collective de toute la société pour garantir une sécurité durable et globale.
VNA/CVN