Le riz à faible émission du Vietnam à la conquête du marché mondial

Le Vietnam est en train de redessiner la carte mondiale du riz avec le lancement du produit à faible émission issu du projet national d'un million d’hectares de riz de haute qualité, visant à développer une riziculture de haute qualité et à croissance verte dans le Delta du Mékong.

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Le projet d'un million d’hectares de riz de haute qualité à faible émission vise à atteindre une croissance verte dans le Delta du Mékong. 
Photos : Công Hân/CVN

Le riz de marque "Riz vietnamien vert à faible émission" a été présenté début juin sur le marché tant vietnamien que mondial. C’est un label officiel lancé par l'Association de l'industrie du riz du Vietnam (VIETRISA) dans le cadre du projet national d'un million d’hectares de riz de haute qualité (appelé en abrégé "projet du million d’hectares") avec des émissions réduites. Cette marque certifie un riz produit selon des normes strictes d’agriculture verte et à faible émission de carbone, garantissant l'origine, les variétés et le respect des processus techniques durables.

Ce projet, lié à la croissance verte dans le Delta du Mékong, a été approuvé par le Premier ministre. Environ 500 tonnes de la variété de riz Japonica ont été vendues à un prix à l’entrepôt de 820 dollars par tonne, soit nettement supérieur à la moyenne du marché. En particulier, ce riz a été expédié directement vers le marché le plus exigeant au monde : le Japon.

Lors de la cérémonie d’exportation de riz à faible émission du Vietnam vers le Japon. 
Photo : Công Hân/CVN

Après le succès de l’exportation du premier lot de ce riz, Pham Thai Binh, président du conseil d’administration de la Société par actions d’agriculture high-tech Trung An, implantée dans la ville de Cân Tho (Delta du Mékong), déclare que l’entreprise pourrait exporter un deuxième lot d’environ 3 000 tonnes vers le marché japonais. De plus, Trung An prépare l’exportation du "Riz vietnamien vert à faibles émissions" en Australie.


M. Binh souligne également que le projet d'un million d’hectares de riz à faible émission est actuellement en phase pilote, donc la production reste limitée, alors que la demande du marché est très élevée. Son entreprise a également soumis deux projets de production de tel riz : un projet couvrant une superficie de 50 000 ha dans la région du Quadrilatère de Long Xuyên, province d’An Giang, et un autre de 15.000 ha à Cân Tho. L’objectif de l’entreprise est d’atteindre une superficie de 100 000 ha de culture de riz à faibles émissions d’ici 2030.


Photos : VNA/CVN

"J’espère que le projet sera bientôt approuvé par les provinces et les villes du Delta du Mékong. Actuellement, la Banque d’agriculture et de développement rural a également préparé des fonds pour soutenir financièrement les entreprises participant au projet. Les opportunités d’exportation de ce riz sont très grandes, en particulier sur les marchés exigeants comme le Japon, l’UE, les États-Unis, l’Australie…", a partagé M. Binh.

En tant que l’une des entreprises participant à la phase pilote du projet du million d’hectares, Trân Truong Tân Tài, directeur général de la Société à responsabilité limitée de riz du Vietnam (Vinarice), exprime de grandes attentes, car le riz à faible émission est une nouvelle tendance de consommation et le marché est en expansion, notamment dans les segments haut de gamme. Ce produit est actuellement unique au Vietnam, ce qui représente une différence majeure pour élaborer la marque du riz national. "Nous sommes en train de négocier avec des clients européens, tout en continuant à fournir nos produits aux consommateurs vietnamiens", a informé M. Tài.

Le riz A An de la compagnie Tân Long exposé au Japon. 
Photo : DNCC/CVN

Selon le vice-ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, Trân Thanh Nam, pour la campagne d’été-automne 2025, le ministère continue de déployer 11 nouveaux modèles dans différentes zones écologiques afin d’évaluer en détail les processus de culture durable et de mesurer la quantité de réduction des émissions.

Au total, le Delta du Mékong a activement mis en place 101 modèles pilotes, couvrant une superficie totale de près de 4.520 ha. Les résultats montrent que tous les modèles ont enregistré une augmentation de rendement de 5 à 10% par rapport à la culture traditionnelle et une hausse du chiffre d’affaires de 3 à 5 millions de dôngs par hectare.

Dans le modèle de Dông Thap, le rendement a atteint 7,1 tonnes par hectare, soit une hausse de 4% comparée à la riziculture traditionnelle. Un hectare a rapporté 28 millions de dôngs, soit une augmentation de 4,6 à 4,8 millions de dôngs. De plus, le coût de production par kilogramme de riz de ce modèle a diminué d’environ 500 dôngs. Par ailleurs, les revenus supplémentaires provenant de la vente de paille s’élèvent à 400.000 dôngs par hectare.

En particulier, la réduction des émissions dans ce modèle atteint environ 3,13 tonnes de CO₂ par hectare et par campagne.


Au cours du premier semestre 2025, la production de riz exportée par le Vietnam a de nouveau atteint un niveau record de 4,9 millions de tonnes, soit 200 000 tonnes de plus qu’à la même période de l'année précédente. Le riz vietnamien conserve sa position solide sur les marchés traditionnels tels que les Philippines, les pays africains et la Chine. C’est véritablement un exploit remarquable dans un contexte mondial plein de défis.

D’après Dô Hà Nam, président de l’Association des vivres du Vietnam (VFA), le Vietnam pourrait achever, cette année, le plan d’exportation de 7,5 à 7,9 millions de tonnes de riz.


Toujours selon M. Nam, le riz vietnamien ne s’est pas encore largement implanté sur les marchés haut de gamme. Même sur le marché le plus important, les Philippines, le riz vietnamien n’a pas encore réussi à se positionner clairement. C’est pourquoi le projet du million d’hectares est une très bonne initiative pour valoriser la différence des riz vietnamiens.

"Dans le monde, aucun pays n’a un programme ou un plan aussi ambitieux que celui du Vietnam. C’est pourquoi ils attendent aussi beaucoup de notre réussite, qui ouvrirait un nouveau chapitre pour cette filière. C’est également la raison pour laquelle des organisations internationales telles que la Banque mondiale ou l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI) nous soutiennent pleinement. Actuellement, le riz vietnamien a réussi dans la tranche de prix de 550 à 600 dollars/tonne avec les variétés OM et ĐT. Mais avec le Projet du million d’hectares, pour réussir, nous devons clairement définir les segments de marché du Japon, de l’Union européenne, des États-Unis, de la République de Corée, de l’Australie et de la Chine. Ce sont des marchés haut de gamme où il faut choisir des variétés de riz adaptées comme Japonica et ST25", a souligné M. Nam.


En prenant le café comme exemple, M. Nam analyse que, depuis de nombreuses années, les grandes entreprises ont accompagné les agriculteurs pour construire une communauté de café durable selon la norme 4C. Grâce à cela, lorsque le marché, en particulier l’Union européenne, a appliqué la réglementation sur la lutte contre la déforestation (EUDR), le Vietnam est devenu le pays qui répond le mieux à ces exigences. Les questions environnementales et le changement climatique sont des sujets auxquels tout le monde s’intéresse aujourd’hui et souhaite contribuer à résoudre ensemble. "C’est pourquoi, si nous produisons un produit à la fois propre et vert, cela correspondra parfaitement à la tendance du marché", a-t-il analysé.

M. Nam estime également que la fusion des localités ainsi que la mise en place d’une administration à deux niveaux facilitent la planification régionale en fonction des potentiels et avantages locaux, tels que les zones de culture du riz, d’élevage de crevettes et de poissons, ou de plantations fruitières.


Photos : VNA/CVN

De nombreux experts estiment également que le projet du million d’hectares ouvrira de nombreuses nouvelles perspectives pour le riz vietnamien sur les marchés prometteurs.

Le processus de production durable a également prouvé son efficacité économique et environnementale. La mise en œuvre du processus de culture durable permet de démontrer clairement l’efficacité dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, a fait savoir Dào Minh Sô, de l’Institut de sciences et techniques agricoles du Sud.

Lors d’une récente séance de travail à Cân Tho, le Premier ministre Pham Minh Chinh s’est félicité du Projet du million d’hectares et a demandé aux localités de finaliser la planification des zones de culture spécialisée pour un million d’hectares de riz de haute qualité au cours du troisième trimestre 2025.

Le riz vietnamien plébiscité par les Japonais

Sur le marché japonais, le riz A An du groupe Tân Long est présent depuis de nombreuses années et est apprécié par les consommateurs locaux, qui le perçoivent comme ayant une "qualité comparable à celle du riz domestique". Fin juin dernier, un supermarché au Japon a vendu près de 8 tonnes de riz de la marque A An en seulement deux jours.

En 2024, l’entreprise est parvenue à exporter 5.000 tonnes de riz vers le marché japonais, au prix de 1.000 USD la tonne. En raison d’une forte hausse de la demande au Japon ces derniers temps, la société a exporté jusqu’à 6.000 tonnes au cours des quatre premiers mois de cette année, avec un objectif annuel de 30.000 tonnes.

Après ce succès au Japon, en juin dernier, la marque de riz A An a poursuivi son expansion en conquérant de nouveaux marchés, en introduisant officiellement ses produits en Europe, notamment en Allemagne et en France…

Hoàng Phuong/CVN

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