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| Des capsules de protoxyde d’azote, communément appelé gaz hilarant, le 21 janvier 2019 à Lille. |
| Photo : AFP/VNA/CVN |
La mort de Mathis, 19 ans, fauché le 1er novembre à Lille par un conducteur sous l’emprise de ce gaz alors qu’il tentait de fuir la police, a mis en lumière la gravité du problème.
Quelques semaines plus tard, trois jeunes de 14, 15 et 19 ans sont morts noyés à Alès, après que leur voiture, dans laquelle plusieurs bouteilles de protoxyde d’azote ont été retrouvées, a manqué un virage avant de terminer sa course dans la piscine d’un pavillon.
Ce n’est pas un phénomène isolé : début 2025, une jeune femme avait déjà été mortellement percutée à Lille par un conducteur de 18 ans ayant "ingéré ce gaz", selon le préfet du Nord.
Pour Guillaume Grzych, biologiste et président du réseau Protoside, les signalements d’usagers qui consomment du protoxyde au volant se multiplient. Le comportement peut s’expliquer par une dépendance forte ou par la recherche de sensations rapides. Mais les effets du gaz sont redoutables : euphorie, perte de coordination, allongement du temps de réaction, voire "blackouts" soudains.
Malgré l’interdiction théorique de la vente aux mineurs depuis 2021, le protoxyde d’azote reste accessible, notamment en l’absence d’arrêtés locaux. Surtout, aucune analyse ne permet encore de prouver une consommation récente, ce qui limite l’action policière. Les chercheurs tentent d’identifier une signature biologique qui pourrait servir de base légale à de futurs contrôles. "Comment interdire sans pouvoir contrôler ?", interroge M. Grzych.
Pour l’avocat des parents de Mathis, Antoine Régley, l’urgence est double : suspendre rapidement la vente au grand public via des arrêtés préfectoraux, puis adopter une loi permettant de sanctionner la détention, l’achat ou la consommation. Les parents de Mathis doivent d’ailleurs rencontrer le ministre de l’Intérieur le 12 décembre, avec l’espoir d’obtenir un engagement législatif rapide.
Un texte voté au Sénat en mars prévoit déjà de pénaliser l’usage détourné du "gaz hilarant", mais son avenir dépend des discussions entre les deux chambres. Sur le terrain, les policiers décrivent des conducteurs qui inhalent ce gaz en roulant, prennent tous les risques et ne semblent pas craindre l’amende actuelle de 150 euros.
Plusieurs communes ont adopté des arrêtés municipaux, et la préfecture de la Drôme a récemment interdit sa consommation et sa détention dans l’espace public. Mais tant qu’aucun test fiable n’existe, la lutte reste extrêmement difficile.
AFP/VNA/CVN


