Le rôle des entreprises publiques dans l’économie nationale

Le secteur des entreprises publiques a contribué grandement au développement du pays. Néanmoins, on leur reproche parfois une gestion opaque et une efficacité loin de répondre aux attentes. Entretien avec le ministre du Plan et de l’Investissement Bùi Quang Vinh.

Le ministre du Plan et de l’Investissement, Bùi Quang Vinh.

Voudriez-vous évaluer le rôle des entreprises publiques (EP) dans l’économie nationale, notamment des groupes économiques (GE) et des compagnies générales (CG) ?
Cela nécessite une évaluation prudente, objective et équitable. Traditionnellement, le secteur des EP, dont le noyau est constitué par les GE et les CG, forme le pilier du développement socio-économique national. Dans cette étape où le Vietnam suit le mécanisme de l’économie de marché à orientation socialiste sont apparues plusieurs autres composants économiques. Mais, ce sont les GE et les CG qui se voient confier la tâche de gérer les infrastructures de base, matérielles et technologiques, ainsi que les ressources importantes du pays. Ce sont eux aussi qui ont contribué grandement à l’économie nationale en assurant la production et la fourniture de produits et services parmi les plus fondamentaux, tels que télécommunication, électricité, carburants, acier, ciment, pétrole et gaz, engrais, produits chimiques… Bref, des matières premières essentielles pour nombre de secteurs d’activités. Sans oublier sa contribution très importante au budget national.
Mais 30 des 85 GE et CG du pays ont une dette trois fois supérieure à leur propre capital. Ces unités sont-elles une lourde charge pour le budget et l’économie du pays ?
Cela ne doit pas être source d’inquiétude. Selon un arrêté gouvernemental, la dette des GE et CG ne peut pas être trois fois supérieure à leur propre capital. De récentes données du ministère des Finances montrent que la dette total des entreprises publiques ne représente actuellement que 1,36 fois leur propre capital (concrètement : 1.008.000 milliards de dôngs de dettes sur 790.000 milliards de capital). Certains GE et CG ne s’endettent considérablement qu’à seule fin d’investir dans la production. Tel est le cas du Groupe d’électricité du Vietnam (EVN) qui a eu recours aux emprunts bancaires pour construire des centrales et développer des réseaux électriques, au service du développement socio-économique du pays. Une fois que ses nouvelles centrales seront fonctionnelles, EVN pourra récupérer ses fonds et s’acquitter de ses dettes. Ainsi, ces GE et CG sont loin d’être « une lourde charge » de l’économie.
Toujours selon le ministère des Finances, fin 2010, il n’y avait que 20% des EP dans une situation à perte. Les 80% restants étaient rentables. Le secteur des GE et les CG constitue vraiment la force de l’économie nationale, aidant à stabiliser les prix sur le marché et à assurer la sécurité et l’ordre social. De plus, il est actif dans des branches d’activités où le secteur privé est peu présent. Un regret néanmoins, c’est que dans une certaine mesure, les GE et les CG ne parviennent pas à exploiter au mieux les bases matérielles et technologies que l’État leur a confié. Autrement dit, leur fonctionnement est loin de répondre aux attentes.

Ces derniers temps, certains GE et CG ont commis des erreurs impardonnables. Selon vous, quelles mesures permettront de mieux gérer et d’élever l’efficience des EP ?

Ces dérives dans les EP sont imputables à la mauvaise gestion des ministères et autres organes de tutelle, ainsi que du système politique dont les comités du Parti locaux, les organes syndicaux locaux… Mais, selon moi, la cause principale réside dans la responsabilité de la personne chargée par l’État de gérer directement les biens d’entreprises. C’est par exemple les cas de Vinashin ou de Vinalines où, selon la conclusion des services d’inspection, les erreurs commises sont des actes individuels et intentionnels. Des personnes ont violé sciemment la loi qu’ils connaissaient bien, ce dans un intérêt purement personnel. Il est certain que les fautifs doivent être sanctionnés sévèrement. Pourtant, il ne faut pas nier les efforts et les apports des millions de travailleurs de ces entreprises.

La Compagnie par actions des détergents et des produits chimiques Duc Giang, relevant du Groupe des produits chimiques du Vietnam, a affiché, au 1er semestre 2012, un chiffre d’affaires de 174 milliards de dôngs, en hausse de 37% en glissement annuel. Photo : Hoàng Hùng/VNA/CVN


Les EP devront observer strictement le principe d’informer annuellement, de façon ouverte et transparente, des résultats de leurs activités d’affaires et de production. Il faut pratiquer par ailleurs un audit obligatoire annuel des EP. En collaboration avec d’autres ministères et secteurs concernés, le ministère du Plan et de l’Investissement procède au rajustement de l’arrêté gouvernemental 132/2005/ND-CP, lequel indique clairement les droits et les devoirs des dirigeants des EP. Désormais, le droit de gestion directe des EP est confié à leur ministère de tutelle. L’arrêté amendé sera soumis au gouvernement en juillet avant d’être mis en application.

Nghia Dàn/CVN

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