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Truong Luong Hy (droite) et Nguyên Buu Thang (2e à gauche) apprennent aux enfants aveugles à se familiariser avec les ukulélés. |
Photo : Doan Nhan/CVN |
Le projet “Musique pour enfants” s’étend de Hô Chi Minh Ville à d’autres régions du pays. En effet, avant de s’exécuter dans la ville de Dà Nang (Centre), il s’est adressé aux enfants déshérités de Long An et Binh Phuoc (Sud), puis Dà Nang, et dans la province de Kon Tum sur les hauts plateaux du Centre. L’initiateur du programme est Nguyên Buu Thang, diplômé du Conservatoire de musique de Hô Chi Minh-Ville et passionné par la fabrication de guitares. Lui et sa femme possèdent un atelier de guitares artisanales dans la mégapole du Sud.
L’idée du projet tenait à cœur à M. Thang depuis longtemps. “En 2022, j’ai par hasard reçu une commande spéciale de mon ami. Un ukulélé pour son enfant à naître. Cela m’a rappelé mon rêve d’enfant de posséder un instrument de musique. Et de nombreux enfants souhaitent comme moi en avoir un”.
“J’ai commencé par appeler mes amis pour mettre en œuvre l’idée d’offrir des instruments de musique aux enfants les plus défavorisés. Pour chaque don d’instrument, quelqu’un l’enseignera directement aux enfants”, déclare l’artisan.
Sa femme et plus de 50 amis amateurs ont travaillé jour et nuit dans leur atelier pour fabriquer à la main des ukulélés. Certains de ses amis l’ont soutenu en lui fournissant du matériel, d’autres se sont efforcés de fabriquer les instruments, mettant tout leur cœur au service des enfants.
“Je veux juste faire découvrir la musique aux enfants. Avec une guitare à la main, leur vie sera plus heureuse”, partage Nguyên Buu Thang.
Au début de chaque semaine, 15 enfants malvoyants du Centre de soutien au développement de l’éducation inclusive de Dà Nang sont arrivés très tôt dans une salle de conférence, sachant qu’ils y recevraient des ukulélés et apprendraient à jouer de l’instrument.
Instrument de rêve
Trung Chiêu, membre du groupe qui offre les instruments aux enfants, explique chaleureusement que chaque ukulélé est décoré de différents dessins 3D ayant été faits par les enfants sourds d’un centre à Hô Chi Minh-Ville. Il s’agit d’une particularité du projet et d’une excellente combinaison permettant de combler les lacunes.
En effet, l’énergie des personnes sourdes transmise par l’image voyage jusqu’aux aveugles qui eux ressentent avec le cœur plutôt qu’avec les yeux.
Tenant dans ses mains l’instrument nouvellement offert, Thành Nhân, élève de 2e année au lycée Nguyên Thuong Hiên et au centre confie qu’il fait de la musique depuis sa 2e année de secondaire et joue principalement de la guitare. Nhân avait déjà essayé un ukulélé, mais c’est la première fois qu’il en possède un. Cela le rend extrêmement enthousiaste.
“Les personnes non handicapées ont beaucoup de possibilités de jeux, mais pour nous qui avons une vision limitée, la musique aide à soulager la pression, à améliorer notre humeur”, confie Thành Nhân. Même s’il sait que ce sera un avenir difficile, il a toujours souhaité devenir musicien et gagner sa vie ainsi. Et ce cadeau le motive à poursuivre son rêve.
Partageant des sentiments similaires, Tu Anh, élève de 2e année à l’école primaire, déclare qu’avant d’avoir un ukulélé, il a passé environ deux heures par jour à apprendre le mélodica. “Je me sens heureux et à l’aise en jouant du piano. Je suis très excité de tenir cet ukulélé entre mes mains et de sentir chaque petite corde”.
Les enfants aveugles sont ravis de jouer de l’ukulélé. |
Photo : PC/CVN |
Dô Thi Dô Quyên, directrice du Centre de soutien au développement de l’éducation inclusive de Dà Nang, informe que les enfants qui ont reçu ces instruments aiment la musique et ont du talent. Actuellement, le centre leur enseigne les instruments de musique traditionnelle et moderne, mais c’est la première fois qu’ils reçoivent un ukulélé.
On compte près de 300 enfants souffrant de différents types de handicaps, et les malvoyants ont un sens et un talent musicaux particuliers. La musique leur procure de la joie, les aide à soulager la tristesse et à surmonter les difficultés de la vie.
Cours spécial de l’ukulélé
“Les membres du groupe viennent régulièrement au centre afin d’enseigner cet instrument de musique aux enfants, ce qui constitue le plus précieux cadeau du projet”, fait savoir Mme Quyên.
Ces enseignants sont des artistes locaux dont Truong Luong Hy (37 ans). Après avoir obtenu son diplôme de l’Académie de musique de Huê, M. Hy ouvre le centre de musique Mi Fa Do. Deux fois par semaine, il se rend au Centre de soutien au développement de l’éducation inclusive de Dà Nang avec les professeurs de son centre. Malgré un emploi du temps chargé, il consacre tout son temps et son énergie à ces enfants.
M. Hy se souvient que lors de ses premiers cours, il stressait en pensant qu’enseigner l’ukulélé à des enfants aveugles serait beaucoup plus compliqué. C’est en commençant à pratiquer qu’il a vraiment compris à quel point c’était difficile. “Les enfants ne peuvent pas voir, donc je dois tenir la main de chaque enfant et les laisser toucher chaque corde pour guider leurs mains en fonction de chaque mouvement”, raconte-t-il.
Nguyên Buu Thang, un des enseignants du projet raconte qu’en recevant un massage dans un centre des malvoyants, il remarque que leur univers est avant tout composé de sons. Convaincu que le plus beau son est la musique, il a souhaité prodiguer des cours d’ukulélé gratuits aux aveugles.
“Je me suis imaginé privé de la vue, j’ai touché et sentis l’instrument. Je me suis mis dans les mêmes conditions qu’eux pour trouver la méthode d’enseignement la plus efficace. Et quand j’ai entendu par hasard parler du projet, j’ai commencé à y participer”, dit-il.
Doan Nhan - Dan Thanh/CVN