Avec les licenciements et le tarissement des liquidités, emprunter est devenu pratiquement impossible, notamment pour acheter des biens de luxe comme les voitures de sport, indiquent experts et banquiers.
Après 6 années de boom sans précédent, des milliers d'emplois ont été supprimés ces derniers mois dans l'émirat, alors que certains gros salaires étaient réduits.
Parallèlement, les prix de l'immobilier ont perdu 25% par rapport à leur niveau record de l'été, qui faisait suite à une hausse vertigineuse de 79% au cours des 18 mois précédents, selon la banque Morgan Stanley.
"Le taux de défauts de paiement de crédits est en hausse parce que des gens perdent leurs emplois et sont surendettés", constate Haissam Arabi, directeur de la firme GulfMena Alternative Investments. Il explique que certains investisseurs, qui espéraient réaliser des plus values rapides, ont été piégés par le retournement du marché de l'immobilier. "Certains ont acquis 2 ou 3 propriétés et doivent maintenant payer les promoteurs", a déclaré M. Arabi.
Dubaï avait bâti son succès sur l'immobilier, qui a longtemps généré des profits massifs pour les spéculateurs, surtout après l'ouverture du marché aux étrangers attirés par les facilités de crédit.
Avant la crise, "l'argent était bon marché et il était donné au premier qui poussait la porte, mais aujourd'hui, avec le manque de liquidités et le risque aggravé, les banques font très attention à qui elles prêtent (...) et s'interrogent sur la capacité des gens à garder leur emploi", poursuit M. Arabi. Les personnes travaillant dans les secteurs de la vente, de l'immobilier et de l'investissement, les plus touchés par la crise, sont celles qui ont le plus de mal à obtenir des prêts, explique-t-il.
La Banque centrale des Émirats n'a pas répondu à des demandes de statistiques. Raj Madha, analyste à la banque d'investissement EFG-Hermes, a confirmé l'augmentation des cas de défauts de paiement de crédits, sans toutefois pouvoir donner de chiffres. La crise aidant, "on sait que les banques choisissent leurs clients avec beaucoup plus de soin qu'auparavant", explique-t-il. Et d'ajouter que "certaines banques ont réduit de manière draconienne le plafond de dépenses sur cartes de crédit, parfois de 75%". "Les prêts immobiliers deviennent très difficiles à obtenir, le nombre de banques acceptant d'en offrir ayant diminué et leur coût ayant nettement augmenté", poursuit M. Madha. Le nombre des personnes, expatriés et Émiratis, affectées par cette crise, n'est pas connue.
Certaines informations de presse, démenties avec force par les autorités de Dubaï, ont fait état au début de l'année de quelque 3.000 voitures abandonnées à l'aéroport par des propriétaires ayant fui le pays sans pouvoir rembourser leurs prêts.
Ce qui est sûr, c'est que le nombre de voitures proposées dans les ventes aux enchères est en hausse, comme l'indique un employé de Golden Bell Auction, une société qui organise une vente hebdomadaire à Dubaï. "Il y a eu 5% à 10% de plus de voitures mises aux enchères ces deux derniers mois", explique-t-il.
Selon un banquier de Dubaï, "la plupart" des propriétaires de voitures ne pouvant plus rembourser leurs prêts sont des expatriés contraints de quitter le pays, et "certains de ces véhicules étaient des voitures de luxe".
La population des Émirats était estimée à quelque 6,4 millions de personnes fin 2007, dont 14% de nationaux. Dubaï comptait alors environ 2 millions d'habitants.
AFP/VNA/CVN