Inondations : urgences et solutions pour les mégapoles vietnamiennes

Le changement climatique, l'urbanisation galopante et un système de drainage défaillant menacent de noyer Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Ces grandes mégapoles sont en première ligne face aux inondations récurrentes, mettant en péril la vie de leurs habitants. De nombreuses initiatives sont proposées.

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La rue Dôi Cân, à Hanoï, est sous les eaux à la suite de fortes pluies. 
Photo :  VNA/CVN

Le récent super typhon Yagi a frappé de plein fouet le Nord du pays, laissant derrière lui un lourd bilan humain et matériel. Les inondations dévastatrices, qui ont touché aussi bien les plaines que les montagnes, témoignent de l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique.

Malgré des dizaines de milliers de milliards de dông investis dans des projets de prévention des inondations, ces deux villes demeurent vulnérables aux fortes pluies. Les récents évènements montrent l’insuffisance de ces mesures et l’urgence d’adopter une approche plus globale et durable.

Un défi de plus en plus pressant

L’architecte Ngô Viêt Nam Son, président de NgoViet Architects & Planners, estime que l’urbanisation galopante, en artificialisant et en bétonnant les cours d’eau, réduit considérablement leur capacité d’écoulement, augmentant ainsi le risque d’inondations. Pour enrayer durablement ce fléau, les autorités municipales doivent adopter une approche globale et cohérente de l'urbanisme. Il est impératif de préserver les espaces naturels, notamment dans les zones situées le long des rivières et des canaux, qui jouent un rôle essentiel dans la régulation des eaux.

Une route inondée suite à de fortes pluies dans le 7e arrondissement à Hô Chi Minh-Ville. 
Photo : VNA/CVN

Hô Chi Minh-Ville est citée par M. Son comme ayant comblé des canaux pendant des décennies pour construire des ponceaux en forme de boîte, qui ont une grande capacité de drainage, facilitant le dragage et l’entretien. Mais, souligne-t-il, rien ne peut remplacer les canaux qui, en plus de leur capacité à stocker de grandes quantités d’eau, jouent un rôle essentiel dans la régulation du cycle de l’eau et la préservation de la biodiversité.

À Hanoï, chaque saison des pluies transforme de nombreuses rues en véritables rivières, témoignant de l’incapacité chronique des infrastructures à gérer les fortes précipitations. Selon le Service municipal des transports, la capitale compte une trentaine de points noirs systématiquement inondés lors de fortes pluies. Parmi les plus touchés, on retrouve les rues Nguyên Khuyên, le carrefour Phan Bôi Châu - Ly Thuong Kiêt, ainsi que l’avenue Thang Long, véritable artère de la ville.

Selon le Dr. Dào Ngoc Nghiêm, vice-président de l’Association de planification et de développement urbain du Vietnam, les inondations récurrentes à Hanoï sont principalement dues à l’obsolescence et à l’insuffisance du réseau d’égouts et de drainage. La ville est divisée en trois zones de drainage : la zone nord et les zones gauche et droite de la rivière Day. Cependant, les stations de pompage en aval n’ont pas été construites.

M. Nghiêm a fait part de l’expérience d'autres pays en matière de prévention et de lutte contre les inondations, montrant que 3% à 5% de la surface terrestre doit être utilisée comme lacs de régulation. Or, Hanoï n’en possède aujourd’hui qu’environ 2%, soit l’équivalent de 6.000 ha de lacs. Bien que la capitale dispose de nombreux systèmes de canaux, beaucoup d’entre eux ont été comblés et tout le potentiel du système n’a pas été exploité.

Une stratégie et une vision durables

Les projets de prévention des inondations dans les zones urbaines du pays sont donc nécessaires mais insuffisants, en particulier dans le contexte actuel de changements climatiques extrêmes. La résolution du problème des inondations nécessite une stratégie et une vision durables.

Restauration d'un égout dégradé à Hô Chi Minh-Ville. 
Photo : CTV/CVN

Pour Hô Chi Minh-Ville, les experts conseillent de réévaluer l’efficacité des projets de prévention des inondations mis en œuvre dans le passé, à la fois pour en tirer des leçons pour les projets futurs et pour contrôler les résultats des travaux. Dans le même temps, la ville devrait renforcer la coopération et partager ses expériences avec d’autres villes dans le monde. À partir de là, il est possible de minimiser l’impact des inondations et de s’orienter vers un avenir plus durable pour la population et la communauté.

En ce qui concerne Hanoï, M. Nghiêm déclare que le meilleur moyen est d’ajuster rapidement les projets de drainage. En outre, il est nécessaire d’entretenir et de réparer régulièrement le réseau de canaux et d’égouts. En particulier, la capitale a besoin d’une politique d’étude complète du réseau fluvial qui la traverse.

Hanoï accélère actuellement la mise en œuvre de nombreux projets d’envergure visant à améliorer son système de drainage et à prévenir les inondations. Parmi ces initiatives, on peut citer la modernisation des stations de pompage, la régulation des lacs et la construction de nouveaux réseaux d’évacuation des eaux usées, notamment dans la partie occidentale de la ville. Parallèlement, plusieurs projets d’ampleur sont en cours de préparation, tels que la mise en place d’un système de drainage des eaux pluviales dans le bassin de la rivière Nhuê, tant sur sa rive gauche que dans l’arrondissement de Hà Dông situé sur sa rive droite.

Trois projets d’assainissement, financés par le Comité populaire de l’arrondissement de Long Biên, viennent d’être approuvés par la mairie de Hanoï. Le changement climatique et les inondations ne sont plus l’apanage des centres urbains : ils touchent désormais toutes les régions du pays. Face à cette menace grandissante, le Vietnam a multiplié les politiques et les programmes visant à s’adapter au changement climatique et à construire des villes plus résilientes.

Le changement climatique et les inondations ne se produisent pas seulement dans les villes centrales, mais se sont répandus dans toutes les régions. Pour prévenir les catastrophes naturelles, le Vietnam a publié de nombreuses politiques, stratégies et programmes connexes, visant à répondre au changement climatique et à développer des zones urbaines durables. Cependant, l’adaptation au changement climatique dans la planification urbaine a encore des limites.

Curage d'un canal à Hanoï.
Photo : VNA/CVN

D’après le directeur du Département des sciences, de la technologie et de l’environnement du ministère de la Construction, Vu Ngoc Anh, pour être résilientes au changement climatique, les zones urbaines devraient être de taille modérée et avoir une capacité d’adaptation suffisante. Le Vietnam devra bientôt approuver le système de planification urbaine et rurale pour la période 2021-2030, avec une vision à l’horizon 2050.

Lors de la séance de questions-réponses devant l’Assemblée nationale en juin dernier concernant les inondations dans les zones urbaines, le ministre de la Construction Nguyên Thanh Nghi a également proposé un certain nombre de solutions. Il s’agit de perfectionner les lois relatives au drainage et au traitement des eaux usées, notamment en développant la Loi sur la planification urbaine et rurale, la Loi sur l’approvisionnement en eau et le drainage, et la Loi sur la gestion du développement urbain. Il a également affirmé qu’il était nécessaire d’améliorer la qualité de la planification de la construction et de la gestion de l’urbanisme.

Huong Linh - Thu Hang/CVN

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