Les Pa Kô et les Vân Kiêu, gardiens de la forêt vierge

À Quang Tri , un secret bien gardé : les communautés Pa Kô et Vân Kiêu ont mis au point un système ancestral de protection de la nature, faisant de leurs forêts des sanctuaires écologiques uniques.

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Parcelle d’anciens giang huong dans le village d’A Quan, commune de Lia à Quang Tri. 
Photo : CTV/CVN

Dans les forêts anciennes, de nombreux arbres précieux comme le lim (bois de fer), le sên (Madhuca pasquieri), le giang huong (Pterocarpus macrocarpus), bien que situés à proximité des zones résidentielles, ne sont ni coupés ni endommagés.

Les forêts préservées sont une histoire étrange mais vraie de la région sud-ouest de la province de Quang Tri. Ces arbres anciens sont strictement protégés et surveillés par des coutumes traditionnelles, avec la participation des vivants et des défunts.

Protéger les forêts par les coutumes

Dans la commune de Lia, district de Huong Hoa, où l’on cultive également des arbres industriels de grande valeur, chaque village possède près de la zone résidentielle une forêt sacrée, toujours verte et luxuriante, aux nombreux arbres précieux. Les habitants, principalement des ethnies Pa Kô et Vân Kiêu, les appellent “forêts fantômes”.

Hô Van Phâng, âgé de 75 ans et chef du hameau de Ky Tang, commune de Lia, raconte que : “Les forêts fantômes sont des lieux où l’on enterre les morts. Selon les coutumes locales, il s’agit de lieux sacrés où personne ne peut entrer librement”. Selon lui, autrefois, les peuples Pa Kô et Vân Kiêu pensaient que les humains étaient comme les arbres et les animaux de la forêt, qu’ils naissaient, grandissaient puis mouraient et que, puisque les humains étaient protégés par la forêt de leur vivant, ils devaient y retourner après leur mort pour que perdure leur lien avec l’autre monde.

C’est pourquoi les défunts sont souvent enterrés sous de grands arbres, dans l’espoir que les esprits de la forêt protègent leur âme, considérant ces lieux comme sacrés et inviolables.

“Lors des premiers jours de la création d’un nouveau village, la première personne décédée était enterrée dans une certaine forêt, qui était alors choisie par les villageois comme sa forêt des fantômes. Progressivement, cette forêt est devenue le lieu de repos des ancêtres, et personne n’a donc le droit de la déranger. Dans certains cas particuliers, si quelqu’un doit y pénétrer, il prépare des offrandes pour que l’ancien du village puisse effectuer des rituels et demander la permission aux esprits de la forêt ”, explique M. Phâng.

“Les familles riches offrent un buffle ou une vache, les familles pauvres un cochon ou un coq doré. Si quelqu’un entre dans la forêt sans faire d’offrandes, il sera puni par les esprits, apportant le malheur à sa famille et au village, et il devra payer une lourde amende sous forme de buffles ou de vaches”, ajoute-t-il.

Le long de la frontière entre le Vietnam et le Laos, dans la province de Quang Tri, on trouve des dizaines de forêts fantômes près des zones résidentielles, et certains arbres sont si vieux qu’ils mesurent jusqu’à 40 m de haut et qu’il faut être deux ou trois pour entourer leur tronc. Ces forêts sont préservées depuis des générations grâce aux coutumes traditionnelles.

D’après Nguyên Minh Hiên, chef du poste de garde forestier du district de Huong Hoa, il y a plus de 1.000 ha de forêt naturelle dans sept communes de la région Lia.

“Parmi elles, des dizaines de forêts de ce type couvrent des centaines d’hectares. Elles sont strictement protégées par les coutumes traditionnelles sous la supervision de la communauté locale, de sorte que de nombreux grands arbres anciens existent encore et mesurent des dizaines de mètres de haut. Les peuples Pa Kô et Vân Kiêu croient que ces arbres anciens sont les demeures des esprits des défunts. Ils n’oseraient donc pas les couper, même si on leur en laissait la possibilité”, partage M. Hiên.

Legs aux générations futures

Dans la commue de Lia, ce ne sont pas seulement les “forêts fantômes” qui sont protégées, mais aussi des jardins et des fermes, où les précieux arbres sont respectés. L’arbre giang huong, appelé “xa rui” par les Vân Kiêu ou “trui” par les Pa Kô, se trouve presque partout.

Forêt naturelle bien protégée dans le village de Prin Thành, commune d’A Doi à Quang Tri. 
Photo : CTV/CVN 

Hô Van Thu, vice-président du Comité populaire de la commune de Lia, affirme que les giang huong sont abondants dans la commune et dans certaines régions voisines. Certains sont si grands que leur canopée fournit de l’ombre à la moitié d’une colline. En raison des pratiques culturales changeantes, certains arbres ont été progressivement remplacés par du riz, du maïs, des patates douces, du manioc et des cultures industrielles.

Cependant, de nombreux arbres subsistent, certaines familles en possédant des dizaines, d’autres n’en ayant que quelques-uns. La plupart de ces arbres poussent naturellement et se sont régénérés à partir de vieilles souches qui avaient été coupées auparavant.

Dans le jardin de Hô Xuân Deng, un habitant de 80 ans du hameau d’A Quan, on trouve des dizaines de giang huong. M. Deng a planté ces arbres il y a près de 30 ans, après les avoir déterrés de sa ferme.

Il a confié en toute franchise que de nombreuses personnes étaient venues chez lui, proposant d’acheter les arbres pour des centaines de millions de dôngs mais qu’il a toujours fermement refusé : “Je les garde pour mes enfants et mes petits-enfants, je ne les vendrai pas”. Non seulement M. Deng, mais de nombreuses autres familles de la région de Lia ont également donné des réponses similaires lorsqu’on leur a demandé de vendre leurs giang huong.

Gagner de l’argent grâce aux forêts

Fin 2022, le Comité de la santé Pays-Bas - Vietnam a annoncé que cinq forêts naturelles de la province de Quang Tri, gérées par la communauté du district de Huong Hoa, avaient obtenu la certification FSC (Forest Stewardship Council) et la certification de service écosystémique FSC reconnue internationalement pour l’absorption et le stockage du carbone, couvrant près de 2.145 ha de forêt naturelle, ce qui équivaut à une absorption annuelle de 7.000 tonnes de carbone et à un stockage total de 350.000 tonnes.

Après avoir reçu la certification FSC, la communauté a renforcé les patrouilles forestières et la protection, et a utilisé des smartphones pour collecter des données sur la gestion des forêts afin de répondre aux exigences du FSC.

Ces efforts ont donné des résultats positifs, puisque la province de Quang Tri a reçu des dizaines de milliards de dôngs grâce aux services d’absorption et de stockage du carbone.

Huong Linh/CVN

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