Le capital vert encouragé pour le développement économique

Le Vietnam prend des mesures drastiques pour mobiliser le capital vert, pierre angulaire de sa stratégie de développement économique à long terme, notamment dans les secteurs privé et agricole.

>> Ajuster les taux bancaires pour soutenir la croissance

>> Diversifier ses sources de financement pour mieux servir les plus démunis

Directive clé de la Résolution 68 du Comité central du Parti, qui repositionne le secteur privé comme l'un des moteurs les plus importants de l'économie nationale, le gouvernement vietnamien promeut les mécanismes de crédit vert, encourage les institutions financières à réduire les taux d'intérêt et accorde la priorité au soutien des entreprises privées et de l'agriculture dans leur transition vers des modèles économiques durables.

Un bureau d'Agribank. Le secteur bancaire est à l'avant-garde du déblocage des flux de capitaux verts. 
Photo : VNS/CVN

Les entreprises privées, en particulier les entreprises familiales et de taille moyenne, sont au cœur de la transition verte du Vietnam.

Alors que le pays adopte des cadres environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), le besoin de capitaux à long terme pour financer des projets d'économie durable et circulaire n'a jamais été aussi crucial.

Selon un rapport de PwC, près de la moitié des investisseurs sont prêts à retirer leurs capitaux des entreprises qui ne respectent pas leurs engagements ESG. Cela montre que la transformation verte n'est plus une option : elle est devenue un facteur crucial pour la survie et la croissance d'une entreprise.

Si l'adoption des critères ESG au Vietnam reste modeste, un nombre croissant d'entreprises privées intègrent le développement durable à leurs stratégies clés.

Cette tendance est visible parmi les sociétés cotées, les petites entreprises et les entreprises familiales. Il est remarquable que les entreprises privées vietnamiennes soient deux fois plus susceptibles que les autres secteurs d'investir des capitaux à long terme dans des investissements résilients au changement climatique, démontrant ainsi à la fois un sens aigu des affaires et une évolution de la mentalité en faveur du développement durable.

Selon Hoàng Viêt Cuong, directeur général adjoint de PwC Vietnam, les entreprises privées vietnamiennes peuvent mobiliser plusieurs sources de capital pour réaliser leurs ambitions vertes, notamment les capitaux propres et les bénéfices non distribués, les prêts bancaires à moyen et long terme, les partenariats stratégiques et les coentreprises, les obligations d'entreprise, le crédit-bail et les fonds de capital-investissement.

Les capitaux propres et les bénéfices non distribués constituent la source la plus stable, en particulier pour les entreprises familiales affichant des décennies de bénéfices accumulés, tandis que les prêts bancaires à moyen et long terme sont accessibles aux entreprises bénéficiant d'une bonne solvabilité et de projets verts évolutifs.

Partenariats stratégiques

L'agriculture vietnamienne s'oriente vers des modèles durables.
Photo : VNA/CVN

Les partenariats stratégiques et les coentreprises sont des collaborations nationales et internationales visant à apporter des capitaux, des technologies et un risque partagé.

Pour les obligations d'entreprises, ce canal offre un potentiel aux grandes entreprises bien gérées. Le crédit-bail est une méthode flexible pour financer des équipements et des technologies vertes sans coûts initiaux importants.

Les fonds de capital-investissement s'intéressent de plus en plus aux projets durables, à condition que les entreprises respectent des normes de transparence et de gouvernance.

Malgré ces tendances prometteuses, d'importants obstacles subsistent, notamment l'accès limité aux marchés des capitaux et la nécessité d'améliorer la transparence financière.

Pour débloquer des capitaux verts à grande échelle, les entreprises doivent renforcer leur gouvernance, adopter les principes ESG et s'aligner plus étroitement sur les mécanismes de soutien des politiques publiques.

Pour assurer leur pérennité, les experts recommandent aux entreprises vietnamiennes d'adopter plusieurs stratégies, notamment la promotion d'une culture de l'innovation et la transformation numérique, ainsi que la création de partenariats stratégiques pour développer leurs capacités et leurs marchés.

Elles doivent investir dans des cadres décisionnels solides et fondés sur les données, intégrer pleinement les principes ESG dans leurs modèles économiques et leurs opérations, et donner à la prochaine génération de dirigeants d'entreprises familiales les moyens de promouvoir l'innovation et la durabilité.

Parallèlement, le secteur agricole vietnamien, confronté à des défis climatiques croissants, connaît une profonde transformation. L'abandon des pratiques traditionnelles au profit de modèles durables et respectueux de l'environnement est désormais une question de survie et de compétitivité.

Le crédit vert s'est imposé comme un moteur essentiel de cette transition. Le secteur bancaire, mené par des institutions comme Agribank, est à l'avant-garde du déblocage des flux de capitaux verts.

Agribank a lancé un programme de crédit préférentiel d'un montant de 50.000 milliards de VND (1,9 milliard de dollars) à compter d'avril, avec un taux d'intérêt attractif de 4,5%, inférieur aux taux conventionnels.

Des goulets d'étranglement subsistent

Cette initiative donne la priorité aux agriculteurs, aux coopératives et aux entreprises agroalimentaires qui adoptent des pratiques innovantes et respectueuses de l'environnement. Des structures de prêt flexibles, incluant des découverts et des versements ponctuels, garantissent un accès plus large.

D'autres banques, dont Nam A Bank, HDBank et Bac A Bank, adoptent également le crédit vert comme stratégie à long terme. La Nam A Bank, par exemple, finance la riziculture de haute technologie, des projets d'énergie renouvelable et des systèmes d'irrigation économes en eau dans le delta du Mékong, transformant ainsi les pratiques agricoles en profondeur.

"Nous ne nous contentons pas de proposer des financements, nous construisons des chaînes de valeur dans des secteurs comme le thé, les produits de la mer et le caoutchouc afin de maximiser le rendement des investissements", a déclaré Dào Duy Nam, directeur adjoint de Nam A Bank.

Par ailleurs, la Banque d'État du Vietnam (SBV) a institutionnalisé la croissance verte dans sa stratégie de crédit depuis 2015.

En 2023, elle a lancé un plan d'action pour la stratégie nationale de croissance verte pour le reste de la décennie, incitant les institutions financières à adopter des critères ESG et à améliorer leur responsabilité grâce à des rapports de développement durable.

Cependant, des obstacles subsistent. De nombreuses banques manquent d'outils standardisés pour évaluer les risques environnementaux et sociaux, et les cadres juridiques tels qu'un "portefeuille vert" unifié font toujours défaut. Ce vide réglementaire, conjugué aux inquiétudes concernant la longueur des délais de retour sur investissement des projets verts, incite les banques à la prudence.

Par conséquent, la SBV a publié un manuel sur le système de gestion des risques environnementaux et sociaux afin d'aider les banques à évaluer plus efficacement les risques ESG et à se rapprocher des normes internationales.

Pour accélérer véritablement la finance verte, les experts préconisent un modèle de coopération à cinq, impliquant l'État, les banques, les entreprises, les scientifiques et les agriculteurs.

Trân Van Dung, directeur adjoint de l'Institut de recherche et de formation en économie et finance, a déclaré que les modèles de prêt devraient évoluer, passant d'un financement basé sur des garanties à un financement basé sur des plans de production ou des contrats.

Il a proposé la création d'un Fonds de soutien à l'agriculture durable pour promouvoir les projets impliquant les technologies vertes, les cultures résilientes au changement climatique et les techniques de réduction des émissions.

Par ailleurs, l'élargissement de l'accès au microcrédit, en partenariat avec les fintech et les institutions de microfinance, pourrait donner plus de pouvoir aux petits exploitants agricoles et aux coopératives. En complément, l'assurance agricole et les garanties de crédit pourraient réduire les risques et encourager les banques à accorder des prêts plus audacieux.

VNA/CVN

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