>> La diaspora vietnamienne en France célèbre le cinéma national
>> Pluie rouge clôture la Semaine du film vietnamien à Paris
>> Plus de 6.000 spectateurs découvrent Mua do en France
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| La ministre française de la Culture, Rachida Dati (droite), rencontre Ngô Phuong Lan, présidente de la VFDA (2ᵉ à gauche), et des représentants du cinéma vietnamien. |
| Photo : ND/CVN |
Lors de la cérémonie d’ouverture, Ngô Phuong Lan, présidente de l’Association vietnamienne pour la promotion et le développement du cinéma (VFDA), a rappelé l’ampleur des transformations en cours. Après une reprise du marché à son niveau d’avant la pandémie dès 2023, le cinéma vietnamien a connu en 2024 et 2025 une croissance remarquable : la part de marché des films nationaux, proche de 30% avant le COVID-19, a frôlé les 50% en 2024 et pourrait atteindre 65 à 70% en 2025. Parallèlement, des films indépendants et artistiques ont été remarqués dans de nombreux festivals internationaux, portés par une nouvelle génération de cinéastes audacieuse et confiante.
Cette dynamique, la VFDA l’a accompagnée en initiant notamment le Festival asiatique du film de Dà Nang (DANAFF), lancé à l’été 2023, devenu en peu de temps un rendez-vous suivi bien au-delà de l’Asie. À Paris, la Semaine du cinéma vietnamien a d’ailleurs pris des allures de mini-festival : une ouverture solennelle, une sélection couvrant un demi-siècle de création, des rencontres avec réalisateurs et comédiens, ainsi que des tables rondes consacrées à la coopération franco-vietnamienne en matière de production et de formation.
Des films pour élargir le regard
Pour le public comme pour les professionnels, l’enjeu n’était pas tant le nombre de films présentés que la manière dont le cinéma vietnamien a choisi de se montrer. Des œuvres populaires à forte visibilité aux films plus introspectifs, la programmation a dessiné le portrait d’un paysage cinématographique pluriel.
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| Nombreux acteurs et réalisateurs vietnamiens lors de la cérémonie de clôture de la Semaine du cinéma vietnamien - Voyage de la lumière à Paris. |
| Photo : CTV/CVN |
La comédienne Kaity Nguyên confiait ainsi que voir un film vietnamien projeté dans une salle emblématique de Paris dépassait la simple fierté personnelle. À ses yeux, l’essentiel résidait dans la curiosité éveillée chez les spectateurs internationaux : le désir de comprendre les personnages, les contextes sociaux, les histoires derrière les images.
Pour l’actrice Lê Vi, figure reconnue du cinéma vietnamien, cette présence à Paris illustre une continuité historique : chaque époque laisse son empreinte sur la narration et l’esthétique, et montrer des œuvres contemporaines à l’étranger revient à affirmer que le cinéma vietnamien ne cesse de dialoguer avec son temps.
Les réactions venues de l’extérieur ont confirmé cette impression. Le réalisateur et acteur Stéphan Ly Cuong s’est dit surpris par la manière dont certains films vietnamiens abordent des thématiques historiques et sociales à travers un langage cinématographique moderne, estimant que le pays se trouve aujourd’hui à un moment de maturité propice à une ouverture internationale accrue.
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| L'équipe du film Mua do (Pluie rouge) au cinéma Pathé Palace à Paris. |
| Photo : CTV/CVN |
Au-delà des productions à grand public, des films chargés de mémoire et d’émotion ont également trouvé un écho sensible. Cette diversité a contribué à déplacer les regards : le cinéma vietnamien n’est plus perçu uniquement à travers le prisme du film de guerre, mais comme un ensemble riche, allant du cinéma commercial au film historique ou artistique. Une pluralité que certains chercheurs français considèrent comme indispensable pour s’inscrire durablement sur le marché mondial.
Pour de nouvelles coopérations
Sur le terrain professionnel, les échanges n’ont pas versé dans le symbolique. Les tables rondes consacrées à la coopération bilatérale ont abordé sans détour les questions essentielles : développement de projets, formation, postproduction, coproduction et dispositifs de soutien.
Ngô Phuong Lan a souligné que si le cinéma vietnamien progresse rapidement en volume et en parts de marché, son intégration internationale dépendra de la qualité de certaines étapes clés de la chaîne de production. Une génération prometteuse est là, mais elle a besoin d’appuis solides - en formation, en mentorat et en réseaux - pour transformer le potentiel en réalisations durables.
Du côté français, Michel Plazanet, représentant du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), a mis en avant des chiffres révélant un taux de réussite notable des projets vietnamiens dans les programmes de soutien internationaux, signe d’une professionnalisation accrue. Pour le producteur Christophe Bruncher, rompu aux échanges euro-asiatiques, la clé d’une coopération pérenne réside dans la solidité des projets dès leur conception nationale : "une structure claire et une vision affirmée suffisent souvent à convaincre des partenaires étrangers".
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| Le général de division Dô Triêu Phong (2ᵉ à droite) avec l’équipe du film Tu chiên trên không (Combat mortel dans le ciel) à Paris. |
| Photo : CTV/CVN |
Le programme a également été marqué par une rencontre de travail entre la ministre française de la Culture, Rachida Dati, et Ngô Phương Lan, consacrée aux priorités de la coopération audiovisuelle, notamment dans les domaines de l’animation et de la préservation du patrimoine cinématographique.
Au final, la Semaine du cinéma vietnamien - Voyage de la lumière a proposé bien plus qu’une série de projections : elle a ouvert un espace de dialogue pour tout un écosystème créatif. En misant sur la confiance - celle du public international, des professionnels et des cinéastes eux-mêmes - le cinéma vietnamien esquisse un chemin où les fruits espérés ne semblent plus hors de portée, mais simplement au bout d’une route désormais mieux éclairée.
Thao Nguyên/CVN







