Le “mur du cœur du peuple”, une stratégie pour la sécurité frontalière

À la fois carrefour commercial et ligne de défense stratégique, la province de Quang Ninh mise sur la mobilisation citoyenne pour sécuriser ses frontières. Une approche où chaque habitant devient acteur de la protection.

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Enfants de l’École maternelle de la commune de Quang Ðuc s’initiant à la vie des soldats.

Située dans le Nord-Est du Vietnam, Quang Ninh joue un double rôle : plaque tournante commerciale vers la Chine et bastion défensif. Cette position exige une stratégie de sécurité frontalière à la fois sophistiquée et profondément enracinée dans la communauté. C’est là que prend tout son sens la doctrine du “mur du cœur du peuple”, une philosophie qui place la population locale au centre de la défense de la souveraineté nationale.

Cette stratégie repose sur la directive N°01 du 9 janvier 2015 du gouvernement, qui a lancé un vaste mouvement de participation citoyenne à la protection du territoire et des frontières, invitant chaque Vietnamien à devenir acteur de la défense. Sa mise en œuvre est coordonnée avec rigueur par le Parti, les autorités et les forces armées.

Mobilisation à tous les niveaux

Chaque année, des milliers de personnes - cadres civils, soldats des garde-frontières, policiers, militaires et représentants du peuple - participent à des conférences et séminaires de sensibilisation. Ces événements ne se limitent pas à l’information :

ce sont des forums d’échange où connaissances et responsabilités sont partagées. En parallèle, le Centre provincial des médias diffuse régulièrement reportages, articles et bulletins sur la sécurité frontalière, assurant que même les zones les plus reculées restent informées et vigilantes.

La force de cette stratégie réside dans sa capacité à concrétiser la théorie. Les forces armées ne sont pas perçues comme distantes, mais comme partenaires de proximité. Lors d’événements nationaux comme la Journée de la défense nationale, soldats et garde-frontières organisent des activités communautaires : consultations médicales gratuites, distribution de médicaments, aide agricole avec fourniture de semences et formation à de nouvelles techniques de production.

Ces actions renforcent le lien entre civils et militaires, illustrant le concept vietnamien de “relation armée et population”. Le contact humain, la proximité et le service rendu ne se contentent pas d’améliorer les conditions de vie : ils instaurent une confiance durable dans les politiques de l’État et du Parti, rendant la population plus réceptive et active dans la défense collective.

Dans les zones peuplées de minorités ethniques, les figures d’autorité locales - patriarches, chefs religieux et traditionnels - jouent un rôle de relais essentiel. Ils transmettent les directives et lois aux habitants, les incitent à participer à la gestion des frontières et les alertent contre les tentatives d’ingérence exploitant les questions ethniques ou religieuses. Leur action renforce la conscience citoyenne et le sens des responsabilités en matière de sécurité, favorisant une cohésion sociale élevée.

Comme le témoigne Ðang Thi Hai, habitante du village frontalier de Câu Phùng : “Les cadres du village, les soldats et les garde-frontières viennent régulièrement nous parler des politiques de l’État sur la sécurité. Nous comprenons notre rôle et notre responsabilité de travailler avec les forces de l’ordre pour maintenir la sécurité et l’ordre dans notre communauté”.

Des modèles innovants et efficaces

Sensibilisation des habitants locaux à la protection des frontières.

Depuis 2015, Quang Ninh a organisé plus de 6.230 sessions de sensibilisation, touchant plus de 21.000 cadres et soldats et près de 219.000 citoyens. Le mouvement de participation s’est diffusé dans toute la province, des centres urbains aux hameaux les plus reculés.

Des modèles de coopération innovants ont émergé. Le modèle “Gestion et protection des frontières par la communauté” en est un exemple marquant : 497 équipes, soit 5.597 volon-taires, patrouillent aux côtés des garde-frontières sur 118.825 km de frontière et 98 bornes. Leur présence constitue une couche de protection supplémentaire, un “bouclier humain” qui renforce la capacité de détection et de gestion des activités illégales telles que la contrebande ou les traversées non autorisées.

D’autres initiatives communautaires, comme l’“Autogestion des zones de pêche et des quais” à Cô Tô, la “Diplomatie populaire” à Bình Liêu ou le “Club des femmes au service des frontières et des îles”, ont transformé la mentalité des citoyens. Elles ont permis de réduire les infractions, de renforcer le civisme et de faciliter la gestion des frontières.

Dans un contexte d’intégration internationale et d’intensification des échanges frontaliers, Quang Ninh poursuit son effort d’innovation. Elle modernise ses forces de sécurité, intègre de nouvelles technologies et approfondit l’engagement communautaire. Le développement socio-économique va de pair avec la consolidation de la défense nationale.

La vision est claire : lorsque chaque citoyen - pêcheur, agriculteur ou résident urbain - comprend et assume sa responsabilité, le “mur du cœur du peuple” devient indestructible. C’est cette force intérieure qui protège la souveraineté du Vietnam et bâtit une frontière de paix, d’amitié et de développement durable. Cette approche proactive et inclusive constitue un modèle unique, démontrant que la sécurité d’une nation repose autant sur la détermination de ses citoyens que sur la puissance de ses forces armées.

Texte et photos : QN - Huong Linh/CVN

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