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| Le cerf sika, un atout prometteur pour les paysans des régions montagneuses. |
| Photo : CTV/CVN |
Tôt le matin, la brume matinale enveloppe les toits du hameau de Muc, dans la commune de Thanh My, ville de Dà Nang (Centre). Dans une petite étable aménagée sur la pente, La Thi Sâm dépose une brassée d’herbe fraîche pour son cheptel de cerfs sika, qui se nourrit goulûment.
La vie de cette femme Co Tu a changé radicalement en un an. Autrefois cantonnée aux travaux des champs et à une existence précaire, elle bénéficie désormais de revenus substantiels. Chaque récolte de bois veloutés lui procure des dizaines de millions de dôngs, garantissant l’éducation de ses enfants et la stabilité de son ménage.
Formation et réussite rapide
En 2024, La Thi Sâm et cinq autres familles ont bénéficié de l’attribution de 20 faons reproducteurs, intégrés dans un programme d’élevage coopératif. Ce projet, conçu comme un modèle de subsistance clé, s’inscrit dans le cadre du Programme cible national de développement socio-économique des zones montagneuses et ethniques (2021-2025), piloté par l’ancienne province de Quang Nam.
Les agriculteurs furent minutieusement encadrés par les vulgarisateurs, couvrant toutes les étapes : de l’aménagement des parcs à la gestion sanitaire et l’alimentation. “Initialement, l’inquiétude dominait, nous craignions l’échec. Mais grâce aux conseils précis et à la bonne adaptation des animaux, la première production de velours est arrivée au bout de six mois, suscitant une grande joie”, confie Mme Sâm.
L’usage de ressources locales comme l’herbe, les bananes et les tubercules permet de maintenir les dépenses d’exploitation à un niveau minimal. “Le terrain est vaste, la végétation abondante, les bêtes sont robustes et peu malades. De plus, le velours s’écoule facilement à un tarif constant. Le système est rapidement devenu rentable”, ajoute-t-elle.
Ces familles, autrefois démunies, jouissent aujourd’hui d’une aisance financière notable. Le commerce des bois de cerf est prospère, leur permettant de réaliser des économies annuelles.
A Rât Thet, un des pionniers du dispositif, souligne que l’approche collective minimise les dépenses initiales et favorise le partage d’expertise technique entre les foyers.
Un rendement sans équivalent
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| L’élevage de cerfs sika améliore concrètement les conditions de vie de la famille de Mme Sâm. |
| Photo : CTV/CVN |
Le velours de cerf est souvent désigné comme un “élixir” en raison de sa richesse nutritionnelle, essentielle à la résistance immunitaire. Dans la médecine traditionnelle, il figure parmi les quatre grands remèdes, attestant de sa haute valeur thérapeutique.
“Chaque spécimen produit du velours deux fois l’an, pour un rendement oscillant entre 0,7 et 1,2 kg par coupe. À un tarif de 10 à 12 millions de dôngs le kilo, chaque bête génère en moyenne 15 à 20 millions de dôngs. Pour nous, montagnards, ce bénéfice est substantiel. L’entretien du cerf sika est plus aisé que celui des porcs ou bovins, et sa rentabilité bien supérieure”, témoigne M. Thet.
Fort de ce succès retentissant, la filière cerf sika s’est rapidement étendue à de nombreux autres villages, fournissant aux populations locales un levier économique inédit. Aujourd’hui, près de 200 ménages, rien que dans les communes de Thanh My et Bên Giang, se consacrent à cet élevage, transformant l’économie régionale.
BNuoch Ngang, de la commune de Dông Giang, juge ce dispositif parfaitement aligné sur les conditions environnementales et les coutumes agraires locales. Plus qu’une amélioration des revenus, la domestication du cerf sika est devenue un véritable levier de subsistance, assurant la pérennité économique des familles Co Tu sur leur propre sol.
Actuellement, la famille de M. Ngang gère un cheptel de 10 spécimens matures et a déjà réalisé trois récoltes de bois veloutés. “Les bêtes sont peu exigeantes, tirent profit de la végétation sauvage, sont rarement malades et demandent peu de main-d’œuvre. Un bon choix de souche et des soins appropriés garantissent une qualité optimale, attirant les acheteurs directement sur place. Plus l’animal vieillit, plus la quantité produite est élevée, ce qui sécurise et augmente les bénéfices”, explique-t-il.
Outre la récolte, M. Ngang recycle le fumier pour fertiliser son exploitation de 1,5 ha de ginseng pourpre, de cannelle et d’arbres fruitiers, diversifiant ainsi ses sources de recettes. “Grâce à cette activité, nous avons vaincu la pauvreté, et notre niveau de vie s’améliore constamment. Le ginseng et le velours me rapportent à eux seuls plus de 120 millions de dôngs annuellement”, se félicite l’éleveur.
L’homme partage volontiers son savoir-faire avec les autres villageois, offrant des conseils allant de la sélection des faons à l’aménagement des parcs et aux méthodes de soins. Ce partage, associé à l’aide gouvernementale pour le bétail, a permis au hameau d’A Duông de compter désormais 10 unités d’élevage, totalisant plus de 50 têtes.
M. Coor Le, président du Comité populaire de Dông Giang, confirme que l’exploitation du cerf sika affiche une performance économique supérieure aux pratiques agricoles traditionnelles. En milieu montagnard, l’efficacité de ce système est avérée, car il capitalise sur les ressources naturelles abondantes et minimise les risques. Il précise que la commune mobilise chaque année des fonds nationaux pour subventionner les animaux, organiser les formations techniques et structurer le marché. L’objectif futur est d’accroître l’échelle du soutien et de développer parallèlement l’agroforesterie (cannelle, ginseng) pour maximiser les revenus des habitants.
Huong Linh - Hà Nam/CVN




